Sur le continent africain, les longues diatribes anticolonialistes et les revendications de dédommagements sont révolus. Les langues se délient pour dénoncer plutôt les gestions calamiteuses des indépendances et d’évoquer seulement en guise de référence les fonctionnements des services publics sociaux sous administration coloniale. L’article tente d’expliquer le long cheminement qui a abouti à cette falsification historique.
L’histoire de la colonisation est de plus récente et la trentaine d’années qui marque la fin de la décolonisation, n’est pas suffisante pour susciter l’oubli ravageur du temps à même capable de panser toutes les plaies. La précipitation est le propre des faussaires.
Les néo-colonialistes ne pouvaient éviter la sanction en se lançant dans cette tentative de blanchissement de la funeste œuvre du colonialisme. Le sujet ne nourrit pas tout simplement les discussions des historiens. De touts les anciennes puissances coloniales, la France s’est érigée en porte voix de l’interprétation officielle erronée de l’histoire coloniale.
Elle l’a inscrite dans son ordre législatif en adoptant la loi du 28 février 2005 dont l’article premier est ainsi rédigé « la nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l’œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d’Algérie, au Maroc, en Russie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sur la souveraineté française. Elle reconnaît les souffrances éprouvées et les sacrifices endurés par les rapatriés, les anciens membres de formations supplétives et assimilés, les dizaines de victimes civiles et militaires des événements liés au processus d’indépendance des ces anciens départements et territoires et leurs rend ainsi qu’à leurs familles solennellement hommage ».
Le contenu de cette loi retrouve sa pleine signification dans le discours du président SARKOZI qui décrit le colonialisme comme une entreprise de civilisation et de progrès et qu’il n’y a pas lieu de se repentir. Le Président français enfonce le clou en peignant les colons comme des philanthropes ayant fait les déplacements pour bâtir des ponts, des routes, éduquer ou soigner les indigènes.
Le moins que l’on puisse dire de ce texte et de l’intervention de Monsieur Sarkozy, c’est qu’ils brossent un tableau indécent des colombes utiles tombées sous les coups des indigènes sauvages.
Ils constituent l’expression d’une époque différente de celle où la France colonialiste rasait les murs et faisait difficilement face aux critiques d’une communauté internationale foncièrement acquise à l’émancipation des peuples.
Le message est méprisant et tranche avec l’intervention conciliante de Valery Giscard d’Estaing en 1977 qui prônait « la complémentarité de l’Afrique et de l’Europe dans un nouveau pacte de solidarité ». La fin de la guerre froide et l’extinction du monde bipolaire ont eu raison du partenariat circonstanciel des anciens colons et des anciens colonisés. L’évolution démographique mondiale et la raréfication des ressources ont modifié les rapports des nations.
Les invasions armées et les occupations qui s’ensuivirent de l’Iraq, de l’Afghanistan, de la Libye illustrent l’avènement d’un nouveau rapport fondé sur l’acquisition des ressources vitales. Dans ces conditions, il n’est pas exclu de penser que l’apologie du colonialisme ne soit le prélude à des velléités de réoccupation du continent.
Mais quelques soient les motivations des conspirateurs, il n’empêche que ce mensonge historique constitue un camouflet pour le diplomatie africaine. L’affront aux centaines de milliers des martyrs africains, qui ont consenti les sacrifices suprêmes pour la liberté et la dignité du continent n’a pas reçu la réponse appropriée de la part des Etats africains ou de l’Union Africaine. Les juifs ne tolèrent pas la moindre atteinte à l’endroit de la mémoire de leurs victimes. Leur réaction est totale, fut-elle contre un individu agissant de manière isolée. L’amnésie africaine échappe à l’entendement. La fourberie néo-colonialiste est grosse « comme une maison ». Leur thèse ne résiste pas à l’autopsie de la plus honteuse exploitation de l’homme de tout le temps. Contrairement aux allégations françaises, il ne s’agit pas d’une initiative généreuse mais plutôt d’un procédé de domination au service des intérêts du métropole à l’instar des populations des zones sous occupations allemandes. Il mettait en rapport des colons civilisés avec des sous-hommes sauvages, hostiles à l’effort.
