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AFRIQUE

RCA : Tourner la page Samba-Panza-Nzapayéké pour sauver ce qui reste du pays


Alwihda Info | Par Chantal Nganafei - 13 Mai 2014



Par Chantal Nganafei

Catherine Samba-Panza et son Premier ministre, André Nzapayéké, à bangui, le 5 février. © Issouf Sanogo/AFP
Catherine Samba-Panza et son Premier ministre, André Nzapayéké, à bangui, le 5 février. © Issouf Sanogo/AFP
Insuffisance réelle, incompétence notoire, incohérence exacerbée, tribalisme avéré, un peu plus de trois mois à la tête de la Centrafrique, dame Samba-Panza et son Premier ministre ont, comme il fallait s’y attendre, étalé à la face du monde et de leurs compatriotes leur incapacité à diriger le pays. Mais pouvait-il en être autrement? 
 
Rien n’est moins sûr. D’autant l'élection de Catherine Samba-Panza, en plus d’être entachée  de manoeuvres d’exclusion et de nombreuses irrégularités a été étrange : les membres du pseudo parlement de Transition qui ne représentent pas grand monde si ce n’est leurs intérêts égoïstes, se sont laissé persuader de choisir comme présidente de la Transition, sur une promesse de maternité supposée (comme si gouverner avait pour synonyme accoucher), celle qui était la moins capable de gouverner. 
 
De sorte que nous avons aujourd’hui à la tête du pays une petite dame n’ayant pas les moyens et la stature d’un chef d’État digne d’un pays en crise, que son impopularité et son incapacité face aux défis qui se posent devraient conduire - si elle avait le sens de l’honneur et de l’intérêt public - à démissionner. Elle est entourée d’une équipe à son image : l’incompétence de celle-ci à réaliser le redressement sécuritaire et social dont notre pays a besoin n’a d’égale que son aptitude amorale à s’accrocher au pouvoir. Après plus de cent jours de gouvernance, l’échec est total et sans excuse. 
 
Pourtant, et c’est le comble de l’indécence, elle et son équipe d’apprentis sorciers s’accrochent à leurs privilèges et, par dessus le marché, prennent les Centrafricains pour des demeurés. La dernière illustration en date est l’interview qu’elle a accordée au quotidien français Le Monde. À la question, « allez-vous garder votre premier ministre avec qui les relations sont difficiles », elle a prétendu qu’en « vertu de la charte de transition », elle ne peut pas remplacer le premier ministre. « Je travaille en symbiose avec M. Nzapayéké. C’est le technocrate que je voulais à la tête du gouvernement », a-t-elle encore poursuivi.
 
Franchement, de qui se moque-t-on? 
 
D’abord, malgré ses dénégations qui ne convainquent personne, dame Samba-Panza a la possibilité de changer de Premier ministre. Pour la simple et la bonne raison qu’elle avait choisi au lendemain de son élection d’ignorer les Accords de Libreville qui attribuent le poste de « Premier ministre à une personnalité de l’opposition démocratique ». C’est seulement ce membre de l’opposition démocratique qui ne pouvait être démis de ses fonctions comme le dispose la charte constitutionnelle de transition. Autrement dit, son argument ne pouvait tenir la route que si son technocrate à la sauce éthylique (André Nzapayéké est réputé être un grand consommateur d’alcool) était membre de l’ancienne opposition à Bozizé, c’est-à-dire, issu de l’AFDT (Alliance des forces démocratiques de la Transition). Or, jusqu’à preuve du contraire, André Nzapayéké ne se réclame d’aucune formation politique. Et  justement, l’un des arguments qu’elle avait utilisé pour écarter les Accords de Libreville, c’est d’avoir les mains libres pour relancer le pays. Elle ne voulait pas se retrouver dans la situation de ses prédécesseurs. D’où viennent alors ses arguties servies au journaliste du quotidien Le Monde ?   
 
Ensuite, devant l’échec cuisant du gouvernement Nzapayéké et l’incapacité de ses membres à relever le pays, une seule alternative s’impose : choisir un nouveau Premier ministre expérimenté et capable de faire fonctionner normalement un gouvernement. Ne pas conserver un homme incolore, inodore, sans saveur parce que ressemblant à l’eau. On s’en doute, l’eau est un liquide dangereux parce qu’elle peut noyer les hommes. C’est comme cela qu’André Nzapayéké a grandement contribué à l’échec de dame Samba-Panza. Elle n’a pas le droit de conserver un homme qui ne s’intéresse qu’à son avenir : il s’est gardé bien au chaud son fauteuil de vice-président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale, faisant désigner un simple intérimaire. Comme s’il était le seul Centrafricain.    
 
Enfin, l’ancienne opposition à Bozizé devait quitter ses oripeaux et sa léthargie  pour jouer enfin son rôle. Le rôle que le peuple centrafricain attend d’elle. Dans un pays normal où faire de la politique a un sens, cette opposition n’allait pas accepter ni même reconnaitre l’élection de dame Samba-Panza. Elle allait plutôt exiger et obtenir des parrains internationaux de la Centrafrique que le pouvoir, en dépit ou parce que Michel Djotodia a démissionné, soit confié aux vrais protagonistes de la crise centrafricaine. Ce n’est que comme cela que l’on pouvait amorcer le règlement de la crise centrafricaine qui est avant tout une crise politique, donc de la gestion des institutions. Car, n’étant pas l’un des protagonistes du conflit, Catherine Samba-Panza aura du mal avec ses tailleurs et des bijoux, à les faire désarmer. Il aurait fallu les associer plus amplement à la gestion du pays. 
 
Tournons donc, pendant qu’il encore temps, la page de la technocratie à la sauce éthylique et familiale, avant l’explosion populaire incontrôlée qui couve. Sinon, ce sera la fin de la Centrafrique.      



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