Nous venons de fermer le livre de l’année 2014 avec des sentiments mitigés pour la région du Sahel et les événe-ments des premiers jours de l’an-née 2015 suscitent déjà frayeur et stupeur.
Au Mali, l’objectif que s’était fixée d’obtenir la Médiation d’ob-tenir un accord de paix global et définitif entre le gouverne-ment malien et les Groupes armés tarde à venir. L’Accord lui-même et sa mise en œuvre risquent d’être sérieu-sement hypothéqués par la montée en puissance des actes terroristes et la multi-plication des affrontements entre les mouvements armés.
Les efforts consentis tout au long de l’année 2014 dans le cadre du Processus d’Alger doivent aboutir à une solu-tion heureuse qui permettra à tous les fils du Mali de renouer avec le vivre ensemble paisible et la stabilité politique qui ont long-temps été ses marques de fa-brique. La signature d’un Accord de paix permettra non seulement au Mali de restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire mais aussi de concentrer les efforts sur la lutte contre le terrorisme ainsi que toutes les formes de banditisme et de criminalité qui sévissent dans le Nord du pays.
Alors que nous écrivons les pre-miers mots de paix et de tolé-rance de 2015, la barbarie aveugle de la secte Boko Haram a continué à endeuiller un Etat membre de l’Union africaine et ses voisins de manière encore plus virulente utilisant des tech-niques qui dépassent indescripti-blement l’horreur. Boko Haram étend son périmètre sous nos yeux en réduisant nos filles en esclaves sexuelles, nos garçons en enfants soldats, en bref, notre jeunesse en chair à canon. Je lance un appel aux pays du Sahel et en particulier aux Etats membres du Processus de Nouakchott à faire de 2015 une année marquant un tournant décisif dans la lutte contre le terrorisme et le radicalisme. En mutualisant les efforts nous pouvons montrer au reste du monde et surtout aux populations africaines que nous sommes capables de nous porter secours et de trouver des solu-tions à nos crises tout en gardant à l’esprit que le terrorisme est désormais devenu une préoc-cupation internationale néces-sitant une réponse plus glo-bale.
Le tableau est certes très sombre mais je demeure con-vaincu que notre tâche à tous est de nous mettre sur le pied de guerre pour annihiler cette gangrène qu’est le terrorisme. Les moyens financiers peuvent nous manquer mais pas la vo-lonté de faire un pas en cette direction. En 2015 et au-delà, la MISAHEL n’aura de cesse de chercher les voies et moyens de donner une chance à la paix, à la solidarité et à la prospérité.
En 2015, nous ferons la guerre au terrorisme!
Pierre Buyoya,
Chef de la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel
Appui au processus de paix
La situation politique et sociale au Mali est restée fragile durant l’année 2014. Parmi les facteurs, on peut notamment évoquer des difficultés de l’action gouver-nementale, quelques remous sociaux, ainsi que la lenteur des progrès dans la recherche d’une solution négociée et durable au conflit du nord, aggravant ainsi l’absence de l’autorité de l’Etat et favori-sant un accroissement de l’insécurité. La difficulté à don-ner une suite rapide et durable à l’«Accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers de paix au Mali », ainsi que les incidents du mois de mai à Kidal ont malheureu-sement laissé le temps néces-saire et crée les conditions du renforcement de la mainmise des mouvements armés dans les parties du territoire sous leur contrôle.
Ces facteurs ont favorisé ma multiplication des mouve-ments armés, par division de ceux existant ou l’éclosion des nouveaux. Ils ont contribué à exacerber des tensions entre les communautés. L’absence de l’autorité et de la réorgani-sation de l’Etat a laissé le champ libre à toutes sortes de menaces d’insécurité allant du simple banditisme, au crime organisé et au retour des attaques terroristes, en pas-sant par des affrontements entre mouvements armés. Les pourparlers de paix ont pu débuter en juin 2014 grâce à un engagement déterminé de l’Algérie, sous son égide et selon la formule originale d’une équipe internationale de Médiation comprenant les pays voisins du Mali (Burkina Faso, Mauritanie, Niger et Tchad) et les partenaires inter-nationaux (Union africaine, Nations unies, CEDEAO, Union européenne et Organisation de la Coopération islamique). Les positions restées tran-chées entre les parties mais ils ont pu aboutir à un projet d’accord de paix et de réconci-liation remis aux parties en novembre 2014 et constituant une base de négociation en vue de la signature d’un ac-cord souhaité rapide en début de 2015.
Cette solution politique devra permettre au Mali et à ses par-tenaires de consacrer les efforts nécessaires à la lutte contre les menaces terroristes croissantes. Dans ce chemine-ment du Mali, la MISAHEL est déterminée à poursuivre le soutien qu’elle apporte à la consolidation de la démocratie, de la gouvernance et de l’Etat de droit. Elle le fait à tra-vers l’appui aux élections. Elle le poursuivra par son soutien au renforcement des institu-tions et de la cohésion sociale, ainsi qu’une contribution dé-terminée à la lutte contre la radicalisation religieuse.
Comme elle l’a été lors de la négociation de l’Accord de Ouagadougou, la MISAHEL est pleinement engagée dans le processus de pourparlers d’Al-ger, aux côtés du gouverne-ment algérien et au sein de l’équipe de Médiation. Son rôle est actif et significatif dans les contacts avec les parties, dans l’expertise constructive du processus et dans la sensi-bilisation des forces vives. Compte tenu dans la profon-deur de la crise à laquelle doit répondre le futur accord et des expériences passées du Mali, la MISAHEL se prépare jouer tout son rôle dans le suivi du respect de la mise en œuvre de l’accord.
Dans le Sahel, la situation politique a été marquée par l’extrême confu-sion régnant en Lybie. Le Niger a quant à lui connu quelques remous politiques liés à un dossier judiciaire de trafic des bébés. La fuite du président de l’Assemblée soupçonné d’être mêlé à ce trafic et l’élection tumultueuse d’un nouveau président de cette institution peuvent faire craindre un envi-ronnement peu apaisé lors des élections législatives et prési-dentielles prévues en début 2016. Au Nigéria, en plus de la dégradation constante et me-naçante pour la sous-région de la situation sécuritaire, il est fort à craindre que les pro-chaines élections générales prévues au début de 2015 n’aggravent les divisions et les tensions entre le nord et le sud du pays. L’un des événements politique majeurs de 2014 aura été le renversement populaire du régime en place au Burkina Faso. Au-delà de la conscience élevée et de la détermination dont ont fait preuve la jeunesse et les forces vives de ce pays, ainsi que la maturité qui a présidé à la mise en place d’une transition consensuelle et organisée, les changements intervenus au Burkina Faso constituent un signe incontes-table de la volonté des popula-tions africaines de prendre en main leur destin, d’inoculer dans la marche de démocrati-sation et de gouvernance leur propre marque. Le Sahel, au-delà de lourds défis sécuri-taires, doit poursuivre les efforts de démocratisation et de renforcement de l’Etat de droit. La sous-région doit in-tensifier la lutte contre la radi-calisation. Les événements du Burkina Faso, en réponse à des velléités de changement cons-titution pour le maintien au pouvoir encore fréquentes sur le Continent, interpellent notre Organisation. Les efforts de la MISAHEL seront dans ce sens consacrés à l’accompagnement des 17 élections programmées en 2015. Ils se concentreront aussi la lutte concertée contre la radicalisation.
Rétrospective
L’état de la paix et de la sécurité au Mali et dans le Sahel
Au Mali, 2014 a été une année pleine d’espoir. Cependant, pour la sécurité et pour la paix, elle a été celle de tous les dan-gers.
