Les routes, les hôpitaux, les aéroports, les ponts, les tunnels, les ports, les hôtels et autres font partie des infrastructures de développement. D’ailleurs, c’est leur existence ou leur absence qui fait la différence entre une ville et une forêt. Donc pour les uns, les infrastructures sont des édifices de souveraineté ; pour les autres, les routes et les ponts ne sont autres que des symboles de liberté. Une liberté de circulation et de communication des personnes et des biens. Parmi ces infrastructures routières, un projet de 150 km de routes secondaires reliant la nationale n° 6 que l’Etat du Sénégal a décidé de réaliser sur financement américain dans le cadre du Millenium Challenge Account (Mca). Justement, César Atoute Badiate, un soi-disant « chef » du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (Mfdc), ne voulait pas que ces routes du développement soient réalisées. Faut-il en rire ou en pleurer ? Ou applaudir ? Peut-être les trois à la fois dès lors que César Atoute Badiate semble « revenir » à de meilleurs sentiments pour avoir autorisé la réalisation dudit projet qui est pourtant d’une importance vitale pour le désenclavement de sa chère Casamance. Quel Etat sommes-nous ? Quelle Armée avons-nous ? En effet, on voit mal comment une association de malfaiteurs pourrait barrer la route aux Caterpillars du génie militaire et résister à la puissance de feu de l’armée nationale pour empêcher la construction d’une infrastructure de développement. Encore, encore comme si l’on disait que la bande à « Ino » s’opposait à la construction du stade de l’Amitié au nom du grand banditisme. Le plus dramatique dans cette affaire, c’est le fait de voir des activistes politiques, tapis dans l’ombre de cette criminalité casamançaise, donner une importance nationale à ce « feu vert » routier de César Atoute Badiane. On s’étrangle de rage en entendant ces « Monsieur Casamance » s’engouffrer précipitamment dans ces déclarations de chantage qui ne sont autres que des appels de fonds. Dommage pour le pays des « Diambaars » et des « ruptures » puisque tant qu’il y aura des fonds à distribuer, il y aura toujours du métier à prévaloir et à promouvoir et des « Monsieur Casamance » à l’œuvre !
Et comme on ne s'émeut point de les voir exercer un chantage permanent et sanguinaire, un autre revenant sort de l’ombre : Salif Sadio ! Pour se faire comprendre et respecter, il s’est autoproclamé « chef de guerre », « commandant », « chef rebelle », « guérilléro », « leader armé » etc. Traqué, chassé et poursuivi jusque dans ses derniers retranchements, Salif Sadio sort de son trou pour pousser la communauté catholique italienne de Sant Egidio à porter sa voix ! De par sa voix, Salif Sadio dit avoir imposé à ses combattants un « cessez-le-feu unilatéral ». Cessez-le-feu, vous dites ? Tant mieux s’il s’agit d’un « cessez-le-feu » d’ordre politique sur fond de chantage. Et mieux s’il réussit à domestiquer et contrôler ses acolytes et autres coupeurs de route dont les populations empruntant les routes nationales sont les pauvres victimes.
Un « cessez-le-feu » signifie l'arrêt ou la suspension des hostilités en période de guerre. Il s'agit entre autres d'un accord bilatéral, le plus souvent négocié et signé par des représentants des deux parties en conflit armé. Mais pour le cas de la région naturelle de la Casamance, il n’existe pas une partie armée, mais plutôt des voyous armés en face de l’Armée ! Un scénario qui nous renvoie à celui de « Golo-le-Singe » et « Gaindé-le-Lion ». Comme quoi, quand le « Lion » part à la chasse, les singes dévastent ses champs et pillent ses vergers qui se trouvent être sa tanière. Et dès que les singes aperçoivent le roi de la forêt, ils effectuent des bonds majestueux pour se retrouver au sommet des arbres. C’est la triste réalité entre l’armée sénégalaise et le Mdfc. Cette provocation ravageuse de ce dernier mouvemement ayant trop duré, il ne reste qu’à couper l’arbre à partir du tronc. Ou des troncs puisqu’il y a en beaucoup dans ce dossier casamançais…
Pape NDIAYE
Article paru dans « Le Témoin » N° 1164 –Hebdomadaire Sénégalais (MAI 2014)