Par Anadolu -BANGUI- Sylvestre Krock
L'Organisation de la résistance musulmane de Centrafrique, forte de 5000 hommes a été créée pour défendre les musulmans contre les anti-Balaka et de "marcher ultérieurement sur Bangui", a indiqué à Anadolu, Abakar Sabone, ancien ministre centrafricain.
Erigée sur les ruines de la Séléka, l'Organisation de la résistance musulmane de Centrafrique (ORMC) se veut "une réponse" aux exactions commises par les anti-Balaka, milice à dominance chrétienne, à l'endroit des musulmans centrafricains. La naissance de ce mouvement musulman de "résistance" a été annoncée par l'ancien ministre du tourisme, Abakar Sabone, à l'issue d'un congrès tenu samedi dans la petite localité de la Vakaga, au nord du pays.
« Ils ont détruit nos maisons, pillé nos biens, ils ont dit qu'ils n'ont pas besoin de nous, que nous ne sommes pas des Centrafricains. Que devrons-nous faire ? C'est un problème de droit... », a déploré Sabone dans une déclaration au correspondant d'Anadolu.
Selon son promoteur, l'ORMC est une coalition rassemblant trois mouvements : l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), parti de l'ancien président Michel Djotodia, le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ) constitué essentiellement des rebelles qui ont aidé Bozizé à reverser le régime de Patassé en 2003, et l'Organisation de la jeunesse islamique, une association centrafricaine. L'objectif, à terme, est "de marcher sur Bangui" sans forcément entrer en collision avec les forces internationales.
« Nous avons un total de 5 000 hommes bien équipés. Nous avons des hommes à Kaga-Bandoro, à Sido, à Ndélé, Bria, Sam-Ouandja. Pour un début, l'objectif est d'organiser la résistance. C'est de l'autodéfense. Mais, par la suite, comme tout mouvement de ce genre, nous ne pourrons nous empêcher de mettre le cap sur Bangui », a précisé Abakar Sabone à Anadolu. « On n'entend pas entrer en conflit avec les forces internationales sur le terrain, à moins qu'elles s'y mêlent. N'est-ce pas sous leurs yeux qu'on nous massacre à Bangui ? » a fustigé l'ancien ministre du tourisme et ancien conseiller spécial du Président Djotodia.
L'annonce du mouvement d'Abakar Sabone intervient 72 heures seulement après la distribution de tracts, à Ndélé au nord du pays, demandant le départ des organisations humanitaires. Une initiative attribuée à une organisation séparatiste, l'association des jeunes révolutionnaires de Bamingui-Bangoran (AJRBB).
En décembre 2013, Sabone avait brandi la menace d'une scission du pays sur une base religieuse : les chrétiens au sud, les musulmans au nord. Ces propos avaient valu à l'ancien conseiller une condamnation de la part du Président Djotodia et de la communauté musulmane centrafricaine. Trois semaines plus tard, il avait présenté ses excuses aux Centrafricains.