La seule manière donc de maintenir les autochtones en l’état consistait en la violence de tout genre que les colons étaient en droit d’exercer sur les membres de ces populations immatures et inaptes à jouir de droits et libertés réservés aux seuls citoyens français. Dans ces conditions, toutes les atteintes étaient admises dans ces zones de non droit, les Guantanamo de l’ère coloniale, contre les indigènes. Les moindres écarts aux consignes de chefs donnaient lieu à ses lots d’humiliations, de tortures, d’enternaiments, de confiscations, de travaux forcés et de suppressions physiques.les ressortissent des colonies étaient soumis aux dispositions de l’humiliant code des indigènes qui édictaient l’ensemble de ces ignominieux traitements. Les procédures en résultant étaient expéditives et la séparation de l’administration et du pouvoir judiciaire était méconnue. Des sanctions pouvaient être prononcées et exécutées par une même autorité administrative quand ce n’était pas le simple gendarme qui disposait de la vie ou de la mort de l’indigène.
La justice avec ses beaux principes restaient l’apanage de seuls citoyens français et le cas échéant des sujets français qui correspondaient à la classe suprême dont l’accès était autorisé aux indigènes remplissant un ensemble de critères subjectifs variables dans le temps et dans l’espace appelés critères d’assimilation (très bon niveau d’étude et mimétisme de comportements des colons).
Ces critères d’assimilation n’étaient pas à la portée de la quasi-totalité des indigènes. Les indicateurs sociaux des colonies n’étaient pas du tout flatteur. Ils incarnaient la volonté constante de perpétuer la domination et de conjurer la naissance d’une conscience locale favorable à l’émancipation.
L’état de la scolarisation dans les colonies était une parfaite illustration de cette politique. Les statistiques disponibles confirment qu’en Indochine un enfant sur 10 était scolarisé et qu’en Afrique un enfant sur 24 était admis à l’école.
Même l’Algérie n’échappait pas à la règle avec un taux de scolarisation de 6%.
La volonté de maintenir les indigènes en dehors du système scolaire était manifeste car les lois sur l’instruction publique n’étaient pas applicables dans les colonies. Feu président Senghor avait dénoncé, non sans manquer une certaine audace, du haut de la tribune de l’Assemblée Nationale française cette sinistre politique et ce qu’elle sous- tendait en ces termes « on fait de l’inégalité un principe de gouvernement en s’opposant par tous les moyens possibles à ce que les autochtones aient des diplômes d’Etat et puissent, en conséquence occuper d’autres fonctions que subalternes ». Ce témoignage est édifiant sur le rapport des colons avec le savoir. Il exhibe au grand jour tous les stratagèmes déployés pour hypothéquer l’avenir des ressources humaines propres aux colonies. Les très faibles taux des scolarisés n’étaient compensés d’aucune mesure palliative visant à réduire l’accumulation des pertes sur le long parcours de la scolarité. Mais paradoxalement les portes des lycées étaient fermées aux indigènes et les rescapés devaient en outre subir les affres de la discrimination dans tous les concours. Il apporte un supplément d’éclairage sur l’égoïsme colonial qui dans bien de domaines entrait en collision avec les besoins des colonies.
En effet, la médecine coloniale ne répondait pas à la couverture sanitaire des ressortissants de colonies. Le nombre d’habitants pour chaque médecin se chiffrait à 44 985 personnes alors qu’en métropole la répartition était de toute autre nature, soit 1428 habitants pour chaque médecin.
Les indigènes étaient ravagés par la fièvre jaune, le paludisme, la tuberculose et tant d’autres épidémies. La mortalité infantile était très élevée. Il n’y avait pas suffisamment d’hôpitaux et il n’existait aucun programme de protection de l’enfance ou de la vieillesse. Les populations locales étaient exposées à la misère et à la sous- alimentation.
Elles s’entassaient dans des zones réservées dépourvues de toute hygiène
Les routes et les ponts étaient construits dans les centres urbains ou vivaient essentiellement les colons
Incontestablement le legs colonial ne correspond pas aux assertions idylliques néo colonialistes. Mais il est une réalité que les néo- colonialistes ne sont pas seuls a défendre ce legs colonial. Nombreuses restent les voix qui sur le continent africain osent faire l’apologie de cette période coloniale.