La mise en œuvre des arran-gements sécuritaires prévus par l’Accord de Ouagadou-gou du 18 juin 2013 avait permis des avancées signifi-catives pour le retour de la paix au Nord du pays. Toute-fois, la situation sécuritaire s’est brusquement et grave-ment détériorée suite aux affrontements entre les Forces de défense et de sé-curité maliennes (FDSM) et les mouvements armés , no-tamment le MNLA, le HCUA et le MAA, entre le 17 et le 23 mai 2014. Ces combats avaient entraîné de lourdes pertes en vies humaines et la réoccupation par les mouve-ments armés des positions précédemment tenues par les FDSM. Un accord de ces-sez-le-feu obtenu le 23 mai à Kidal sous les auspices de Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie, Président en exercice de l’UA, a permis de redonner une chance à la paix. En effet, aux termes de cet Accord, les mouvements armés se sont engagés à ces-ser les hostilités, à participer aux Pourparlers inclusifs, à libérer les éléments des FDSM et les civils qu’ils avaient fait prisonniers et à faciliter les opérations hu-manitaires. Toutefois, le dé-but des pourparlers inclusifs de paix à Alger le 16 juillet a coïncidé avec la reprise des affrontements entre certains mouvements armés au nord du pays, notamment dans le secteur Tabankort—Anefis - Almoustarat - Tarkint. Face à cette situation, une «Déclaration de cessation des hostilités» avait été adoptée, à Alger, le 24 juillet 2014, en même temps que la Feuille de route des Pourpar-lers, afin de renforcer l’Ac-cord de cessez-le-feu du 23 mai et ses Modalités de mise en œuvre. Une Commission conjointe de vérification et de sensibilisation compre-nant des représentants de l’UA et des Nations unies, de la CEDEAO et des pays voi-sins s’était rendue dans ces localités le 30 juillet 2014, en vue d’évaluer la situation et de formuler des recomman-dations sur les voies et moyens de la stabilisation de la situation.
Au-delà de l’insécurité qui s’en est suivie, il y a lieu de souligner que le terrorisme et le crime organisé ont per-sisté au nord du Mali, malgré la présence des forces inter-nationales. Un retour massif de terroristes, notamment dans l’Adrar des Ifoghas, le Timétrine, le Taoudéni et dans certaines secteurs de la région de Gao. Les activités terroristes se sont intensi-fiées au cours des mois de septembre et octobre 2014, à travers plusieurs attaques armées, des poses de mines et d’explosifs de plus en plus sophistiqués qui ont fait des victimes civiles et auprès des forces internationales dé-ployées au nord du Mali. Pen-dant cette période, environ 31 soldats des contingents burki-nabè, nigériens, sénégalais et tchadiens de la MINUSMA ont perdu la vie et de nombreux blessés ont été enregistrés. La réarticulation du dispositif français «Serval» devenu « Barkhane» ayant entrai-né une réduction des effectifs français au nord du Mali, a contribué à créer un vide sé-curitaire qui a laissé la place aux groupes terroristes.
De plus, de nombreuses caches d’armes ainsi que des ateliers clandestins de fabrica-tion d’armes artisanales sont signalées au nord du Mali. De surcroît, au-delà des mouve-ments armés, les populations, notamment des jeunes sans emploi, détiennent des armes à feu. Il est établi que les mou-vements armés et les groupes terroristes recrutent parmi ces jeunes qui manient aisément les armes.
II est important de signaler que le processus de pourpar-lers inclusifs en cours à Alger depuis le mois de juillet, de-vrait aboutir à terme, à une amélioration significative de la situation, y compris le règle-ment des questions relatives au cantonnement, à la démo-bilisation et à la réintégration des éléments des mouve-ments armés, ainsi qu'à la ré-forme des FDSM.
Au Sahel, la situation sécuritaire s’est caractérisée au cours de l’année 2014 par la recrudescence des attaques terroristes, des tra-fics en tout genre et de la cri-minalité transfrontalière. Le lien entre le terrorisme, le nar-cotrafic et la criminalité trans-frontalière confère aux groupes armés terroristes et criminels des capacités de ré-génération et de nuisance qui menacent tous les pays du Sa-hel et au-delà.
Les agissements de Boko Ha-ram au nord-est du Nigéria ont été le signe le plus évident de la dégradation de la situa-tion sécuritaire dans le Sahel. Les attaques violentes, les prises d’otages, les enlève-ments de personnes et les destructions ont été leur mo-dus operandi. Boko Haram contrôle désormais une large zone territoriale des Etats du nord-est du Cameroun, deve-nu un important vivier de re-crutement. Cette secte isla-miste a, par ailleurs, adopté une nouvelle stratégie d’occu-pation territoriale. Une expan-sion dangereuse vers les pays limitrophes du Nigéria, notam-ment le Cameroun et le Tchad a également été noté. Malgré la pression militaire exercée par les forces nigé-rianes et camerounaises, la menace est de plus en plus insidieuse. Avec cette instabili-té accrue, les camps de réfu-giés se sont multipliés et le nombre des personnes dépla-cées a considérablement aug-menté. Les camps sont plus que d’autres zones suscep-tibles d’être infiltrés par les groupes terroristes, ainsi que par l’existence de zones de repli, de centres d'entraîne-ment et d’approvisionnement logistique pour les terroristes.
La dégradation du climat sécu-ritaire au Sahel s’est d’autre part accentuée en raison de la situation politico-sécuritaire de la Libye qui n’a cessé de se détériorée. Que faire pour ve-nir à bout de Boko Haram et des groupes terroristes qui sévissent dans le Sahel? La MISAHEL propose quatre pistes qui s’inscrivent dans le cadre du Processus de Nouak-chott :
(i) Renforcer les capacités des Etats concernés pour renfor-cer leur dispositifs sécuritaires au sens large ;
Processus de Nouakchott L’outil pour la sécurité dans le Sahel
(ii) accroitre la coopération régionale entre les pays du Sahel face cette menace transfrontalière complexe par un échange d’informa-tion et une coopération opé-rationnelle entre unités ap-propriées des forces de dé-fense et de sécurité de ces pays ; (iii) créer une coalition inter-nationale pour appuyer les efforts nationaux et régio-naux dans un contexte ou l’EI ne cache plus ses ambi-tions de faire du sahel une de ses bases arrières et, (iv) isoler les terroristes idéologiquement et sociale-ment.
Il est important de mettre en place des mécanismes opérationnels efficaces et flexibles, aptes à mener des opérations de prévention ou des opérations offensives d’envergure sur les espaces et les plateformes fronta-liers, en vue de renforcer ou de suppléer les efforts natio-naux de lutte contre le ter-rorisme et la criminalité transfrontalière organisée.
La mutualisation des moyens permet d’atteindre la complémentarité, néces-saire pour traitement des menaces en utilisant une gamme de capacités qu’au-cun pays du Sahel ne peut engager seul.
De plus, la cohérence des modes d’action permettra de s’adapter à la menace, de bâtir des rapports harmonieux entre les différents acteurs régionaux et de pro-gresser vers la réalisation de l’objectif commun, sans dis-continuité. La coordination est également indispen-sable, car elle est facteur d’efficacité dans toute ac-tion, notamment lorsque celle-ci est conjointe et/ou combinée. Dès lors que les pays du Sahel ont décidé d’unir leurs efforts pour ma-térialiser concrètement la coopération régionale en matière de sécurité, la coor-dination devra se réaliser dans toutes les phases de l’action, pour agir en temps opportun et éviter la dupli-cation des efforts.
En 2014, le Processus de Nouakchott a enregistré plusieurs acquis même si beau-coup reste à faire. Les pays de la région sahélo-saharienne poursuivent toutefois leurs efforts de renforcement de la coopération sécuritaire et d’opérationnalisation de l’Ar-chitecture africaine de paix et de sécurité (APSA).
Préoccupés par l'aggra-vation du fléau du ter-rorisme et de l’extré-misme violent dans la région sahélo-saharienne, ainsi que par les liens de plus en plus étroits que les groupes armés terroristes entretiennent avec la criminalité transnationale orga-nisée, notamment le trafic de la drogue et des êtres humains, le blanchiment d'argent et le trafic illicite des armes, les Chefs d’Etat des pays partici-pants au Processus se sont réu-nis au Sommet pour la pre-mière fois à Nouakchott le 18 décembre 2014.Cela dénote d’une volonté d’afficher un soutien politique accru au Pro-cessus et «la volonté collective de relever les défis liés à la paix et à la sécurité dans la région sahélo-saharienne ».
