La Société Générale, qui bénéficie comme les autres banques françaises du soutien de l'État (1,7 milliard destiné à renforcer ses fonds propres jusqu'ici), a décidé mercredi d'attribuer 70.000 stock-options à son président Daniel Bouton et 150.000 à son directeur général Frédéric Oudéa. Didier Alix et Séverin Cabannes, directeurs généraux délégués, se verront distribuer 50.000 stock-options chacun. (1) Des "cadeaux" qui n'ont pas plu au gouvernement. "Quand j'ai entendu cela, j'ai trouvé cela indécent", a réagi son porte-parole Luc Chatel.
La ministre de l'Économie, Christine Lagarde, a demandé dès jeudi aux dirigeants de la banque de ne pas exercer (vendre) leurs stock-options tant que l'État la "soutiendra". Une exigence à laquelle la Société Générale s'est pliée sans sourciller, afin, dit-elle, de favoriser un retour à une plus grande sérénité dans le débat sur la rémunération à long terme des dirigeants, selon un communiqué.
Sauf que les top-managers de la "SG" pourront conserver leurs stock-options et les revendre plus tard, une fois que l'État aura achevé le redressement de la banque. D'ailleurs, le plan de stock-options prévoyait déjà qu'elles ne puissent pas être converties avant 2012... "Les exigences de Christine Lagarde n'ont aucun effet. Aujourd'hui, les dirigeants de la banque sont des fonctionnaires qui ont hérité de leur poste et qui ne comprennent pas d'où vient l'argent. Sans l'aide de l'État français et des États-Unis, qui ont sauvé l'assureur américain AIG de la faillite, la Société Générale n'existerait plus aujourd'hui", tempête Pierre-Henri Leroy, président de Proxinvest, société de conseil aux investisseurs, joint par lepoint.fr.
Il serait "plus logique" d'y renoncer (Bercy)
Michel Sapin, manque de s'étrangler : "La seule chose à exiger, c'est le non-versement de ces stock-options ! " Pour ce spécialiste des questions économiques du PS, il ne fait aucun doute que lorsque l'État se retirera de la "SG", le cours de l'action recommencera à augmenter. Les dirigeants concernés n'ont donc aucun intérêt à les vendre aujourd'hui, alors que le cours de l'action baisse, mais plus tard, quand le cours remontera. Depuis le début de l'année 2009, en effet, il a perdu près de 19 % de sa valeur. "Je crois d'ailleurs que cette distribution est contraire au code du Medef sur la rémunération des dirigeants qui interdit leur distribution quand le cours de l'action est anormalement bas", ajoute Michel Sapin.
À la sortie du sommet européen qui s'est tenu à Bruxelles, Nicolas Sarkozy s'est voulu beaucoup plus ferme que sa ministre de l'Économie, sans toutefois proposer de mesures contraignantes. "Visiblement, certains ont du mal à comprendre. Quand il y a un plan social, des aides publiques, les bonus, plans, stock-options, rémunérations annexes ne sont pas admissibles", a-t-il martelé. "Si vous pensez que je vise un établissement bancaire dans l'actualité, c'est exactement cela. On ne peut pas solliciter l'argent public pour passer un moment décrit unanimement comme difficile et faire un plan généreux de distribution d'actions ou de bonus. Je suis sûr que les responsables vont comprendre ce que je dis et pour être sûr que le message soit bien reçu, je vais le préciser : quand on est mandataire social, ce serait un scandale", a insisté le chef de l'État.
Conséquence quasi immédiate du courroux élyséen : Bercy a soudainement haussé le ton. Le versement des stock-options à la Société Générale ? "Pas opportun". Il serait "plus logique" d'y renoncer. Le mot est lâché. Mais l'État a-t-il réellement le pouvoir de contraindre la banque ? Pas évident, à en croire Michel Sapin pour qui "l'État a renoncé à exercer tout pouvoir sur la banque en ne demandant pas d'entrer au conseil d'administration, alors qu'il participe au capital". Pour atténuer la polémique, la Société Générale a aussi fait savoir que la distribution de stock-options ne concernait pas que ses dirigeants, mais plus de 4.800 collaborateurs. Pas sûr que cela suffise à éteindre le feu.