Il n’empêche que les motivations de ces nostalgiques africains diffèrent profondément de celle des néo-colonialistes. Feu le premier ministre de la république de Djibouti Ahmed Dini Ahmed disait au soir de l’indépendance de Djibouti en 1977 que « l’indépendance est une nouvelle aventure qui si on échoue signifie la mort ». Ces voix africaines qui défendent cette sombre ère procèdent par comparaison. Ils mettent en parallèle la colonisation et la décolonisation parce qu ils s’estiment tout simplement déçus de la gestion post coloniale des pays africains. Mais comme dit ce cieux dicton français « comparaison n’est pas raison » Chaque période doit être appréciée dans son conteste et par rapport aux valeurs universelles de l’humanité. Les échecs post- coloniaux ne doivent pas justifier les atrocités coloniales ; comme les manques de réussites africains ne peuvent s’expliquer systématiquement au travers du passé colonial. Aussi pour tendre vers une certaine objectivité il y’a lieu de ne pas succomber aux facilités d’étiquetage confinant les nostalgiques de la période coloniale aux seuls anciens agents des colons tapis sous l’ombre pour souiller l’opinion africaine. Les aventures issues des indépendances africains dont les plus anciennes remontent à un peu plus d’un demi-siècle, recèlent de nombreux élément qui ont concouru à briser l’espoir de mieux être que les africains étaient en droit de placer dans leurs affranchissements. Le célèbre écrivain nigérian Monsieur Kourouma a fait conter par les griots l’instabilité du pouvoir dans les états post coloniaux et les modalités violentes de sa transmission qui n’obéissent pas aux règles démocratiques universelles basées sur des élections libres et transparentes capables de générer de paisibles alternances. Les déficiences démocratiques des états nés des indépendances confèrent au continent le triste palme pour le record mondial des réfugies et des déplacés internes. Les états africains sont nés avec des tares qui leur empêchent d’assumer leur raison d’être ou la cause de ces longues luttes anticoloniales. Interrogé au soir de l’indépendance djiboutienne sur la viabilité économique de cette contrée remplie de cailloux, le premier président de la république feu Hassan gouled aptidon levait cet énigme en lâchant que « l’indépendance doit procurer aux djiboutiens et djiboutiennes la liberté et non l’argent ». Sous le fallacieux prétexte de consolider des états manquant de solides fondations et contraints d’asseoir par eux même les consciences nationales, les nouveaux responsables africains ont confisqué l’exercice de toutes les libertés publiques. L’idée de l’indigène irresponsable risquant de faire de mauvais usages des droits et libertés, continue à faire bonne recette même après la décolonisation, hélas ! La suite est bien connue avec la série de parti unique, de l’idée unique, de l’organe unique qui détient tous le pouvoir législatif exécutif et judiciaire, du dirigeant unique omniprésent omnipotent et friand des flatteries, de commerçant unique et de soumissionnaire unique des marchés publics etc.…….
Il a résulte de ce schéma hostile a toute idée de compétition, un exercice mafieux du pouvoir, usant de la violence pour taire toute différence et toute revendication, pratiquant des réseaux de recrutement ou de rétributions fondés sur le népotisme, favorisant la concentration de tous les instruments d’enrichissement entre les mains du cercle familial et ériger en système d’échanges et de transferts de biens la corruption, les mensonges et les terrorismes d’état.
L’impact de cette politique a été sans appel sur les économies africaines qui se sont écroulées sous les effets conjugués de la chute des prix des matières premières, des investissements publics hasardeux coûteux et improductifs, de l’endettement colossal et de l’absence d’environnement favorable aux investissements privés.
Les effondrements des économies africaines ont réduit les jeunes nations issues des indépendances en état d’impuissance, pour ne pas dire en situation de faillite générale.
Elles souffrent dans le plus profond de leurs chaires et la gangrène paralyse tous les secteurs de la vie des états. Les longs mois de retards de salaires et les mauvaises conditions de travail ont désorganisé tous les services publics de ces états dont les prestations ont décliné sur tous les fronts. L’éducation et la santé n’étaient plus que l’ombre d’elles-mêmes. Sous les effets de la grève et de l’absentéisme généralisé, les établissements scolaires ou universitaires ont été en quasi-fermeture. Les hôpitaux sont devenus des lieux de désolation où les plus assidus du personnel de la santé assistaient impuissants aux souffrances des patients. Les capitales africaines vivaient aux rythmes des délestages prolongés de l’électricité et des rationnements de l’eau. Le chômage augmentait à des proportions inquiétantes et la pauvreté s’étendait à l’ensemble des couches sociales.
La profondeur du mal était telle que ces jeunes états n’avaient plus d’autres choix que de se ruer les uns après les autres à la porte du fond monétaire international.