Ils ont ainsi eu l’occasion d’exa-miner la situation politique et sécuritaire dans la région sahé-lo-saharienne, ainsi que les efforts visant à surmonter les défis qui se posent et à pro-mouvoir durablement la paix, la sécurité et la stabilité. Ils ont décidé de la mise en place de mécanismes opérationnels entre les pays de la région, pour la sécurité transfrontalière et celle d’une force d’intervention rapide pour la lutte contre le terrorisme dans la région sahélo- saharienne. Conscients de l’importance de la mise en commun des moyens pour contrer la me-nace terroriste, les Chefs d’Etat ont réitéré «l’impératif que revêt la poursuite des pro-grammes de renforcement des capacités des pays de la région, engagés par la Commission de l’UA dans le cadre du Processus de Nouakchott, y compris la formation au profit des services de renseignement et de sécuri-té ». Ils se sont dits prêts à ne ménager aucun effort pour renforcer leurs capacités natio-nales respectives en vue de pouvoir assumer pleinement les responsabilités qui sont les leurs dans le cadre des efforts collectifs de la région.
Afin de faciliter le partage d’information, la Commission de l’UA, poursuivra l’organisa-tion de réunions régulières des chefs des Services de rensei-gnement et de sécurité (CSRS) et des ministres compétents, pour échanger sur la situation sécuritaire dans la région. À ce jour, les CSRS ont tenu six réu-nions alors que les Ministres se sont réunis à trois reprises
(Nouakchott en mars 2013, Nia-mey en février 2014, Nouak-chott en décembre 2014).
Un Sommet des pays partici-pant au Processus de Nouak-chott aura désormais lieu tous les ans en vue de procéder à une évaluation des mesures prises dans le cadre de la pour-suite d’objectifs communs. Le prochain Sommet aura lieu à Ndjamena.
Le secrétariat du Processus de Nouakchott sera installé à Nia-mey dans le courant du pre-mier trimestre de l’année 2015.
Des droits de l’Homme au Mali
Au Mali, la situation des droits de l’Homme présente deux facettes. D’un côté les efforts consentis par le gouvernement en vue d’amé-liorer la protection et la promo-tion des droits de l’Homme, de l’autre, des cas de violation qui nécessitent une attention parti-culière.
Les cas de violation des droits de l’Homme
Les cas de violation constatés par les observateurs des droits de l’Homme de la MISAHEL au cours de l’année 2014 sont re-lativement nombreux et relè-vent de domaines très variés. On retiendra quelques do-maines clés comme ceux du droit à l’éducation, à la justice ou au respect du droit à la vie et à l’intégrité physique. D’autres cas – et non des moindres – qui auraient mérité une attention plus soutenue concernent les violations des droits de la femme (violences basées sur le genre, exploita-tions sexuelles…) et de l’enfant (éducation, obtention d’acte de naissance…), constatés notam-ment à Gao et à Tombouctou. Cependant, ces cas faisant en-core l’objet d’enquête, il ne sied pas de les traiter ici de ma-nière approfondie.
Des cas d’atteinte au droit à la vie et à l’intégrité physique ont été en effet constatés, notam-ment des atteintes à la vie et autres disparitions forcées suite aux événements survenus les 17, 18 et 21 mai 2014 à Ki-dal. Des allégations de torture et d’exécutions sommaires de civils ont été avancées à l’issue de ces événements. Ces droits ont été remis en cause égale-ment lors des événements mal-heureux survenus au mois de juillet 2014 sur des sites d’orpaillage dans les communes de Kobada et de Foroko.
Plusieurs autres cas d’atteinte au droit à la vie résultent des différents conflits inter commu-nautaires, en particulier dans les régions du Nord notam-ment à Tombouctou et à Gao, qui se sont soldés par des pertes en vies humaines. Cette situation soulève avec acuité le problème du droit des citoyens à la sécurité, particulièrement la question de la protection des civils.
Le droit d’accès à la justice, en particulier le droit à un procès équitable n’est pas garanti sur l’ensemble du territoire, en dépit des efforts fournis par le gouvernement depuis la fin de l’occupation des régions du Nord. Ainsi, à Gao par exemple, le fonctionnement normal de l’administration judiciaire n’a duré que quelques mois en 2014 puisqu’au mois de juillet, le Président du tribunal et le juge d’instruction ont été rap-pelés à Bamako. En consé-quence, à la fin du mois de no-vembre au niveau de la prison de la ville, sur 99 détenus, seules 12 ont été condamnées, 87 sont des prévenus, en attente de leur procès.
Dans le domaine du droit à l’éducation, les observateurs des droits de l’Homme ont éga-lement relevé plusieurs cas de violation dans plusieurs ré-gions du Mali (notamment Tombouctou, Mopti et Gao). Ces violations sont liées es-sentiellement au déficit en infrastruc-tures, en équi-pements, en matériels di-dactiques, etc. A cela s’ajoute l’indisponibili-té d’ensei-gnants quali-fiés pour cer-taines disciplines, dans certaines régions. Il s’ensuit, entre autres, des diffi-cultés concernant la gestion de la pléthore des effectifs, de l’amélioration de la qualité de l’enseignement, etc.
Les améliorations apportées par le gouvernement du Mali
Dans le cadre de la politique gouvernementale en matière de droits de l’Homme, l’Etat malien a poursuivi ses efforts en vue d’améliorer le respect des droits de l’Homme dans le pays, en particulier dans les régions du Nord.
A Gao par exemple, s’agissant des services sociaux de base, comparativement à la situation qui prévalait en 2013 après l’oc-cupation, la fourniture d’électri-cité est désormais intégrale. Aucun délestage n’est réalisé, les services d’EDM de la ville ayant désormais une capacité de production supérieure à la demande. Toute chose de na-ture à favoriser la relance éco-nomique, à améliorer les prestations des services de santé, etc. Il en est de même pour la distribution de l’eau potable que la population juge accep-table même si des efforts peu-vent encore être fournis sur ce point. Concernant l’éducation, les écoles sont ouvertes et fonctionnent, y compris dans le cercle de Ménaka qui est occu-pé par des groupes armés. Dans le domaine de la justice, la pri-son qui avait été saccagée pen-dant l’occupation est redeve-nue fonctionnelle en mars 2014 grâce au programme de réhabilitation d'urgence de l’Etat, AGETIP.
Quelques dossiers prioritaires pour l’année 2015
L’année 2015 s’annonce comme celle devant permettre de relever un certain nombre de défis en matière des droits de l’Homme.
Le premier de ces défis est celui d’une couverture optimale de la surveillance et d’une accentua-tion des enquêtes par les ODH – en particulier dans les régions du Nord – afin de permettre à la MISAHEL d’être réguliè-rement informée sur la situation des droits de l’Homme en vue d’y apporter des réponses appropriées.
Le deuxième défi est celui d’assurer le suivi des dossiers en cours : les affaires en cours devant la justice (affaire Sanogo, dossier des bérets rouges, affaire des personnes arrêtées dans le cadre des fraudes aux exa-mens de l’année 2014, etc.), les graves allégations de violation des droits des femmes dans la région de Gao, la situation de certains enfants de Tombouctou qui n’ont pas d’acte de naissance...
Le troisième défi est celui de la promotion des droits de l’Homme à travers des activités de renforcement des capacités des acteurs locaux, en partena-riat avec les organisations de la société civile maliennes interve-nant dans le domaine des droits de l’Homme.
Le Développement pour une paix durable
La stratégie de l’UA pour le Sahel a été entérinée par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA le 11 aout 2014 lors de sa 449ème réunion. Elle s’inscrit dans le cadre de l’engagement de l’UA dans la région au cours des dernières années, notamment depuis la crise libyenne de 2011. Elle a été versée à la Stratégie intégrée pour le Sahel, un outil permettant aux organisations œuvrant dans la région d’améliorer leur coordination et coopération afin de mieux cibler dans leurs interventions et d’être plus efficaces. Cette mise en harmonie des stra-tégies pour le Sahel passe par à une Plate-forme ministérielle de coordination (PMC) et un Secrétariat tech-nique qui en dehors de la coordination a pour vocation de mobiliser des ressources et de définir les priorités régionales dans le Sahel.
