Le front des alliés contre le régime de Mouammar Kadhafi a continué de s'effriter mercredi, avec une demande de Rome de suspendre «immédiatement» les hostilités, aussitôt contrecarrée par Paris, à la pointe de la coalition depuis le début des opérations.
«Je crois que l'alliance se fissure», analyse pour l'AFP Natalino Ronzetti, de l'Institut des Affaires internationales de Rome.
«Il y a une atmosphère de divergence de la part de certains membres (de la coalition), non seulement à cause des coûts énormes, mais aussi parce qu'il n'est pas certain que les récentes frappes aériennes soient complètement légitimes du point de vue de la résolution de l'ONU», explique-t-il.
Mercredi matin, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a réclamé «une suspension immédiate des hostilités» pour instaurer de «vrais couloirs humanitaires».
La réplique de la France ne s'est pas fait attendre: le Quai d'Orsay s'est dit opposé à «toute pause dans les opérations», estimant que cela «risquerait de permettre à Mouammar Kadhafi de gagner du temps et de se réorganiser».
Déjà le 10 juin, un autre allié, la Norvège, qui avait envoyé six chasseurs F-16 pour contribuer aux frappes en Libye, avait annoncé qu'elle allait dans un premier temps réduire son engagement militaire, puis qu'elle y mettrait fin à compter du 1er août, deux mois avant l'expiration de l'actuel mandat de l'OTAN.
Le pays scandinave est ainsi devenu le premier membre de la coalition à planifier ouvertement son retrait des opérations aériennes au-dessus de la Libye.
Aux États-Unis aussi, ces opérations sont loin de faire l'unanimité: le Congrès doit se pencher prochainement sur des résolutions finalisées mardi, visant à autoriser des opérations «limitées» en Libye, alors que nombre d'élus sont prêts à s'en prendre au financement d'une guerre engagée sans l'aval du Congrès.
En outre, la Chambre des représentants doit examiner cette semaine plusieurs mesures pour interdire l'utilisation de fonds pour la guerre en Libye.
Quant à l'Italie, ancienne puissance coloniale et ex-proche alliée de la Libye, elle s'est dès le début montrée réticente à la mission de l'OTAN même si elle y a finalement contribué en prêtant ses bases aériennes et en mettant à la disposition de l'alliance ses propres chasseurs ainsi que plusieurs navires.
Mais cette contribution suscite des critiques en Italie, y compris au sein de la majorité: la Ligue du Nord, allié crucial du gouvernement de Silvio Berlusconi, a réclamé un arrêt des raids italiens.
Un «conseil suprême de défense» est d'ailleurs prévu le 6 juillet à Rome pour faire le point sur les interventions italiennes à l'étranger, notamment en Libye et en Afghanistan.
«Je crois légitime d'exiger des informations détaillées sur les résultats» de la mission de l'OTAN, a estimé mercredi M. Frattini, tout en condamnant «les erreurs dramatiques qui ont frappé des civils, ce qui clairement n'est pas la mission de l'OTAN».
«Nous voyons les effets de la crise et donc y compris ceux des actions de l'OTAN, non seulement dans l'est et le sud-ouest, mais aussi à Tripoli», a-t-il renchéri, une allusion claire à une frappe de l'Alliance dimanche à Tripoli, dans laquelle sont morts neuf civils, dont cinq membres d'une même famille.
L'OTAN a de son côté réaffirmé mardi la viabilité de sa mission: «L'engagement est là, les moyens sont en place et le temps ne joue pas en faveur de Kadhafi», a assuré Oana Lungescu, porte-parole de l'Alliance.
Ella Ide
Agence France-Presse
Rome
«Il y a une atmosphère de divergence de la part de certains membres (de la coalition), non seulement à cause des coûts énormes, mais aussi parce qu'il n'est pas certain que les récentes frappes aériennes soient complètement légitimes du point de vue de la résolution de l'ONU», explique-t-il.
Mercredi matin, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a réclamé «une suspension immédiate des hostilités» pour instaurer de «vrais couloirs humanitaires».
La réplique de la France ne s'est pas fait attendre: le Quai d'Orsay s'est dit opposé à «toute pause dans les opérations», estimant que cela «risquerait de permettre à Mouammar Kadhafi de gagner du temps et de se réorganiser».
Déjà le 10 juin, un autre allié, la Norvège, qui avait envoyé six chasseurs F-16 pour contribuer aux frappes en Libye, avait annoncé qu'elle allait dans un premier temps réduire son engagement militaire, puis qu'elle y mettrait fin à compter du 1er août, deux mois avant l'expiration de l'actuel mandat de l'OTAN.
Le pays scandinave est ainsi devenu le premier membre de la coalition à planifier ouvertement son retrait des opérations aériennes au-dessus de la Libye.
Aux États-Unis aussi, ces opérations sont loin de faire l'unanimité: le Congrès doit se pencher prochainement sur des résolutions finalisées mardi, visant à autoriser des opérations «limitées» en Libye, alors que nombre d'élus sont prêts à s'en prendre au financement d'une guerre engagée sans l'aval du Congrès.
En outre, la Chambre des représentants doit examiner cette semaine plusieurs mesures pour interdire l'utilisation de fonds pour la guerre en Libye.
Quant à l'Italie, ancienne puissance coloniale et ex-proche alliée de la Libye, elle s'est dès le début montrée réticente à la mission de l'OTAN même si elle y a finalement contribué en prêtant ses bases aériennes et en mettant à la disposition de l'alliance ses propres chasseurs ainsi que plusieurs navires.
Mais cette contribution suscite des critiques en Italie, y compris au sein de la majorité: la Ligue du Nord, allié crucial du gouvernement de Silvio Berlusconi, a réclamé un arrêt des raids italiens.
Un «conseil suprême de défense» est d'ailleurs prévu le 6 juillet à Rome pour faire le point sur les interventions italiennes à l'étranger, notamment en Libye et en Afghanistan.
«Je crois légitime d'exiger des informations détaillées sur les résultats» de la mission de l'OTAN, a estimé mercredi M. Frattini, tout en condamnant «les erreurs dramatiques qui ont frappé des civils, ce qui clairement n'est pas la mission de l'OTAN».
«Nous voyons les effets de la crise et donc y compris ceux des actions de l'OTAN, non seulement dans l'est et le sud-ouest, mais aussi à Tripoli», a-t-il renchéri, une allusion claire à une frappe de l'Alliance dimanche à Tripoli, dans laquelle sont morts neuf civils, dont cinq membres d'une même famille.
L'OTAN a de son côté réaffirmé mardi la viabilité de sa mission: «L'engagement est là, les moyens sont en place et le temps ne joue pas en faveur de Kadhafi», a assuré Oana Lungescu, porte-parole de l'Alliance.
Ella Ide
Agence France-Presse
Rome