Les durs remèdes que les experts du FMI ont prescrits de manière uniforme aux états africains visaient à les rendre crédibles aux yeux des bailleurs de fonds lassés par des dizaine d’années d’aides publiques au développement infructueuses et échaudés par leurs incapacités à rembourser leurs dettes. Les plans d’ajustements structurels qu’ils leur soumettaient en échange de leurs soutiens importaient des mesures cumulant à la fois dépréciations monétaires et suppressions des crédits budgétaires essentiels. Leurs impacts sociaux ont été graves et la pauvreté s’était davantage répandue.
Pour ne pas succomber à la diète, l’émigration sous les cieux cléments des anciennes puissances coloniales s’imposait en seule alternative de survie à des vagues importantes des victimes de l’espoir brisé.
Mais depuis quelques années, l’explosion des économies des pays émergeants à la tête desquels se trouvent la Chine et l’Inde, a engendré une forte demande des matières premières dont les prix de vente se sont nettement améliorés. Le redressement de prix et les nouveaux termes, de partages des profits tirés des richesses africaines, initiés par les chinois, ont sorti les économies africaines de la récession. L’impulsion chinoise offre aux pays africains une opportunité de quitter le statut de seul pourvoyeur des matières premières pour tenter de franchir l’étape clef de l’industrialisation. Certains pays africains comme le GHANA et le MALI ont profité de cette embellie économique pour laver de la souillure, la mémoire des victimes pour l’indépendance en restituant la liberté et la démocratie à leurs ressortissants. Les anciennes puissances coloniales et l’Amérique découvrent que seul l’amarrage des pouvoirs africains à la démocratie et à la transparence dans la gestion des affaires publiques peut permettre à leurs entreprises de résister aux assauts chinois sur le continent. Le départ de BAGBO de la côte d’Ivoire, l’avènement de l’indépendance du sud SOUDAN et leurs apports aux pouvoirs démocratiques Tunisien et Egyptien constituent autant d’éléments pour corroborer leurs intentions progressistes.
Les petits signaux, qui tels des éclairs, illuminent le ciel sombre des dictatures africaines, comme la récente réaction sénégalaise contre la dynastie Wade, laissent à espérer la fin de l’orage et à entrevoir l’horizon de la liberté.
ANCIEN COMBATTANT TFAI (Territoire Français des Afars et des Issas)
L’histoire de la colonisation est de plus récente et la trentaine d’années qui marque la fin de la décolonisation, n’est pas suffisante pour susciter l’oubli ravageur du temps à même capable de panser toutes les plaies. La précipitation est le propre des faussaires.
Les néo-colonialistes ne pouvaient éviter la sanction en se lançant dans cette tentative de blanchissement de la funeste œuvre du colonialisme. Le sujet ne nourrit pas tout simplement les discussions des historiens. De touts les anciennes puissances coloniales, la France s’est érigée en porte voix de l’interprétation officielle erronée de l’histoire coloniale.
Elle l’a inscrite dans son ordre législatif en adoptant la loi du 28 février 2005 dont l’article premier est ainsi rédigé « la nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l’œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d’Algérie, au Maroc, en Russie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sur la souveraineté française. Elle reconnaît les souffrances éprouvées et les sacrifices endurés par les rapatriés, les anciens membres de formations supplétives et assimilés, les dizaines de victimes civiles et militaires des événements liés au processus d’indépendance des ces anciens départements et territoires et leurs rend ainsi qu’à leurs familles solennellement hommage ».
Le contenu de cette loi retrouve sa pleine signification dans le discours du président SARKOZI qui décrit le colonialisme comme une entreprise de civilisation et de progrès et qu’il n’y a pas lieu de se repentir. Le Président français enfonce le clou en peignant les colons comme des philanthropes ayant fait les déplacements pour bâtir des ponts, des routes, éduquer ou soigner les indigènes.
Le moins que l’on puisse dire de ce texte et de l’intervention de Monsieur Sarkozy, c’est qu’ils brossent un tableau indécent des colombes utiles tombées sous les coups des indigènes sauvages.
Ils constituent l’expression d’une époque différente de celle où la France colonialiste rasait les murs et faisait difficilement face aux critiques d’une communauté internationale foncièrement acquise à l’émancipation des peuples.