La Stratégie intégrée pour le Sahel
En effet, il ressort de l’analyse des différentes stratégies pour le Sahel le caractère convergent et complé-mentaire de toutes les stratégies existantes, en particulier la recon-naissance du lien entre la sécurité et le développement.
La Plateforme ministérielle, mise sous la présidence du Mali pendant deux ans, se réunit une fois tous les six mois. Le Secrétariat technique, co-présidé par l’Union africaine et les Nations unies, l’aide pour la mise en cohérence de l'ensemble des straté-gies. En 2014, la Plateforme ministé-rielle a tenu sa troisième réunion à Bamako, le 18 novembre 2014, tan-dis que le Secrétariat technique a tenu deux réunions, respectivement, le 09 septembre à Dakar et le 16 novembre 2014 à Bamako. Ces réu-nions au niveau ministériel et tech-nique ont permis de prendre les dé-cisions suivantes :
Adoption du cahier des charges du Secrétariat tech-nique
Cartographie des stratégies pour le Sahel
Collaboration accrue avec l’initiative de cinq pays de la région (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et le Tchad), intitulée G5-Sahel, lancée le 18 février 2014.
Les Paniers du cœur, l’action humanitaire de la MISAHEL
En août 2014, la MISAHEL a lancé un programme humanitaire baptisé les «Paniers du cœur ». Il s’agit d’une campagne de solidarité qui appuie les populations vulnérables notamment au Nord du Mali. La pre-mière activité consistait en la distri-bution de kits alimentaires à des familles de la Commune 4 de Bama-ko et à Kidal en guise d’appui à la pour une sécurité alimentaire et nu-tritionnelle de près de 1000 familles démunies.
En effet, la crise politico-sécuritaire que traverse le Mali depuis quelques années maintenant a provoqué une grave crise humanitaire qui s’est traduite par le déplacement de cen-taines de milliers de personnes à l'intérieur du pays comme à l’exté-rieur.
En initiant une telle campagne de solidarité africaine, l’Union africaine est pleinement dans son rôle encore plus au Mali où sa mission est, entre autres, d’appuyer le processus de paix et de réconciliation nationale. «Notre objectif est d’apporter notre pierre à la reconstruction du Mali. Il ne saurait être question de dévelop-pement sans le respect d’un droit humain fondamental, celui d’accéder à une alimentation saine et équili-brée » comme l’indiquait Pierre Buyoya, le Chef de la MISAHEL.
Pour la distribution des kits alimen-taire, la MISAHEL a signé une con-vention d’entente avec la Croix-Rouge malienne compte tenu de son expérience sur le terrain. La Société de distribution malienne (SODIMA) a grandement participé au succès de cette première activité. La SODIMA a mis dans ce premier panier du cœur quatre (4) tonnes de sucre et d’huile.
Par ce geste, la SODIMA a montré que l’initiative des «Paniers du cœur» n’est pas uniquement l’affaire de l’Union africaine mais de tous les fils et filles du Mali soucieux de la reconstruction du pays et du bien-être de leurs compatriotes. Ainsi, Pierre Buyoya n’a eu de cesse de réitérer l’appel de la MISAHEL non seulement au secteur privé malien mais aussi bonnes volontés car «en donnant aux «Paniers du cœur », vous pouvez permettre à ceux qui sont dans l'extrême besoin de retrou-ver un peu de sérénité ».
En 2015, la MISAHEL entend pour-suivre son appui à la sécurité ali-mentaire et nutritionnelle aux fa-milles démunies. Elle initiera égale-ment un programme d’appui sco-laire.
Pour la cohésion sociale et la réconciliation nationale
En mai 2014, la MISAHEL, la Di-rection du Développement et de la Coopération suisse (DDC) et la station malienne Radio Kledu ont signé un accord tripartite pour la production et la diffu-sion de l’émission «An ka Ben! – Faisons la paix!».
Cette émission, qui est diffusée tous les samedis à 15h00 sur les ondes de Radio kledu repré-sente la contribution des trois partenaires aux efforts entrepris par le Mali pour une paix du-rable et une réconciliation natio-nale que tous les acteurs appel-lent de leurs vœux. «An ka Ben! – Faisons la paix!» a été envisa-gée comme une plateforme d’échanges et de débats, ouvert à tous les Maliens, plus particu-lièrement aux jeunes. Tout en libérant la parole dans un cadre constructif et respectueux de la déontologie journalistique, l’émission véhicule des mes-sages de paix et d’unité. Le but principal de cette émission est de montrer que la réconciliation concerne tous les citoyens ma-liens, au-delà de la sphère poli-tique. Grace à ce programme radiophonique, la MISAHEL, la DDC et Radio Kledu ont souhaité apporter leur contribution à l’enracinement de la culture de la paix dans le Mali d'aujour-d'hui.
Un guide du vocabulaire de la paix pour favoriser le vivre ensemble
Partant du constat qu’il existe un lien inextricable entre mé-dias et paix et que les journa-listes sont des acteurs essentiels dans la résolution des crises et la réussite des transitions poli-tiques, la MISAHEL et l’OIF ont pris prétexte sur les négocia-tions inter-maliennes en cours à Alger, pour convier les acteurs de l’espace médiatique malien à un échange autour des Accords de paix.
Une fine analyse de la couver-ture, par les médias nationaux et internationaux, de la transi-tion politique au Mali, a montré que le consommateur d’infor-mations n’était pas toujours en mesure de comprendre les en-jeux du processus en cours, ba-sé sur le triptyque -réconciliation, dialogue et stabi-lisation- qui a conduit à la situa-tion relativement apaisée que connaît le Mali actuellement.
Le séminaire a réuni plus d’une soixantaine de professionnels des médias maliens et étrangers ainsi que des acteurs de la com-munication institutionnelle et des animateurs de médias com-munautaires des régions du Nord du pays.
Les échanges, fructueux, ont débouché sur la production d’un projet Guide du vocabulaire de la paix issu des recommanda-tions de la soixantaine de Direc-teurs de publication et rédac-teurs en chef de médias maliens qui ont participé au séminaire. Ce guide est un instrument in-dispensable qui servira aussi bien aux journalistes qu’au grand public. Ce guide, véritable document de référence sur la « nouvelle sémantique de la paix », servira également de bréviaire aux plus jeunes jour-nalistes et « permettra de tou-jours garder à l’esprit les valeurs du journalisme de paix et obli-gera à toujours semer la culture de la paix».
Rétrospectives
2014 a été une année très riche.
«La mutualisation des efforts face aux défis de sécurité et de développement »
Hamdallaye ACI 2000
Bamako – Mali BP 1680 [email protected] www.peaceau.org Tel: +223-2022-1822
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Merci à ceux qui ont contribué à la réalisation de cette édition:
Yaye Nabo Sène, Chargée de communication
Ntolé Kazadi, Chef d’unité, Affaires politiques
Charles Muvira, Spécialiste des conflits et du dé-veloppement
Chantal Mutamuriza et Hugues Penda, Observa-teur des droits de l’Homme
Mamadou Diarrah, Fonctionnaire chargé du déve-loppement
A l’orée de 2015, je voudrais vous présenter en mon nom propre et en celui de l’ensemble du personnel de la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL) nos vœux de bonne et heureuse année.
Puisse 2015 être une année de progrès significatif ou de consécration pour les immenses projets qui nous réunissent autour de l’idéal d’une Afrique intégrée, prospère et en paix.
Je saisis cette occasion pour vous remercier d’avoir sans cesse accordé votre attention à la MISAHEL et toujours couvert ses diverses activités, permettant ainsi une meilleure connais-sance et une appropriation par nos populations de cet idéal poursuivi par l’Organisation con-tinentale.
Ceci est désormais une tradition, en ce début d’année 2015, je voudrais, après avoir rapide-ment passé en revue la situation au Mali et dans le Sahel, rappeler à votre intention les prin-cipales activités de la MISAHEL au cours de l’année qui s’est achevée, et esquisser les pers-pectives et objectifs que nous nous sommes fixés pour 2015 dans les 4 domaines principaux qui font l’objet du mandat de notre mission au Mali et dans le Sahel.
