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ACTUALITES

Les puces ouvrent la brèche aux pirates du téléphone

COUP DE SEMONCE APRÈS LA DÉCOUVERTE D’UNE FAILLE DE SÉCURITÉ DANS LES CARTES SIM


Alwihda Info | Par IBRAHIMA GAYE - 28 Juillet 2013



Pain quotidien des usagers d’ordinateurs personnels et des professionnels des systèmes d’entreprise, les problèmes de sécurité informatique, deviennent de plus en plus fréquents dans l’univers des téléphones portables.
 
Pas surprenant, puisque les plus évolués de ces appareils, les Smartphones, se sont imposés comme les nouveaux terminaux privilégiés de la communication et du fourmillement multiforme engendré par le développement de l’internet. Ce sont de véritables ordinateurs, que leur ubiquité, leur attraction impériale sur l’armée toujours plus grande des développeurs, leurs perspectives de croissance sans égales, finissent de transformer en terrain fertile pour toutes sortes d’exploits malveillants, d’activités de surveillance et d’espionnage, de projets criminels et de complots terroristes. Toutes ces menées ont en commun d’exploiter les failles qui constituent le revers de la sophistication, de la vitesse et de la performance technologiques.
Ainsi, le téléphone devient un compagnon indispensable mais à très haut risque, dont l’usage quotidien va être de plus en plus ponctuée d’alertes plus ou moins préoccupantes avec lesquelles il faut apprendre à vivre.
Les usagers de Smartphones sont déjà plus ou moins familiers de ces alarmes. On a calculé que plus de 90 % des appareils sous Android (système d’exploitation cellulaire de Google, équipant plus de la moitié du parc mondial) se trouvent sous la menace de piratage par l’installation de chevaux de Troie. Même le robuste iOS, système d’exploitation d’Apple pour le mobile, n’est pas exempt de failles de sécurité, qui mettent l’iPhone à parité négative avec la concurrence. L’on aurait tort, cependant, de penser que seuls les privilégiés qui disposent des téléphones intelligents doivent s’inquiéter. Les appareils les plus simples évoluent aussi et de plus en plus vont gagner en fonctions.
 
En effet, les constructeurs traditionnels, ainsi les grandes entreprises de l’internet qui les concurrencent maintenant, entreprennent d’étendre aux téléphones basiques l’accès à l’Internet, parce que les possibilités de croissance de ce segment primaire de la téléphonie mobile offrent un boulevard qui n’existe plus pour les Smartphones. C’est pour cette raison que Facebook lance une version allégée de l’application, dans un effort similaire à tant d’autres initiatives de conquête de nouveaux marchés. Cette évolution, tirant l’univers de la téléphonie vers le haut sous la poussée irrésistible de l’internet, tend à uniformiser les risques en universalisant les problèmes et les frayeurs.
 
D’autant, apparaît-il, que les trous de sécurité peuvent se loger dans une composante matérielle aussi partagée que la puce électronique insérée dans nos appareils, et sans laquelle ceux-ci resteraient des boîtes vides. Car ces puces — les minuscules cartes SIM identifiant les souscripteurs à une ligne téléphonique et permettant de tirer profit de l’offre de l’opérateur — elles aussi peuvent présenter des trous de sécurité, ajoutant à la vulnérabilité de nos téléphones.
 
Karsten Nohl, un expert allemand en cryptographie qui a travaillé pendant trois ans sur un échantillon de mille téléphone cellulaires, vient de l’établir. Nohl a envoyé aux appareils des OTA (des messages SMS cachés), par le même procédé qu’utilise l’opérateur lorsqu’il procède, le plus souvent à l’insu de l’utilisateur, à des mises à jour logicielles en fonction des évolutions, des besoins de sécurité, voire des contraintes légales. La faille réside dans le message d’erreur, accompagné du code d’authentification, que renvoie l’appareil lorsqu’il lit comme un faux l’OTA reçu. Il n’y a plus qu’à décrypter, simple affaire d’expertise. Et voilà : grâce à cet envoi-pirate, le téléphone est pris en main à distance, contrôlé et commis à des taches au détriment et à l’ignorance du propriétaire.
 
Les possibilités ouvertes par ce piratage sont nombreuses : écoute des messages vocaux, lecture des messages textes, localisation, appels programmés à des numéros choisis, détournement d’appels, espionnage et surveillance, drainage des crédits, compromission des systèmes de paiement par téléphone, copie des informations de toutes sorte, en particulier des codes censés tenir secrets et nos messages et les traces de nos pérégrinations sur le Toile mondiale. De quoi alarmer des millions de gens et mettre en péril une multitude d’affaires.
 
Il faut dire que toutes les cartes SIM se sont pas vulnérables au piratage par OTA expérimenté par Nohl. La faille détectée et exploitée par l’expert allemand a été détectée sur les seules puces utilisant un standard d’encodage digital (DES) datant des années 1970, mais toujours en usage sur un parc considérable de téléphones portables. Quelques opérateurs de téléphonie ont recours à des systèmes d’encodage plus sécurisés. La GSMA, organisme associatif regroupant les opérateurs mondiaux, ne considère d’ailleurs pas que les «SIM d’aujourd’hui, plus sécurisées, seront affectées». Les appareils qu’elles équipent ne sont donc pas à risque, pour le moment et sous cette faille spécifique.
 
Mais il est difficile de distinguer autrement les appareils à risque. De plus, leur nombre demeure fort élevé : une carte SIM sur huit dans le monde, selon les conclusions de Nohl. Surtout, la démonstration est faite que l’intégrité des puces SIM est à risque, en dépit des assurances des constructeurs. De même, il n’y a guère plus de certitude, désormais, quant à l’impossibilité d’écouter les appels 3G ou 4G. Les compteurs doivent être remis à zéro, donc, après l’alerte Nohl. C’est un coup de semonce : l’expert retarde délibérément de révéler l’identité des sociétés concernées par les trous de sécurité qu’il a découverts. Il estime qu’en six mois, ces entreprises auront eu le temps de corriger les failles, avant que celles-ci ne soient exploitées à des fins malveillantes ou criminelles.
 
Tout autant que les usagers, en tout cas, les opérateurs — Sonatel, Tigo et Expresso, ainsi que l’ARTP, chargée de réguler le secteur au Senegal — ont tout intérêt à prendre les dispositions idoines. À commencer par informer leurs clients.
 
IBRAHIMA GAYE
« Le Témoin » N° 1132 –Hebdomadaire Sénégalais ( JUILLET  2013)




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