Par Pape NDIAYE
L’un est le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Bâ, l’autre celui du Budget, Mouhamadou Makhtar Cissé. En prélude au Grand oral de notre pays au Groupe Consultatif de Paris, ces deux grands argentiers de l’Etat combinent leurs efforts et leurs stratégies pour la mobilisation des ressources nécessaires au financement du Plan Sénégal Emergent (Pse) initié par le président de la République, M. Macky Sall. Au-delà des 1.853 milliards fcfa visés au Groupe Consultatif, qui se tiendra du 24 au 25 février prochain à Paris, le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba, multiple les signatures de conventions avec les partenaires publics et privés pour des financements additionnels. Pendant ce temps, le ministre du Budget, Mouhamadou Makhtar Cissé, continue de ratisser large au-delà de nos frontières. Outre sa qualité de ministre du Budget, Makhtar Cissé semble porter une autre casquette le temps d’une opération de charme, celle de « diplomate » ! Ou, plus précisément, de « diplomate économique ». Objectif ? Vendre la Destination Sénégal Emergent ou le Plan Sénégal Emergent (Pse) aux Etats-Unis d’Amérique (Usa). À la tête d’une très forte délégation, le ministre du Budget s’est donc rendu la semaine dernière à Washington pour présenter le Plan Sénégal Emergent aux partenaires bilatéraux et multilatéraux américains. Dans les conférences comme dans les forums animés à Washington, M. Mohamadou Makhtar Cissé a inlassablement dressé un portait particulièrement avantageux du Sénégal de l’ère Macky Sall présenté comme étant un pays politiquement stable dont les avancées démocratiques n’existent nulle par ailleurs sur le continent.
Aux questions de nos confrères de la Voix de l’Amérique (Voa, dont le partenaire au Sénégal n’est autre que Top Fm, la radio du Groupe Le Témoin), le ministre du Budget a d’abord expliqué les raisons de sa présence à Washington. Laquelle entre dans le cadre d’une campagne économique visant à faire la promotion de la Destination Sénégal afin d’inviter et de convaincre les hommes d’affaires et autres bailleurs américains à venir investir au Sénégal. Pour séduire ses différents auditoires, M. Makhtar Cissé a tenu à rappeler les bonnes relations culturelles, économiques et diplomatiques liant les Etats-Unis d’Amérique à notre pays. Dans la foulée, il s’est longuement focaliser sur l’histoire du Sénégal Indépendant. « Nous sommes un grand peuple, mais une jeune nation. Une nation entreprenante qui est en phase de recomposition et de restructuration de notre économie. D’où la mise en place d’une nouvelle stratégie dite Plan Sénégal Emergent. Et comme le secteur privé doit être le moteur de notre développement économique, nous ne pouvions pas ne pas venir, ici, aux Usa, première puissance économique du monde pour essayer d’attirer les investisseurs pour qu’ils s’intéressent à notre pays dans un partenariat gagnant-gagnant » a expliqué en substance M. Mouhamadou Makhtar Cissé, ministre du Budget, à ses interlocuteurs. Pour mieux camper le débat économique face à nos confrères américains, il a expliqué que le Plan Sénégal Emergent (Pse) est une vision à long terme, une feuille de route qui s’étend jusqu’en 2035 avec l’ambition de faire du Sénégal un pays émergent. « Emergent dans tous les domaines ! Et le tout dans un Etat de droit et dans une société solidaire, comme le recommande le président de la République du Sénégal, M. Macky Sall. En dehors de la stratégie décennale visant les 10 ans à venir, le président de la République a déroulé un plan d’actions prioritaires de cinq ans couvrant la période 2014/2018. L’exécution de ce plan d’actions prioritaires nécessite un financement de 10.826 milliards fcfa dont 71 % sont déjà acquis par le gouvernement du Sénégal à travers notre budget national. Et également auprès des partenaires techniques et financiers du secteur privé international. Ainsi, se dégage naturellement un gap de 2.966 milliards fcfa pour financer ce plan d’actions prioritaires qui est un ‘’package’’ de 102 projets dont les 27 sont de gigantesques projets vraiment phares et structurants ! » a souligné le ministre du Budget lors de sa visite promotionnelle aux Usa en prélude au Groupe consultatif de Paris. À en croire Mohamadou Makhtar Cissé, cette montée en puissance de l’Etat du Sénégal aux Usa a également pour objectif d’inviter les investisseurs américains à adhérer à ce plan très ambitieux du président de la République. « Au-delà de cette adhésion, nous comptons décrocher des financements importants. Car, sur les 2.966 milliard fcfa de ce gap, les 1.853 milliards cfa sont attendus des partenaires techniques et financiers traditionnels. D’ailleurs, ce sera l’objet de la rencontre de Paris » a expliqué avec optimisme l’ancien directeur général des douanes sénégalaises. Très éloquent quant il s’agit de parler du Plan Sénégal Emergent (Pse), devenu aujourd’hui son nouveau domaine de compétence, l’argentier en second de l’Etat du Sénégal a tenu à souligner que le secteur privé international ne sera pas non plus en reste ! « Parce que nous attendons 1.111 milliards fcfa dans le cadre de ce partenariat public-privé » a confié le ministre du Budget. Profitant des ondes de la Voa, il a fait savoir que le Pse est un très large boulevard économique borné et matérialisé par des panneaux de bonne gouvernance.
Poursuivant sa plaidoirie, Mohamadou Makhtar Cissé a laissé entendre que, dans ce boulevard dit Pse, tous les usagers y trouvent leur compte. Et ce dans tous les domaines. « C’est comme une lame de fond qui va résoudre tous les problèmes auxquels sont confrontés les Sénégalais : le chômage, la pauvreté, le transport, le désenclavement, l’éducation, la sécurité etc… » a énuméré le ministre du Budget face aux confrères de la Voix de l’Amérique. Face à une si brillante plaidoierie, il ne reste plus qu’à croiser les doigts et à espérer que les bailleurs de fonds institutionnels et les investisseurs privés répondront effectivement — et massivement — à l’invitation du Sénégal pour le Groupe Consultatif de Paris. Et que les milliards pleuvront à cette occasion.
Synthèse de : Pape NDIAYE
« Le Témoin » N° 1154 –Hebdomadaire Sénégalais ( FEVRIER 2014)