Au Mali, l’objectif que s’était fixée d’obtenir la Médiation d’ob-tenir un accord de paix global et définitif entre le gouverne-ment malien et les Groupes armés tarde à venir. L’Accord lui-même et sa mise en œuvre risquent d’être sérieu-sement hypothéqués par la montée en puissance des actes terroristes et la multi-plication des affrontements entre les mouvements armés.
Les efforts consentis tout au long de l’année 2014 dans le cadre du Processus d’Alger doivent aboutir à une solu-tion heureuse qui permettra à tous les fils du Mali de renouer avec le vivre ensemble paisible et la stabilité politique qui ont long-temps été ses marques de fa-brique. La signature d’un Accord de paix permettra non seulement au Mali de restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire mais aussi de concentrer les efforts sur la lutte contre le terrorisme ainsi que toutes les formes de banditisme et de criminalité qui sévissent dans le Nord du pays.
Alors que nous écrivons les pre-miers mots de paix et de tolé-rance de 2015, la barbarie aveugle de la secte Boko Haram a continué à endeuiller un Etat membre de l’Union africaine et ses voisins de manière encore plus virulente utilisant des tech-niques qui dépassent indescripti-blement l’horreur. Boko Haram étend son périmètre sous nos yeux en réduisant nos filles en esclaves sexuelles, nos garçons en enfants soldats, en bref, notre jeunesse en chair à canon. Je lance un appel aux pays du Sahel et en particulier aux Etats membres du Processus de Nouakchott à faire de 2015 une année marquant un tournant décisif dans la lutte contre le terrorisme et le radicalisme. En mutualisant les efforts nous pouvons montrer au reste du monde et surtout aux populations africaines que nous sommes capables de nous porter secours et de trouver des solu-tions à nos crises tout en gardant à l’esprit que le terrorisme est désormais devenu une préoc-cupation internationale néces-sitant une réponse plus glo-bale.
Le tableau est certes très sombre mais je demeure con-vaincu que notre tâche à tous est de nous mettre sur le pied de guerre pour annihiler cette gangrène qu’est le terrorisme. Les moyens financiers peuvent nous manquer mais pas la vo-lonté de faire un pas en cette direction. En 2015 et au-delà, la MISAHEL n’aura de cesse de chercher les voies et moyens de donner une chance à la paix, à la solidarité et à la prospérité.
En 2015, nous ferons la guerre au terrorisme!
Pierre Buyoya,
Chef de la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel
Appui au processus de paix
La situation politique et sociale au Mali est restée fragile durant l’année 2014. Parmi les facteurs, on peut notamment évoquer des difficultés de l’action gouver-nementale, quelques remous sociaux, ainsi que la lenteur des progrès dans la recherche d’une solution négociée et durable au conflit du nord, aggravant ainsi l’absence de l’autorité de l’Etat et favori-sant un accroissement de l’insécurité. La difficulté à don-ner une suite rapide et durable à l’«Accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers de paix au Mali », ainsi que les incidents du mois de mai à Kidal ont malheureu-sement laissé le temps néces-saire et crée les conditions du renforcement de la mainmise des mouvements armés dans les parties du territoire sous leur contrôle.
Ces facteurs ont favorisé ma multiplication des mouve-ments armés, par division de ceux existant ou l’éclosion des nouveaux. Ils ont contribué à exacerber des tensions entre les communautés. L’absence de l’autorité et de la réorgani-sation de l’Etat a laissé le champ libre à toutes sortes de menaces d’insécurité allant du simple banditisme, au crime organisé et au retour des attaques terroristes, en pas-sant par des affrontements entre mouvements armés. Les pourparlers de paix ont pu débuter en juin 2014 grâce à un engagement déterminé de l’Algérie, sous son égide et selon la formule originale d’une équipe internationale de Médiation comprenant les pays voisins du Mali (Burkina Faso, Mauritanie, Niger et Tchad) et les partenaires inter-nationaux (Union africaine, Nations unies, CEDEAO, Union européenne et Organisation de la Coopération islamique). Les positions restées tran-chées entre les parties mais ils ont pu aboutir à un projet d’accord de paix et de réconci-liation remis aux parties en novembre 2014 et constituant une base de négociation en vue de la signature d’un ac-cord souhaité rapide en début de 2015.
Cette solution politique devra permettre au Mali et à ses par-tenaires de consacrer les efforts nécessaires à la lutte contre les menaces terroristes croissantes. Dans ce chemine-ment du Mali, la MISAHEL est déterminée à poursuivre le soutien qu’elle apporte à la consolidation de la démocratie, de la gouvernance et de l’Etat de droit. Elle le fait à tra-vers l’appui aux élections. Elle le poursuivra par son soutien au renforcement des institu-tions et de la cohésion sociale, ainsi qu’une contribution dé-terminée à la lutte contre la radicalisation religieuse.
Comme elle l’a été lors de la négociation de l’Accord de Ouagadougou, la MISAHEL est pleinement engagée dans le processus de pourparlers d’Al-ger, aux côtés du gouverne-ment algérien et au sein de l’équipe de Médiation. Son rôle est actif et significatif dans les contacts avec les parties, dans l’expertise constructive du processus et dans la sensi-bilisation des forces vives. Compte tenu dans la profon-deur de la crise à laquelle doit répondre le futur accord et des expériences passées du Mali, la MISAHEL se prépare jouer tout son rôle dans le suivi du respect de la mise en œuvre de l’accord.
Dans le Sahel, la situation politique a été marquée par l’extrême confu-sion régnant en Lybie. Le Niger a quant à lui connu quelques remous politiques liés à un dossier judiciaire de trafic des bébés. La fuite du président de l’Assemblée soupçonné d’être mêlé à ce trafic et l’élection tumultueuse d’un nouveau président de cette institution peuvent faire craindre un envi-ronnement peu apaisé lors des élections législatives et prési-dentielles prévues en début 2016. Au Nigéria, en plus de la dégradation constante et me-naçante pour la sous-région de la situation sécuritaire, il est fort à craindre que les pro-chaines élections générales prévues au début de 2015 n’aggravent les divisions et les tensions entre le nord et le sud du pays. L’un des événements politique majeurs de 2014 aura été le renversement populaire du régime en place au Burkina Faso. Au-delà de la conscience élevée et de la détermination dont ont fait preuve la jeunesse et les forces vives de ce pays, ainsi que la maturité qui a présidé à la mise en place d’une transition consensuelle et organisée, les changements intervenus au Burkina Faso constituent un signe incontes-table de la volonté des popula-tions africaines de prendre en main leur destin, d’inoculer dans la marche de démocrati-sation et de gouvernance leur propre marque. Le Sahel, au-delà de lourds défis sécuri-taires, doit poursuivre les efforts de démocratisation et de renforcement de l’Etat de droit. La sous-région doit in-tensifier la lutte contre la radi-calisation. Les événements du Burkina Faso, en réponse à des velléités de changement cons-titution pour le maintien au pouvoir encore fréquentes sur le Continent, interpellent notre Organisation. Les efforts de la MISAHEL seront dans ce sens consacrés à l’accompagnement des 17 élections programmées en 2015. Ils se concentreront aussi la lutte concertée contre la radicalisation.
Rétrospective
L’état de la paix et de la sécurité au Mali et dans le Sahel
Au Mali, 2014 a été une année pleine d’espoir. Cependant, pour la sécurité et pour la paix, elle a été celle de tous les dan-gers.