Le message est méprisant et tranche avec l’intervention conciliante de Valery Giscard d’Estaing en 1977 qui prônait « la complémentarité de l’Afrique et de l’Europe dans un nouveau pacte de solidarité ». La fin de la guerre froide et l’extinction du monde bipolaire ont eu raison du partenariat circonstanciel des anciens colons et des anciens colonisés. L’évolution démographique mondiale et la raréfication des ressources ont modifié les rapports des nations.
Les invasions armées et les occupations qui s’ensuivirent de l’Iraq, de l’Afghanistan, de la Libye illustrent l’avènement d’un nouveau rapport fondé sur l’acquisition des ressources vitales. Dans ces conditions, il n’est pas exclu de penser que l’apologie du colonialisme ne soit le prélude à des velléités de réoccupation du continent.
Mais quelques soient les motivations des conspirateurs, il n’empêche que ce mensonge historique constitue un camouflet pour le diplomatie africaine. L’affront aux centaines de milliers des martyrs africains, qui ont consenti les sacrifices suprêmes pour la liberté et la dignité du continent n’a pas reçu la réponse appropriée de la part des Etats africains ou de l’Union Africaine. Les juifs ne tolèrent pas la moindre atteinte à l’endroit de la mémoire de leurs victimes. Leur réaction est totale, fut-elle contre un individu agissant de manière isolée. L’amnésie africaine échappe à l’entendement. La fourberie néo-colonialiste est grosse « comme une maison ». Leur thèse ne résiste pas à l’autopsie de la plus honteuse exploitation de l’homme de tout le temps. Contrairement aux allégations françaises, il ne s’agit pas d’une initiative généreuse mais plutôt d’un procédé de domination au service des intérêts du métropole à l’instar des populations des zones sous occupations allemandes. Il mettait en rapport des colons civilisés avec des sous-hommes sauvages, hostiles à l’effort.
La seule manière donc de maintenir les autochtones en l’état consistait en la violence de tout genre que les colons étaient en droit d’exercer sur les membres de ces populations immatures et inaptes à jouir de droits et libertés réservés aux seuls citoyens français. Dans ces conditions, toutes les atteintes étaient admises dans ces zones de non droit, les Guantanamo de l’ère coloniale, contre les indigènes. Les moindres écarts aux consignes de chefs donnaient lieu à ses lots d’humiliations, de tortures, d’enternaiments, de confiscations, de travaux forcés et de suppressions physiques.les ressortissent des colonies étaient soumis aux dispositions de l’humiliant code des indigènes qui édictaient l’ensemble de ces ignominieux traitements. Les procédures en résultant étaient expéditives et la séparation de l’administration et du pouvoir judiciaire était méconnue. Des sanctions pouvaient être prononcées et exécutées par une même autorité administrative quand ce n’était pas le simple gendarme qui disposait de la vie ou de la mort de l’indigène.
La justice avec ses beaux principes restaient l’apanage de seuls citoyens français et le cas échéant des sujets français qui correspondaient à la classe suprême dont l’accès était autorisé aux indigènes remplissant un ensemble de critères subjectifs variables dans le temps et dans l’espace appelés critères d’assimilation (très bon niveau d’étude et mimétisme de comportements des colons).
Ces critères d’assimilation n’étaient pas à la portée de la quasi-totalité des indigènes. Les indicateurs sociaux des colonies n’étaient pas du tout flatteur. Ils incarnaient la volonté constante de perpétuer la domination et de conjurer la naissance d’une conscience locale favorable à l’émancipation.
L’état de la scolarisation dans les colonies était une parfaite illustration de cette politique. Les statistiques disponibles confirment qu’en Indochine un enfant sur 10 était scolarisé et qu’en Afrique un enfant sur 24 était admis à l’école.
Même l’Algérie n’échappait pas à la règle avec un taux de scolarisation de 6%.
La volonté de maintenir les indigènes en dehors du système scolaire était manifeste car les lois sur l’instruction publique n’étaient pas applicables dans les colonies. Feu président Senghor avait dénoncé, non sans manquer une certaine audace, du haut de la tribune de l’Assemblée Nationale française cette sinistre politique et ce qu’elle sous- tendait en ces termes « on fait de l’inégalité un principe de gouvernement en s’opposant par tous les moyens possibles à ce que les autochtones aient des diplômes d’Etat et puissent, en conséquence occuper d’autres fonctions que subalternes ». Ce témoignage est édifiant sur le rapport des colons avec le savoir. Il exhibe au grand jour tous les stratagèmes déployés pour hypothéquer l’avenir des ressources humaines propres aux colonies. Les très faibles taux des scolarisés n’étaient compensés d’aucune mesure palliative visant à réduire l’accumulation des pertes sur le long parcours de la scolarité. Mais paradoxalement les portes des lycées étaient fermées aux indigènes et les rescapés devaient en outre subir les affres de la discrimination dans tous les concours. Il apporte un supplément d’éclairage sur l’égoïsme colonial qui dans bien de domaines entrait en collision avec les besoins des colonies.
