Imam Massamba Diop Coordonateur national de L’Observatoire "Mbañ Gacce" Président exécutif de l’Organisation Islamique Jamra
Le vaillant peuple de la République sœur de Centrafrique ne mérite pas l’indifférence de leurs frères africains ! Qu’il s’agisse des victimes civiles des milices musulmanes de l’ex-Seleka ou des martyres des chrétiens-animistes, porteurs de fétiches, Anti-Balaka. La vie humaine est d’égale valeur. Mais la dure réalité de ce conflit ethnico-religieux est que les commerces tenus par les musulmans centrafricains ont presque tous été pillés voire incendiés. Les membres de leur communauté victimes d’exécutions sommaires, de tortures, de viols, de pillages… Ce, en dépit de la présence des militaires français maître-d’oeuvre de l’ «opération Sangari», et de la force d’interposition africaine de la Misca.
Depuis que la coalition rebelle ex-Seleka a renversé, en mars 2013, le président François Bozizé – peut après qu’il eut légalisé l’homosexualité en République Centrafricaine -, la démission forcée de son éphémère successeur, le président Michel Djotodia, en janvier dernier, suivi du remplacement de ce dernier par la «présidente de transition», Catherine Samba-Panza, issue de la société civile, n’en auront pas moins aggravé la vulnérabilité des populations musulmanes, systématiquement victimes de pillages et autres atroces représailles, les obligeant désormais de fuir le pays.
Et le paradoxe reste qu’en dépit de la forte présence des militaires français de l’«opération Sangaris», les milices chrétiennes anti-balaka se sont dangereusement renforcées. Ce qui a incité récemment le directeur des opérations humanitaires de l’Onu, John Ging, a affirmé que «tous les éléments d’un génocide sont réunis», établissant ainsi une comparaison avec le Rwanda ou la Bosnie. Et le rapport d’Amnesty International sur la Centrafrique, paru il y a une semaine, de révéler que les troupes internationales ont paru réticentes à faire face aux milices chrétiennes anti-balaka et se sont même révélées incapables de protéger la minorité musulmane, désormais victime d’un nettoyage ethnique. Le tout au vu et au su des «libérateurs» français, dont les médias de l’Hexagone ne semblent guère indisposés par ces horribles images des lynchages, qu’ils tournent en boucle sur leurs chaînes d’information.
Que fait réellement l’ancien colonisateur, face à ces foules déchaînées, hurlant de haine, incendiant des mosquées, déchirant et souillant des exemplaires du Coran, avant d’atteindre le sommet de la inimitié confessionnelle, en exécutant froidement un Imam, comme l’a rapporté cette semaine la chaîne de télévision Qatarie Al Jazzera ? Le journaliste français Nicolas Bertrand, qui a assisté en direct à ce déchaînement de haine et de violence, a affirmé que les commerces des musulmans sont particulièrement visés et que «l’armée française passe sans intervenir».
Les tueurs ne se contentent plus seulement de massacrer froidement la minorité musulmane (qui ne fait que 15 % des 4 500 000 habitants de la Centrafrique), sous l’œil quasi-indifférente de la communauté internationale. Ils s’en prennent maintenant aux convois humanitaires, destinés aux survivants. Dont certains, gravement blessés, sont extraits de force des hôpitaux pour être exécutés !
Désarmer toutes les milices et placer la Centrafrique sous mandat internationale, semble l’option susceptible de mettre tous les belligérants sur un pied d’égalité et permettre à ce pays frère de retrouver peu à peu sa stabilité.
L’Organisation islamique Jamra et l’Observatoire de Veille et de défense des valeurs cultuelles et religieuses Mbañ Gacce saluent les initiatives pertinentes, prises par l’Archevêque et l’Imam de Bangui, Dieudonné Nzapalainga et El hadji Kobine Layama, qui n’ont de cesse d’exhorter les populations au calme et à interpeller l’organisation onusienne, tout ne sillonnant les capitales européenne pour requérir un renforcement des soutiens humanitaires.
Par devoir de solidarité envers ce peuple frère meurtri, le Président exécutif de l’Organisation islamique Jamra et l’Observatoire de Veille et de défense des valeurs cultuelles et religieuses, Imam Massamba Diop – qui consacrera son prêche de ce vendredi 21 février, à la Grande Mosquée de la Cité Gazelle de Pikine, au drame centrafricain – lance un appel à tous ces collègues Imams, Oulémas et prédicateurs du Sénégal de consacrer une bonne partie de leurs sermons à dénoncer l’injustice dont sont victimes nos frères musulmans centrafricains, et à présider des séances de prières pour le repos de l’âmes des martyrs. Afin que la Centrafrique retrouve la quiétude, dans une coexistence pacifique entre toutes les communautés religieuses.
Dakar, le 20 février 2014
Imam Massamba Diop
Coordonateur national de L’Observatoire "Mbañ Gacce"
Président exécutif de l’Organisation
Islamique Jamra