La mise en œuvre des arran-gements sécuritaires prévus par l’Accord de Ouagadou-gou du 18 juin 2013 avait permis des avancées signifi-catives pour le retour de la paix au Nord du pays. Toute-fois, la situation sécuritaire s’est brusquement et grave-ment détériorée suite aux affrontements entre les Forces de défense et de sé-curité maliennes (FDSM) et les mouvements armés , no-tamment le MNLA, le HCUA et le MAA, entre le 17 et le 23 mai 2014. Ces combats avaient entraîné de lourdes pertes en vies humaines et la réoccupation par les mouve-ments armés des positions précédemment tenues par les FDSM. Un accord de ces-sez-le-feu obtenu le 23 mai à Kidal sous les auspices de Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie, Président en exercice de l’UA, a permis de redonner une chance à la paix. En effet, aux termes de cet Accord, les mouvements armés se sont engagés à ces-ser les hostilités, à participer aux Pourparlers inclusifs, à libérer les éléments des FDSM et les civils qu’ils avaient fait prisonniers et à faciliter les opérations hu-manitaires. Toutefois, le dé-but des pourparlers inclusifs de paix à Alger le 16 juillet a coïncidé avec la reprise des affrontements entre certains mouvements armés au nord du pays, notamment dans le secteur Tabankort—Anefis - Almoustarat - Tarkint. Face à cette situation, une «Déclaration de cessation des hostilités» avait été adoptée, à Alger, le 24 juillet 2014, en même temps que la Feuille de route des Pourpar-lers, afin de renforcer l’Ac-cord de cessez-le-feu du 23 mai et ses Modalités de mise en œuvre. Une Commission conjointe de vérification et de sensibilisation compre-nant des représentants de l’UA et des Nations unies, de la CEDEAO et des pays voi-sins s’était rendue dans ces localités le 30 juillet 2014, en vue d’évaluer la situation et de formuler des recomman-dations sur les voies et moyens de la stabilisation de la situation.
Au-delà de l’insécurité qui s’en est suivie, il y a lieu de souligner que le terrorisme et le crime organisé ont per-sisté au nord du Mali, malgré la présence des forces inter-nationales. Un retour massif de terroristes, notamment dans l’Adrar des Ifoghas, le Timétrine, le Taoudéni et dans certaines secteurs de la région de Gao. Les activités terroristes se sont intensi-fiées au cours des mois de septembre et octobre 2014, à travers plusieurs attaques armées, des poses de mines et d’explosifs de plus en plus sophistiqués qui ont fait des victimes civiles et auprès des forces internationales dé-ployées au nord du Mali. Pen-dant cette période, environ 31 soldats des contingents burki-nabè, nigériens, sénégalais et tchadiens de la MINUSMA ont perdu la vie et de nombreux blessés ont été enregistrés. La réarticulation du dispositif français «Serval» devenu « Barkhane» ayant entrai-né une réduction des effectifs français au nord du Mali, a contribué à créer un vide sé-curitaire qui a laissé la place aux groupes terroristes.
De plus, de nombreuses caches d’armes ainsi que des ateliers clandestins de fabrica-tion d’armes artisanales sont signalées au nord du Mali. De surcroît, au-delà des mouve-ments armés, les populations, notamment des jeunes sans emploi, détiennent des armes à feu. Il est établi que les mou-vements armés et les groupes terroristes recrutent parmi ces jeunes qui manient aisément les armes.
II est important de signaler que le processus de pourpar-lers inclusifs en cours à Alger depuis le mois de juillet, de-vrait aboutir à terme, à une amélioration significative de la situation, y compris le règle-ment des questions relatives au cantonnement, à la démo-bilisation et à la réintégration des éléments des mouve-ments armés, ainsi qu'à la ré-forme des FDSM.
Au Sahel, la situation sécuritaire s’est caractérisée au cours de l’année 2014 par la recrudescence des attaques terroristes, des tra-fics en tout genre et de la cri-minalité transfrontalière. Le lien entre le terrorisme, le nar-cotrafic et la criminalité trans-frontalière confère aux groupes armés terroristes et criminels des capacités de ré-génération et de nuisance qui menacent tous les pays du Sa-hel et au-delà.
Les agissements de Boko Ha-ram au nord-est du Nigéria ont été le signe le plus évident de la dégradation de la situa-tion sécuritaire dans le Sahel. Les attaques violentes, les prises d’otages, les enlève-ments de personnes et les destructions ont été leur mo-dus operandi. Boko Haram contrôle désormais une large zone territoriale des Etats du nord-est du Cameroun, deve-nu un important vivier de re-crutement. Cette secte isla-miste a, par ailleurs, adopté une nouvelle stratégie d’occu-pation territoriale. Une expan-sion dangereuse vers les pays limitrophes du Nigéria, notam-ment le Cameroun et le Tchad a également été noté. Malgré la pression militaire exercée par les forces nigé-rianes et camerounaises, la menace est de plus en plus insidieuse. Avec cette instabili-té accrue, les camps de réfu-giés se sont multipliés et le nombre des personnes dépla-cées a considérablement aug-menté. Les camps sont plus que d’autres zones suscep-tibles d’être infiltrés par les groupes terroristes, ainsi que par l’existence de zones de repli, de centres d'entraîne-ment et d’approvisionnement logistique pour les terroristes.
La dégradation du climat sécu-ritaire au Sahel s’est d’autre part accentuée en raison de la situation politico-sécuritaire de la Libye qui n’a cessé de se détériorée. Que faire pour ve-nir à bout de Boko Haram et des groupes terroristes qui sévissent dans le Sahel? La MISAHEL propose quatre pistes qui s’inscrivent dans le cadre du Processus de Nouak-chott :
(i) Renforcer les capacités des Etats concernés pour renfor-cer leur dispositifs sécuritaires au sens large ;
Processus de Nouakchott L’outil pour la sécurité dans le Sahel
(ii) accroitre la coopération régionale entre les pays du Sahel face cette menace transfrontalière complexe par un échange d’informa-tion et une coopération opé-rationnelle entre unités ap-propriées des forces de dé-fense et de sécurité de ces pays ; (iii) créer une coalition inter-nationale pour appuyer les efforts nationaux et régio-naux dans un contexte ou l’EI ne cache plus ses ambi-tions de faire du sahel une de ses bases arrières et, (iv) isoler les terroristes idéologiquement et sociale-ment.
Il est important de mettre en place des mécanismes opérationnels efficaces et flexibles, aptes à mener des opérations de prévention ou des opérations offensives d’envergure sur les espaces et les plateformes fronta-liers, en vue de renforcer ou de suppléer les efforts natio-naux de lutte contre le ter-rorisme et la criminalité transfrontalière organisée.
La mutualisation des moyens permet d’atteindre la complémentarité, néces-saire pour traitement des menaces en utilisant une gamme de capacités qu’au-cun pays du Sahel ne peut engager seul.
De plus, la cohérence des modes d’action permettra de s’adapter à la menace, de bâtir des rapports harmonieux entre les différents acteurs régionaux et de pro-gresser vers la réalisation de l’objectif commun, sans dis-continuité. La coordination est également indispen-sable, car elle est facteur d’efficacité dans toute ac-tion, notamment lorsque celle-ci est conjointe et/ou combinée. Dès lors que les pays du Sahel ont décidé d’unir leurs efforts pour ma-térialiser concrètement la coopération régionale en matière de sécurité, la coor-dination devra se réaliser dans toutes les phases de l’action, pour agir en temps opportun et éviter la dupli-cation des efforts.
En 2014, le Processus de Nouakchott a enregistré plusieurs acquis même si beau-coup reste à faire. Les pays de la région sahélo-saharienne poursuivent toutefois leurs efforts de renforcement de la coopération sécuritaire et d’opérationnalisation de l’Ar-chitecture africaine de paix et de sécurité (APSA).
Préoccupés par l'aggra-vation du fléau du ter-rorisme et de l’extré-misme violent dans la région sahélo-saharienne, ainsi que par les liens de plus en plus étroits que les groupes armés terroristes entretiennent avec la criminalité transnationale orga-nisée, notamment le trafic de la drogue et des êtres humains, le blanchiment d'argent et le trafic illicite des armes, les Chefs d’Etat des pays partici-pants au Processus se sont réu-nis au Sommet pour la pre-mière fois à Nouakchott le 18 décembre 2014.Cela dénote d’une volonté d’afficher un soutien politique accru au Pro-cessus et «la volonté collective de relever les défis liés à la paix et à la sécurité dans la région sahélo-saharienne ».