En effet, la médecine coloniale ne répondait pas à la couverture sanitaire des ressortissants de colonies. Le nombre d’habitants pour chaque médecin se chiffrait à 44 985 personnes alors qu’en métropole la répartition était de toute autre nature, soit 1428 habitants pour chaque médecin.
Les indigènes étaient ravagés par la fièvre jaune, le paludisme, la tuberculose et tant d’autres épidémies. La mortalité infantile était très élevée. Il n’y avait pas suffisamment d’hôpitaux et il n’existait aucun programme de protection de l’enfance ou de la vieillesse. Les populations locales étaient exposées à la misère et à la sous- alimentation.
Elles s’entassaient dans des zones réservées dépourvues de toute hygiène
Les routes et les ponts étaient construits dans les centres urbains ou vivaient essentiellement les colons
Incontestablement le legs colonial ne correspond pas aux assertions idylliques néo colonialistes. Mais il est une réalité que les néo- colonialistes ne sont pas seuls a défendre ce legs colonial. Nombreuses restent les voix qui sur le continent africain osent faire l’apologie de cette période coloniale.
Il n’empêche que les motivations de ces nostalgiques africains diffèrent profondément de celle des néo-colonialistes. Feu le premier ministre de la république de Djibouti Ahmed Dini Ahmed disait au soir de l’indépendance de Djibouti en 1977 que « l’indépendance est une nouvelle aventure qui si on échoue signifie la mort ». Ces voix africaines qui défendent cette sombre ère procèdent par comparaison. Ils mettent en parallèle la colonisation et la décolonisation parce qu ils s’estiment tout simplement déçus de la gestion post coloniale des pays africains. Mais comme dit ce cieux dicton français « comparaison n’est pas raison » Chaque période doit être appréciée dans son conteste et par rapport aux valeurs universelles de l’humanité. Les échecs post- coloniaux ne doivent pas justifier les atrocités coloniales ; comme les manques de réussites africains ne peuvent s’expliquer systématiquement au travers du passé colonial. Aussi pour tendre vers une certaine objectivité il y’a lieu de ne pas succomber aux facilités d’étiquetage confinant les nostalgiques de la période coloniale aux seuls anciens agents des colons tapis sous l’ombre pour souiller l’opinion africaine. Les aventures issues des indépendances africains dont les plus anciennes remontent à un peu plus d’un demi-siècle, recèlent de nombreux élément qui ont concouru à briser l’espoir de mieux être que les africains étaient en droit de placer dans leurs affranchissements. Le célèbre écrivain nigérian Monsieur Kourouma a fait conter par les griots l’instabilité du pouvoir dans les états post coloniaux et les modalités violentes de sa transmission qui n’obéissent pas aux règles démocratiques universelles basées sur des élections libres et transparentes capables de générer de paisibles alternances. Les déficiences démocratiques des états nés des indépendances confèrent au continent le triste palme pour le record mondial des réfugies et des déplacés internes. Les états africains sont nés avec des tares qui leur empêchent d’assumer leur raison d’être ou la cause de ces longues luttes anticoloniales. Interrogé au soir de l’indépendance djiboutienne sur la viabilité économique de cette contrée remplie de cailloux, le premier président de la république feu Hassan gouled aptidon levait cet énigme en lâchant que « l’indépendance doit procurer aux djiboutiens et djiboutiennes la liberté et non l’argent ». Sous le fallacieux prétexte de consolider des états manquant de solides fondations et contraints d’asseoir par eux même les consciences nationales, les nouveaux responsables africains ont confisqué l’exercice de toutes les libertés publiques. L’idée de l’indigène irresponsable risquant de faire de mauvais usages des droits et libertés, continue à faire bonne recette même après la décolonisation, hélas ! La suite est bien connue avec la série de parti unique, de l’idée unique, de l’organe unique qui détient tous le pouvoir législatif exécutif et judiciaire, du dirigeant unique omniprésent omnipotent et friand des flatteries, de commerçant unique et de soumissionnaire unique des marchés publics etc.…….
