Des sondages commandités dans le plus grand secret,au cours du mois de septembre,par la présidence de la République sur les chances d’une réélection du locataire des lieux au premier tour de la prochaine présidentielle, ont provoqué l’affolement au Palais. Les résultats sont catastrophiques puisque jamais un président en exercice n’a gagné le second tour d’une élection. Le premier affecté est le maître des céans.
Maodo Malick Mbaye, directeur général de l’Agence nationale de la Maison de l’Outil (Anamo), invité le 03 novembre courant à l’émission «Senegaal ca kaw ca kanam» de la 2STV a lancé pitoyablement dans l’épilogue de son intervention que « que le président Macky ne mériterait pas de ne pas bénéficier d’un second mandat ». Ne trahit-il pas là une information cadenassée dans le cercle présidentiel ?Quel rapport y a-t-il avec la récente démission de Moubarack Lô, le monsieur sondage de la présidence ? Tout cela laisse sous-entendre qu’il y a des possibilités pour l’actuel président de ne pas être réélu au premier tour en 2017. Ainsi, profondément traumatisé par ce sondage qui l’enverrait au second tour en 2017, le président de la République aurait décidé de mettre les bouchées doubles pour renverser la tendance. Les prix des denrées n’ayant pas impacté sur les conditions de vie des Sénégalais, les trois cent mille emplois promis s’arrêtant au stade des promesses, la traque des biens mal acquis n’ayant pas donné les succès escomptés, le Président a décidé de changer de fusil d’épaule. Sachant qu’un second tour favoriserait des défections dans ses propres rangs, des infidélités et des manœuvres préjudiciables parmi les alliés, il multiplie donc les largesses à l’endroit des familles maraboutiques, surtout celles appartenant à la confrérie mouride qui ont bénéficié d’un projet autoroutier de 400 milliards et d’un jour férié pour la célébration du Magal de Touba. La famille tidiane de Tivaouane, aussi, bénéficiera de dizaines de milliards pour réaliser ses projets infrastructurels. Après la conquête des religieux, il faut courtiser tous les hommes politiques qui consentiraient à bâtir avec le Président un Sénégal émergent. Pour cela, il faut créer les conditions d’un vaste rassemblement qui n’exclurait aucune force vive de la nation. D’où l’idée de mettre sur pied l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP). Cette AMPdevrait sonner l’hallali de Macky 2012 et de Bennoo Bokk Yaakaar (BBY),coalition qui a porté au pouvoir le président Macky Sall au soir du 25 mars 2012. Une chose est sûre : les poids lourds de Bby à savoir le Parti socialiste (Ps) et une frange de l’Alliance des Forces de Progrès (Afp), sous la houlette de Malick Gakou, participeront à la compétition électorale de 2017. Ce qui laisse présager d’ébréchures voire de fractures dans la future coalition présidentielle. Voilà l’échec électoral.
L’AMP a une résonance patronymique avec l’UMP français (Union pour une majorité populaire). Mais le parallélisme de l’AMP avec l’UMP s’arrête au niveau de la phonie. Dans son projet de rassembler les forces politiques et apolitiques dans un vaste rassemblement qui cannibaliserait ou écarterait Bennoo Bokk Yaakaar (Bby), le président Sall ne tamise pas les politiciens ou les affairistes dont la seule ambition est de goûter aux ors du pouvoir ou de fructifier leur business. L’histoire politique enseigne que les coalitions qui ne partagent pas les minima idéologiques s’effondrent comme des châteaux de cartes parce que bâties sur la bourbe. S’associer pendant un second tour d’une présidentielle pour abattre l’ennemi commun est différent de créer une grande coalition qui doit concevoir,sur la base d’une vision idéologique commune, un projet commun et aller à la conquête des suffrages des électeurs dans un délai moyen-termiste.Le projet unitaire du président Macky Sall est voué à l’échec parce que ne reposant sur aucun fondement idéologique et ne s’articulant sur aucune vision politique, vecteur d’un projet de développement.
Un grand parti n’est pas une arithmétique d’un bric-à-brac de formations politiques. C’est un projet, une idée, une vision, une doctrine, un programme. Ce ne sont pas les partis lilliputiens alimentaires de Macky 2012, ni les futurs défaillants progressistes ou socialistes, ni le conglomérat de transhumants sans vergogne de la trempe des Malick Cissé, Mbaye Jacques Diop, Demba Dia, Abdou Fall, Ahmet Khalifa Niass, Iba Der Thiam qui peuvent apporter un plus électoral au prochain candidat Macky Sall. En France, si après le congrès de novembre 2002, l’UMP a conduit son candidat Nicolas Sarkozy à la victoire en 2007, au moment où la candidate socialiste Ségolène Royal caracolait en tête des sondages, c’est grâce à une forte adhésion de femmes et d’hommes tournés vers un mouvement moderne, démocratique, ouvert et respectueux des sensibilités de chacun. Des femmes et des hommes, surtout, mobilisés au-delà de tout clivage par un même idéal politique.Ce qui n’est pas le cas avec l’Amp dont la seule ambition est la conquête à tout prix du pouvoir au premier tour de la présidentielle de 2017 sans tenir compte des spécificités idéologiqueset de la moralité politique des hommes et des femmes qui la composeront. Abdoulaye Wade avait tenté en vain une telle initiative de rassemblement populaire avec le théoricien de la Génération du concret Cheikh Diallo. De même que la sienne avait fait un flop, l’initiative de son successeur Macky Sall risque de finir en eau de boudin.