Ils ont ainsi eu l’occasion d’exa-miner la situation politique et sécuritaire dans la région sahé-lo-saharienne, ainsi que les efforts visant à surmonter les défis qui se posent et à pro-mouvoir durablement la paix, la sécurité et la stabilité. Ils ont décidé de la mise en place de mécanismes opérationnels entre les pays de la région, pour la sécurité transfrontalière et celle d’une force d’intervention rapide pour la lutte contre le terrorisme dans la région sahélo- saharienne. Conscients de l’importance de la mise en commun des moyens pour contrer la me-nace terroriste, les Chefs d’Etat ont réitéré «l’impératif que revêt la poursuite des pro-grammes de renforcement des capacités des pays de la région, engagés par la Commission de l’UA dans le cadre du Processus de Nouakchott, y compris la formation au profit des services de renseignement et de sécuri-té ». Ils se sont dits prêts à ne ménager aucun effort pour renforcer leurs capacités natio-nales respectives en vue de pouvoir assumer pleinement les responsabilités qui sont les leurs dans le cadre des efforts collectifs de la région.
Afin de faciliter le partage d’information, la Commission de l’UA, poursuivra l’organisa-tion de réunions régulières des chefs des Services de rensei-gnement et de sécurité (CSRS) et des ministres compétents, pour échanger sur la situation sécuritaire dans la région. À ce jour, les CSRS ont tenu six réu-nions alors que les Ministres se sont réunis à trois reprises
(Nouakchott en mars 2013, Nia-mey en février 2014, Nouak-chott en décembre 2014).
Un Sommet des pays partici-pant au Processus de Nouak-chott aura désormais lieu tous les ans en vue de procéder à une évaluation des mesures prises dans le cadre de la pour-suite d’objectifs communs. Le prochain Sommet aura lieu à Ndjamena.
Le secrétariat du Processus de Nouakchott sera installé à Nia-mey dans le courant du pre-mier trimestre de l’année 2015.
Des droits de l’Homme au Mali
Au Mali, la situation des droits de l’Homme présente deux facettes. D’un côté les efforts consentis par le gouvernement en vue d’amé-liorer la protection et la promo-tion des droits de l’Homme, de l’autre, des cas de violation qui nécessitent une attention parti-culière.
Les cas de violation des droits de l’Homme
Les cas de violation constatés par les observateurs des droits de l’Homme de la MISAHEL au cours de l’année 2014 sont re-lativement nombreux et relè-vent de domaines très variés. On retiendra quelques do-maines clés comme ceux du droit à l’éducation, à la justice ou au respect du droit à la vie et à l’intégrité physique. D’autres cas – et non des moindres – qui auraient mérité une attention plus soutenue concernent les violations des droits de la femme (violences basées sur le genre, exploita-tions sexuelles…) et de l’enfant (éducation, obtention d’acte de naissance…), constatés notam-ment à Gao et à Tombouctou. Cependant, ces cas faisant en-core l’objet d’enquête, il ne sied pas de les traiter ici de ma-nière approfondie.
Des cas d’atteinte au droit à la vie et à l’intégrité physique ont été en effet constatés, notam-ment des atteintes à la vie et autres disparitions forcées suite aux événements survenus les 17, 18 et 21 mai 2014 à Ki-dal. Des allégations de torture et d’exécutions sommaires de civils ont été avancées à l’issue de ces événements. Ces droits ont été remis en cause égale-ment lors des événements mal-heureux survenus au mois de juillet 2014 sur des sites d’orpaillage dans les communes de Kobada et de Foroko.
Plusieurs autres cas d’atteinte au droit à la vie résultent des différents conflits inter commu-nautaires, en particulier dans les régions du Nord notam-ment à Tombouctou et à Gao, qui se sont soldés par des pertes en vies humaines. Cette situation soulève avec acuité le problème du droit des citoyens à la sécurité, particulièrement la question de la protection des civils.
Le droit d’accès à la justice, en particulier le droit à un procès équitable n’est pas garanti sur l’ensemble du territoire, en dépit des efforts fournis par le gouvernement depuis la fin de l’occupation des régions du Nord. Ainsi, à Gao par exemple, le fonctionnement normal de l’administration judiciaire n’a duré que quelques mois en 2014 puisqu’au mois de juillet, le Président du tribunal et le juge d’instruction ont été rap-pelés à Bamako. En consé-quence, à la fin du mois de no-vembre au niveau de la prison de la ville, sur 99 détenus, seules 12 ont été condamnées, 87 sont des prévenus, en attente de leur procès.
Dans le domaine du droit à l’éducation, les observateurs des droits de l’Homme ont éga-lement relevé plusieurs cas de violation dans plusieurs ré-gions du Mali (notamment Tombouctou, Mopti et Gao). Ces violations sont liées es-sentiellement au déficit en infrastruc-tures, en équi-pements, en matériels di-dactiques, etc. A cela s’ajoute l’indisponibili-té d’ensei-gnants quali-fiés pour cer-taines disciplines, dans certaines régions. Il s’ensuit, entre autres, des diffi-cultés concernant la gestion de la pléthore des effectifs, de l’amélioration de la qualité de l’enseignement, etc.
Les améliorations apportées par le gouvernement du Mali
Dans le cadre de la politique gouvernementale en matière de droits de l’Homme, l’Etat malien a poursuivi ses efforts en vue d’améliorer le respect des droits de l’Homme dans le pays, en particulier dans les régions du Nord.
A Gao par exemple, s’agissant des services sociaux de base, comparativement à la situation qui prévalait en 2013 après l’oc-cupation, la fourniture d’électri-cité est désormais intégrale. Aucun délestage n’est réalisé, les services d’EDM de la ville ayant désormais une capacité de production supérieure à la demande. Toute chose de na-ture à favoriser la relance éco-nomique, à améliorer les prestations des services de santé, etc. Il en est de même pour la distribution de l’eau potable que la population juge accep-table même si des efforts peu-vent encore être fournis sur ce point. Concernant l’éducation, les écoles sont ouvertes et fonctionnent, y compris dans le cercle de Ménaka qui est occu-pé par des groupes armés. Dans le domaine de la justice, la pri-son qui avait été saccagée pen-dant l’occupation est redeve-nue fonctionnelle en mars 2014 grâce au programme de réhabilitation d'urgence de l’Etat, AGETIP.
Quelques dossiers prioritaires pour l’année 2015
L’année 2015 s’annonce comme celle devant permettre de relever un certain nombre de défis en matière des droits de l’Homme.
Le premier de ces défis est celui d’une couverture optimale de la surveillance et d’une accentua-tion des enquêtes par les ODH – en particulier dans les régions du Nord – afin de permettre à la MISAHEL d’être réguliè-rement informée sur la situation des droits de l’Homme en vue d’y apporter des réponses appropriées.
Le deuxième défi est celui d’assurer le suivi des dossiers en cours : les affaires en cours devant la justice (affaire Sanogo, dossier des bérets rouges, affaire des personnes arrêtées dans le cadre des fraudes aux exa-mens de l’année 2014, etc.), les graves allégations de violation des droits des femmes dans la région de Gao, la situation de certains enfants de Tombouctou qui n’ont pas d’acte de naissance...
Le troisième défi est celui de la promotion des droits de l’Homme à travers des activités de renforcement des capacités des acteurs locaux, en partena-riat avec les organisations de la société civile maliennes interve-nant dans le domaine des droits de l’Homme.
Le Développement pour une paix durable
La stratégie de l’UA pour le Sahel a été entérinée par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA le 11 aout 2014 lors de sa 449ème réunion. Elle s’inscrit dans le cadre de l’engagement de l’UA dans la région au cours des dernières années, notamment depuis la crise libyenne de 2011. Elle a été versée à la Stratégie intégrée pour le Sahel, un outil permettant aux organisations œuvrant dans la région d’améliorer leur coordination et coopération afin de mieux cibler dans leurs interventions et d’être plus efficaces. Cette mise en harmonie des stra-tégies pour le Sahel passe par à une Plate-forme ministérielle de coordination (PMC) et un Secrétariat tech-nique qui en dehors de la coordination a pour vocation de mobiliser des ressources et de définir les priorités régionales dans le Sahel.