Il a résulte de ce schéma hostile a toute idée de compétition, un exercice mafieux du pouvoir, usant de la violence pour taire toute différence et toute revendication, pratiquant des réseaux de recrutement ou de rétributions fondés sur le népotisme, favorisant la concentration de tous les instruments d’enrichissement entre les mains du cercle familial et ériger en système d’échanges et de transferts de biens la corruption, les mensonges et les terrorismes d’état.
L’impact de cette politique a été sans appel sur les économies africaines qui se sont écroulées sous les effets conjugués de la chute des prix des matières premières, des investissements publics hasardeux coûteux et improductifs, de l’endettement colossal et de l’absence d’environnement favorable aux investissements privés.
Les effondrements des économies africaines ont réduit les jeunes nations issues des indépendances en état d’impuissance, pour ne pas dire en situation de faillite générale.
Elles souffrent dans le plus profond de leurs chaires et la gangrène paralyse tous les secteurs de la vie des états. Les longs mois de retards de salaires et les mauvaises conditions de travail ont désorganisé tous les services publics de ces états dont les prestations ont décliné sur tous les fronts. L’éducation et la santé n’étaient plus que l’ombre d’elles-mêmes. Sous les effets de la grève et de l’absentéisme généralisé, les établissements scolaires ou universitaires ont été en quasi-fermeture. Les hôpitaux sont devenus des lieux de désolation où les plus assidus du personnel de la santé assistaient impuissants aux souffrances des patients. Les capitales africaines vivaient aux rythmes des délestages prolongés de l’électricité et des rationnements de l’eau. Le chômage augmentait à des proportions inquiétantes et la pauvreté s’étendait à l’ensemble des couches sociales.
La profondeur du mal était telle que ces jeunes états n’avaient plus d’autres choix que de se ruer les uns après les autres à la porte du fond monétaire international.
Les durs remèdes que les experts du FMI ont prescrits de manière uniforme aux états africains visaient à les rendre crédibles aux yeux des bailleurs de fonds lassés par des dizaine d’années d’aides publiques au développement infructueuses et échaudés par leurs incapacités à rembourser leurs dettes. Les plans d’ajustements structurels qu’ils leur soumettaient en échange de leurs soutiens importaient des mesures cumulant à la fois dépréciations monétaires et suppressions des crédits budgétaires essentiels. Leurs impacts sociaux ont été graves et la pauvreté s’était davantage répandue.
Pour ne pas succomber à la diète, l’émigration sous les cieux cléments des anciennes puissances coloniales s’imposait en seule alternative de survie à des vagues importantes des victimes de l’espoir brisé.
Mais depuis quelques années, l’explosion des économies des pays émergeants à la tête desquels se trouvent la Chine et l’Inde, a engendré une forte demande des matières premières dont les prix de vente se sont nettement améliorés. Le redressement de prix et les nouveaux termes, de partages des profits tirés des richesses africaines, initiés par les chinois, ont sorti les économies africaines de la récession. L’impulsion chinoise offre aux pays africains une opportunité de quitter le statut de seul pourvoyeur des matières premières pour tenter de franchir l’étape clef de l’industrialisation. Certains pays africains comme le GHANA et le MALI ont profité de cette embellie économique pour laver de la souillure, la mémoire des victimes pour l’indépendance en restituant la liberté et la démocratie à leurs ressortissants. Les anciennes puissances coloniales et l’Amérique découvrent que seul l’amarrage des pouvoirs africains à la démocratie et à la transparence dans la gestion des affaires publiques peut permettre à leurs entreprises de résister aux assauts chinois sur le continent. Le départ de BAGBO de la côte d’Ivoire, l’avènement de l’indépendance du sud SOUDAN et leurs apports aux pouvoirs démocratiques Tunisien et Egyptien constituent autant d’éléments pour corroborer leurs intentions progressistes.
Les petits signaux, qui tels des éclairs, illuminent le ciel sombre des dictatures africaines, comme la récente réaction sénégalaise contre la dynastie Wade, laissent à espérer la fin de l’orage et à entrevoir l’horizon de la liberté.
ANCIEN COMBATTANT TFAI (Territoire Français des Afars et des Issas)