Serigne Saliou Guèye
« Le Témoin » N° 1145 –Hebdomadaire Sénégalais ( DECEMBRE 2013)
Maodo Malick Mbaye, directeur général de l’Agence nationale de la Maison de l’Outil (Anamo), invité le 03 novembre courant à l’émission «Senegaal ca kaw ca kanam» de la 2STV a lancé pitoyablement dans l’épilogue de son intervention que « que le président Macky ne mériterait pas de ne pas bénéficier d’un second mandat ». Ne trahit-il pas là une information cadenassée dans le cercle présidentiel ?Quel rapport y a-t-il avec la récente démission de Moubarack Lô, le monsieur sondage de la présidence ? Tout cela laisse sous-entendre qu’il y a des possibilités pour l’actuel président de ne pas être réélu au premier tour en 2017. Ainsi, profondément traumatisé par ce sondage qui l’enverrait au second tour en 2017, le président de la République aurait décidé de mettre les bouchées doubles pour renverser la tendance. Les prix des denrées n’ayant pas impacté sur les conditions de vie des Sénégalais, les trois cent mille emplois promis s’arrêtant au stade des promesses, la traque des biens mal acquis n’ayant pas donné les succès escomptés, le Président a décidé de changer de fusil d’épaule. Sachant qu’un second tour favoriserait des défections dans ses propres rangs, des infidélités et des manœuvres préjudiciables parmi les alliés, il multiplie donc les largesses à l’endroit des familles maraboutiques, surtout celles appartenant à la confrérie mouride qui ont bénéficié d’un projet autoroutier de 400 milliards et d’un jour férié pour la célébration du Magal de Touba. La famille tidiane de Tivaouane, aussi, bénéficiera de dizaines de milliards pour réaliser ses projets infrastructurels. Après la conquête des religieux, il faut courtiser tous les hommes politiques qui consentiraient à bâtir avec le Président un Sénégal émergent. Pour cela, il faut créer les conditions d’un vaste rassemblement qui n’exclurait aucune force vive de la nation. D’où l’idée de mettre sur pied l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP). Cette AMPdevrait sonner l’hallali de Macky 2012 et de Bennoo Bokk Yaakaar (BBY),coalition qui a porté au pouvoir le président Macky Sall au soir du 25 mars 2012. Une chose est sûre : les poids lourds de Bby à savoir le Parti socialiste (Ps) et une frange de l’Alliance des Forces de Progrès (Afp), sous la houlette de Malick Gakou, participeront à la compétition électorale de 2017. Ce qui laisse présager d’ébréchures voire de fractures dans la future coalition présidentielle. Voilà l’échec électoral.
L’AMP a une résonance patronymique avec l’UMP français (Union pour une majorité populaire). Mais le parallélisme de l’AMP avec l’UMP s’arrête au niveau de la phonie. Dans son projet de rassembler les forces politiques et apolitiques dans un vaste rassemblement qui cannibaliserait ou écarterait Bennoo Bokk Yaakaar (Bby), le président Sall ne tamise pas les politiciens ou les affairistes dont la seule ambition est de goûter aux ors du pouvoir ou de fructifier leur business. L’histoire politique enseigne que les coalitions qui ne partagent pas les minima idéologiques s’effondrent comme des châteaux de cartes parce que bâties sur la bourbe. S’associer pendant un second tour d’une présidentielle pour abattre l’ennemi commun est différent de créer une grande coalition qui doit concevoir,sur la base d’une vision idéologique commune, un projet commun et aller à la conquête des suffrages des électeurs dans un délai moyen-termiste.Le projet unitaire du président Macky Sall est voué à l’échec parce que ne reposant sur aucun fondement idéologique et ne s’articulant sur aucune vision politique, vecteur d’un projet de développement.
Un grand parti n’est pas une arithmétique d’un bric-à-brac de formations politiques. C’est un projet, une idée, une vision, une doctrine, un programme. Ce ne sont pas les partis lilliputiens alimentaires de Macky 2012, ni les futurs défaillants progressistes ou socialistes, ni le conglomérat de transhumants sans vergogne de la trempe des Malick Cissé, Mbaye Jacques Diop, Demba Dia, Abdou Fall, Ahmet Khalifa Niass, Iba Der Thiam qui peuvent apporter un plus électoral au prochain candidat Macky Sall. En France, si après le congrès de novembre 2002, l’UMP a conduit son candidat Nicolas Sarkozy à la victoire en 2007, au moment où la candidate socialiste Ségolène Royal caracolait en tête des sondages, c’est grâce à une forte adhésion de femmes et d’hommes tournés vers un mouvement moderne, démocratique, ouvert et respectueux des sensibilités de chacun. Des femmes et des hommes, surtout, mobilisés au-delà de tout clivage par un même idéal politique.Ce qui n’est pas le cas avec l’Amp dont la seule ambition est la conquête à tout prix du pouvoir au premier tour de la présidentielle de 2017 sans tenir compte des spécificités idéologiqueset de la moralité politique des hommes et des femmes qui la composeront. Abdoulaye Wade avait tenté en vain une telle initiative de rassemblement populaire avec le théoricien de la Génération du concret Cheikh Diallo. De même que la sienne avait fait un flop, l’initiative de son successeur Macky Sall risque de finir en eau de boudin.
Serigne Saliou Guèye
« Le Témoin » N° 1145 –Hebdomadaire Sénégalais ( DECEMBRE 2013)