La Stratégie intégrée pour le Sahel
En effet, il ressort de l’analyse des différentes stratégies pour le Sahel le caractère convergent et complé-mentaire de toutes les stratégies existantes, en particulier la recon-naissance du lien entre la sécurité et le développement.
La Plateforme ministérielle, mise sous la présidence du Mali pendant deux ans, se réunit une fois tous les six mois. Le Secrétariat technique, co-présidé par l’Union africaine et les Nations unies, l’aide pour la mise en cohérence de l'ensemble des straté-gies. En 2014, la Plateforme ministé-rielle a tenu sa troisième réunion à Bamako, le 18 novembre 2014, tan-dis que le Secrétariat technique a tenu deux réunions, respectivement, le 09 septembre à Dakar et le 16 novembre 2014 à Bamako. Ces réu-nions au niveau ministériel et tech-nique ont permis de prendre les dé-cisions suivantes :
Adoption du cahier des charges du Secrétariat tech-nique
Cartographie des stratégies pour le Sahel
Collaboration accrue avec l’initiative de cinq pays de la région (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et le Tchad), intitulée G5-Sahel, lancée le 18 février 2014.
Les Paniers du cœur, l’action humanitaire de la MISAHEL
En août 2014, la MISAHEL a lancé un programme humanitaire baptisé les «Paniers du cœur ». Il s’agit d’une campagne de solidarité qui appuie les populations vulnérables notamment au Nord du Mali. La pre-mière activité consistait en la distri-bution de kits alimentaires à des familles de la Commune 4 de Bama-ko et à Kidal en guise d’appui à la pour une sécurité alimentaire et nu-tritionnelle de près de 1000 familles démunies.
En effet, la crise politico-sécuritaire que traverse le Mali depuis quelques années maintenant a provoqué une grave crise humanitaire qui s’est traduite par le déplacement de cen-taines de milliers de personnes à l'intérieur du pays comme à l’exté-rieur.
En initiant une telle campagne de solidarité africaine, l’Union africaine est pleinement dans son rôle encore plus au Mali où sa mission est, entre autres, d’appuyer le processus de paix et de réconciliation nationale. «Notre objectif est d’apporter notre pierre à la reconstruction du Mali. Il ne saurait être question de dévelop-pement sans le respect d’un droit humain fondamental, celui d’accéder à une alimentation saine et équili-brée » comme l’indiquait Pierre Buyoya, le Chef de la MISAHEL.
Pour la distribution des kits alimen-taire, la MISAHEL a signé une con-vention d’entente avec la Croix-Rouge malienne compte tenu de son expérience sur le terrain. La Société de distribution malienne (SODIMA) a grandement participé au succès de cette première activité. La SODIMA a mis dans ce premier panier du cœur quatre (4) tonnes de sucre et d’huile.
Par ce geste, la SODIMA a montré que l’initiative des «Paniers du cœur» n’est pas uniquement l’affaire de l’Union africaine mais de tous les fils et filles du Mali soucieux de la reconstruction du pays et du bien-être de leurs compatriotes. Ainsi, Pierre Buyoya n’a eu de cesse de réitérer l’appel de la MISAHEL non seulement au secteur privé malien mais aussi bonnes volontés car «en donnant aux «Paniers du cœur », vous pouvez permettre à ceux qui sont dans l'extrême besoin de retrou-ver un peu de sérénité ».
En 2015, la MISAHEL entend pour-suivre son appui à la sécurité ali-mentaire et nutritionnelle aux fa-milles démunies. Elle initiera égale-ment un programme d’appui sco-laire.
Pour la cohésion sociale et la réconciliation nationale
En mai 2014, la MISAHEL, la Di-rection du Développement et de la Coopération suisse (DDC) et la station malienne Radio Kledu ont signé un accord tripartite pour la production et la diffu-sion de l’émission «An ka Ben! – Faisons la paix!».
Cette émission, qui est diffusée tous les samedis à 15h00 sur les ondes de Radio kledu repré-sente la contribution des trois partenaires aux efforts entrepris par le Mali pour une paix du-rable et une réconciliation natio-nale que tous les acteurs appel-lent de leurs vœux. «An ka Ben! – Faisons la paix!» a été envisa-gée comme une plateforme d’échanges et de débats, ouvert à tous les Maliens, plus particu-lièrement aux jeunes. Tout en libérant la parole dans un cadre constructif et respectueux de la déontologie journalistique, l’émission véhicule des mes-sages de paix et d’unité. Le but principal de cette émission est de montrer que la réconciliation concerne tous les citoyens ma-liens, au-delà de la sphère poli-tique. Grace à ce programme radiophonique, la MISAHEL, la DDC et Radio Kledu ont souhaité apporter leur contribution à l’enracinement de la culture de la paix dans le Mali d'aujour-d'hui.
Un guide du vocabulaire de la paix pour favoriser le vivre ensemble
Partant du constat qu’il existe un lien inextricable entre mé-dias et paix et que les journa-listes sont des acteurs essentiels dans la résolution des crises et la réussite des transitions poli-tiques, la MISAHEL et l’OIF ont pris prétexte sur les négocia-tions inter-maliennes en cours à Alger, pour convier les acteurs de l’espace médiatique malien à un échange autour des Accords de paix.
Une fine analyse de la couver-ture, par les médias nationaux et internationaux, de la transi-tion politique au Mali, a montré que le consommateur d’infor-mations n’était pas toujours en mesure de comprendre les en-jeux du processus en cours, ba-sé sur le triptyque -réconciliation, dialogue et stabi-lisation- qui a conduit à la situa-tion relativement apaisée que connaît le Mali actuellement.
Le séminaire a réuni plus d’une soixantaine de professionnels des médias maliens et étrangers ainsi que des acteurs de la com-munication institutionnelle et des animateurs de médias com-munautaires des régions du Nord du pays.
Les échanges, fructueux, ont débouché sur la production d’un projet Guide du vocabulaire de la paix issu des recommanda-tions de la soixantaine de Direc-teurs de publication et rédac-teurs en chef de médias maliens qui ont participé au séminaire. Ce guide est un instrument in-dispensable qui servira aussi bien aux journalistes qu’au grand public. Ce guide, véritable document de référence sur la « nouvelle sémantique de la paix », servira également de bréviaire aux plus jeunes jour-nalistes et « permettra de tou-jours garder à l’esprit les valeurs du journalisme de paix et obli-gera à toujours semer la culture de la paix».
Rétrospectives
2014 a été une année très riche.
«La mutualisation des efforts face aux défis de sécurité et de développement »
Hamdallaye ACI 2000
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Merci à ceux qui ont contribué à la réalisation de cette édition:
Yaye Nabo Sène, Chargée de communication
Ntolé Kazadi, Chef d’unité, Affaires politiques
Charles Muvira, Spécialiste des conflits et du dé-veloppement
Chantal Mutamuriza et Hugues Penda, Observa-teur des droits de l’Homme
Mamadou Diarrah, Fonctionnaire chargé du déve-loppement
A l’orée de 2015, je voudrais vous présenter en mon nom propre et en celui de l’ensemble du personnel de la Mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL) nos vœux de bonne et heureuse année.
Puisse 2015 être une année de progrès significatif ou de consécration pour les immenses projets qui nous réunissent autour de l’idéal d’une Afrique intégrée, prospère et en paix.
Je saisis cette occasion pour vous remercier d’avoir sans cesse accordé votre attention à la MISAHEL et toujours couvert ses diverses activités, permettant ainsi une meilleure connais-sance et une appropriation par nos populations de cet idéal poursuivi par l’Organisation con-tinentale.
Ceci est désormais une tradition, en ce début d’année 2015, je voudrais, après avoir rapide-ment passé en revue la situation au Mali et dans le Sahel, rappeler à votre intention les prin-cipales activités de la MISAHEL au cours de l’année qui s’est achevée, et esquisser les pers-pectives et objectifs que nous nous sommes fixés pour 2015 dans les 4 domaines principaux qui font l’objet du mandat de notre mission au Mali et dans le Sahel.