Un fou rire ! C’est la crise que j’ai faite cette semaine. Dieu merci, je n’ai pas eu une apoplexie. Miraculeusement, je suis resté intact, dans une béatitude totale. Les raisons de mon accès de rigolade ? Eh bien, le fait que ces messieurs trouvent subitement illégal ce qu’ils considéraient comme légal hier. Par exemple, il y en a qui souffrent des sorties d’un certain Oumar Faye dont je disais qu’il était fabriqué par nous autres journalistes. Plus tard, quand je l’ai découvert, j’ai vu en lui un homme aux convictions chevillées au corps, loin des compromissions de certains de nos intellectuels et gens dits de la société civile ou, si vous préférez, gens si viles, ceci depuis que certains d’entre eux se sont rangés du côté du pouvoir. Et ce alors qu’ils se gargarisaient d’être des vigiles et gardiens de l’orthodoxie de la bonne gouvernance et autres trouvailles des Toubabs qui leur font vivre. Le sieur Faye, lui, a préféré rester du côté du peuple et nous signaler régulièrement avec lucidité les errements des pouvoirs. Ce que, bien entendu, ses amis d’hier ne peuvent souffrir. Ainsi va la vie…
Les gens du pouvoir ne digèrent pas non plus l’impertinence des internautes qui se lâchent carrément dans les réseaux sociaux. Le créneau par lequel un certain Souleymane Jules Diop s’était bâti une immense popularité lorsqu’il fusillait le président Wade, fouillant même l’intimité de son fils Karim, aujourd’hui séparé de ses filles si jeunes et déjà orphelines de leur maman, et quand il lançait ses missiles sur un certain Macky Sall (si, si !!!). Que n’a-t-il pas raconté sur ce jeune homme, Karim Wade ? Que cela soit vrai ou faux, les admirateurs de Souleymane Jules Diop gobaient tout ce qu’il balançait sur le Net et Karim et sa famille de recevoir des bordées d’injures. Wade, beau joueur, n’a jamais inquiété ces messieurs dans le virtuel qui l’insultaient devant leur ordinateur, s’autorisant tout et s’offrant tous les droits. Et vlan ! A chacun son tour chez le coiffeur. C’est maintenant au tour de la famille Sall, ou, plutôt, des familles Faye-Sall (prononcez Fayçal) d’en recevoir pour leur grade. Une belle photo de famille, on vous dit ! Et ces « forumistes » se lâchent sur le président Macky Sall, sa famille et son gouvernement. Un tel affront, le chef de l’Etat ne peut le souffrir. Pensez – vous, sortir comme ça des photos où l’on montre ses doux chérubins en train de s’amuser pendant que le petit peuple cherche la queue du diable pour la tirer. Et pour que le Roi ne se sente plus mortifié, voilà que l’honorable député Moustapha Diakhaté, celui-là même qui s’était arrogé le droit d’exclure des députés de l’Assemblée nationale, prend sa plus belle plume pour convoquer les responsables de cette funeste presse en ligne qui ont tous les droits et devoirs comme hier sous Wade. L’exercice du pouvoir est assurément fort délicat et il faut avoir une carapace de tortue pour recevoir tous les coups de ses détracteurs. Ce que ces gens du pouvoir qui mitraillaient hier le régime de Wade ne possèdent pas. Et puisque personne ne peut arrêter ces forumistes, ça tire dans tous les sens.
Certainement, vous comprenez donc maintenant les raisons de ma subite crise de rigolade. Eh bien, à chaque fois qu’un internaute se lâche, je ne peux m’empêcher de ricaner en pensant que, de l’autre côté de l’avenue Léopold Sédar Senghor, « amnaa ñuy merr » (y en a qui se fâchent). Chienne de vie !
ALASSANE SECK GUEYE
ARTICLE PARU DANS « LE TEMOIN » N°1151 - HEBDOMADAIRE SENEGALAIS / FEVRIER 2014