(1) Ces titres permettent à des cadres ou dirigeants d'acheter des actions à un cours avantageux et d'engranger des gains importants si le cours de Bourse de leur société a grimpé et sans perdre d'argent s'il a reculé.
Source:
http://www.lepoint.fr/
La ministre de l'Économie, Christine Lagarde, a demandé dès jeudi aux dirigeants de la banque de ne pas exercer (vendre) leurs stock-options tant que l'État la "soutiendra". Une exigence à laquelle la Société Générale s'est pliée sans sourciller, afin, dit-elle, de favoriser un retour à une plus grande sérénité dans le débat sur la rémunération à long terme des dirigeants, selon un communiqué.
Sauf que les top-managers de la "SG" pourront conserver leurs stock-options et les revendre plus tard, une fois que l'État aura achevé le redressement de la banque. D'ailleurs, le plan de stock-options prévoyait déjà qu'elles ne puissent pas être converties avant 2012... "Les exigences de Christine Lagarde n'ont aucun effet. Aujourd'hui, les dirigeants de la banque sont des fonctionnaires qui ont hérité de leur poste et qui ne comprennent pas d'où vient l'argent. Sans l'aide de l'État français et des États-Unis, qui ont sauvé l'assureur américain AIG de la faillite, la Société Générale n'existerait plus aujourd'hui", tempête Pierre-Henri Leroy, président de Proxinvest, société de conseil aux investisseurs, joint par lepoint.fr.
Il serait "plus logique" d'y renoncer (Bercy)
Michel Sapin, manque de s'étrangler : "La seule chose à exiger, c'est le non-versement de ces stock-options ! " Pour ce spécialiste des questions économiques du PS, il ne fait aucun doute que lorsque l'État se retirera de la "SG", le cours de l'action recommencera à augmenter. Les dirigeants concernés n'ont donc aucun intérêt à les vendre aujourd'hui, alors que le cours de l'action baisse, mais plus tard, quand le cours remontera. Depuis le début de l'année 2009, en effet, il a perdu près de 19 % de sa valeur. "Je crois d'ailleurs que cette distribution est contraire au code du Medef sur la rémunération des dirigeants qui interdit leur distribution quand le cours de l'action est anormalement bas", ajoute Michel Sapin.
À la sortie du sommet européen qui s'est tenu à Bruxelles, Nicolas Sarkozy s'est voulu beaucoup plus ferme que sa ministre de l'Économie, sans toutefois proposer de mesures contraignantes. "Visiblement, certains ont du mal à comprendre. Quand il y a un plan social, des aides publiques, les bonus, plans, stock-options, rémunérations annexes ne sont pas admissibles", a-t-il martelé. "Si vous pensez que je vise un établissement bancaire dans l'actualité, c'est exactement cela. On ne peut pas solliciter l'argent public pour passer un moment décrit unanimement comme difficile et faire un plan généreux de distribution d'actions ou de bonus. Je suis sûr que les responsables vont comprendre ce que je dis et pour être sûr que le message soit bien reçu, je vais le préciser : quand on est mandataire social, ce serait un scandale", a insisté le chef de l'État.
Conséquence quasi immédiate du courroux élyséen : Bercy a soudainement haussé le ton. Le versement des stock-options à la Société Générale ? "Pas opportun". Il serait "plus logique" d'y renoncer. Le mot est lâché. Mais l'État a-t-il réellement le pouvoir de contraindre la banque ? Pas évident, à en croire Michel Sapin pour qui "l'État a renoncé à exercer tout pouvoir sur la banque en ne demandant pas d'entrer au conseil d'administration, alors qu'il participe au capital". Pour atténuer la polémique, la Société Générale a aussi fait savoir que la distribution de stock-options ne concernait pas que ses dirigeants, mais plus de 4.800 collaborateurs. Pas sûr que cela suffise à éteindre le feu.
(1) Ces titres permettent à des cadres ou dirigeants d'acheter des actions à un cours avantageux et d'engranger des gains importants si le cours de Bourse de leur société a grimpé et sans perdre d'argent s'il a reculé.
Source:
http://www.lepoint.fr/