Bien que « dégagé » du pouvoir par un peuple affamé et une jeunesse sans emplois, l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, pourra toujours se glorifier d’avoir à son actif un excellent bilan matérialisé par des infrastructures. Sur ce plan en particulier, ceux de nos compatriotes ou les étrangers qui ont quitté le Sénégal il y a à peine une décennie auraient du mal à reconnaître Dakar s’ils y revenaient, tellement la capitale a changé. Une capitale retapée à neuf avec de nouvelles infrastructures routières et autres édifices modernes : immeubles futuristes, ponts, échangeurs, passerelles, tunnels, autoroutes à péage, lampadaires, enseignes lumineuses géantes, hôpitaux, universités, nouveaux quartiers résidentiels, autobus flambant neufs etc. Et même, bientôt, un aéroport ultramoderne à Diass !
Malheureusement, le président Wade a péché sur le plan social avec les hausses exagérées et tapageuses des prix des denrées alimentaires : riz, huile, sucre… Sous le magistère de Me Wade, les symptômes de la « faim » avaient brouillé la vision des Sénégalais au point qu’ils ne pouvaient plus voir les belles infrastructures de sa Majesté Wade-le-Bâtisseur et de son fils Karim emprisonné actuellement à Rebeuss.
Malheureusement, un an après la « révolte des ventres » qui a conduit au renversement de son prédécesseur, le président Macky Sall peine toujours à réussir là ou Me Wade avait échoué c’est-à-dire à baisser les denrées alimentaires. Et, surtout, surtout celui du riz considéré comme notre principal aliment de base. Pourtant, au lendemain de sa prestation de serment, le président Macky Sall avait annoncé en grande pompe cette réduction de certains prix sur le riz, le sucre et l’huile, avec « effet immédiat ». Hélas, non seulement l’effet n’était pas immédiat, mais encore la mesure était sans effets. La raison principale en était que importateurs et commerçants avaient refusé d’appliquer les nouveaux tarifs sanctionnant l’accord intervenu entre les nouvelles autorités et l’Unacois dans le sens de baisser le prix du riz. Des baisses certes insignifiantes par rapport aux prix pratiqués pendant les dernières années Wade mais, pour un peuple de « goorgorlous », c’était toujours ça de gagné.
Mieux, « Le Témoin » est en mesure de vous révéler que dès l’annonce de cette « baisse » des prix, quatre principaux importateurs de riz ont immédiatement arrêté leurs opérations d’importation. « Dès que j’ai entendu le président Macky Sall annoncer que le gouvernement a pris des mesures de réduction du prix du riz, j’ai aussitôt appelé mon fournisseur pour lui demander d’arrêter. Car, je ne peux quand même pas vendre à perte ! Seuls les importateurs ayant des engagements avec les banques ont continué d’importer » nous confie un opérateur économique ayant pignon sur rue à Dakar. Prié de préciser sa pensée, notre interlocuteur ajoute : « Parce qu’ils étaient obligés d’importer et de réaliser des opérations pour payer les banques. Mais des commerçants comme moi n’ayant aucun contrat d’importation avec les banques, ont arrêté leurs opérations de riz. D’autres ont diminué leur volume d’importation pour éviter d’éventuelles mesures de baisse des prix d’ordre politique et non à soubassement économique » dit-il. Selon ce grand importateur, en effet, de telles baisses décidées sans consentement avec les importateurs pourraient créer une grave pénurie de riz au Sénégal.
Dans ces conditions, quelle peut être la meilleure solution pour faire baisser le prix du riz et pousser les importateurs à appliquer les mesures arrêtées ? D’aucuns, parmi lesquels certains experts, proposeront la solution facile — et coûteuse pour les finances publiques ! — des subventions. Subventions ? Une politique dont, de toutes façons, les importateurs ne veulent plus entendre parler puisqu’elle a déjà atteint ses limites. D’abord, ils ne font plus confiance à l’Etat du fait de la complexité et des lenteurs des procédures de paiement relatives aux subventions. Sans compter que, bien souvent, seuls certains commerçants retors profitent réellement de ces subventions, les consommateurs ne ressentant nullement les effets de la baisse que ces subventions sont sensées entraîner. Il s’y ajoute que l’Etat non plus ne se sent plus rassuré par le mécanisme de subvention avec ses nombreuses failles. Et pour cause, selon notre importateur, « certains de nos collègues importateurs véreux écoulaient le riz subventionné par l’Etat du Sénégal dans les pays de la sous-région » ajoute ce célèbre importateur.
En poussant nos investigations, nous avons trouvé deux leviers et deux seuls sur lesquels peut s’appuyer le président de la République, M. Macky Sall, pour baisser considérablement le prix du riz. Ces deux solutions, c’est la suppression des droits et taxes de douanes sur l’importation, ainsi que la répression pénale contre les importateurs et boutiquiers récalcitrants.
En plus des droits de dédouanement à l’importation (10,7 %) prélevés au port de Dakar, les taxes dites 2 % exigées par l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine), ces droits et taxes plus le prélèvement Uemoa, donc, ont fait passer les prix du riz du simple au double alors que le pouvoir d’achat n’a pas beaucoup bougé au Sénégal ces dernières années. Si ce n’est dans le sens de la diminution ! Jusqu’à nos jours, on voit des Sénégalais, pères de famille, qui touchent un salaire de 25.000 fcfa / mois, presque le prix d’un sac de riz ! En dehors de ces taxes et droits de douane de 10 % et 2 % du coût Caf, s’ajoutent les 0,7 % de taxes supplémentaires que réclame le Cosec (Conseil sénégalais des chargeurs) sur chaque conteneur ou cargaison importée. Face à un cumul de droits et taxes s’élevant à 12,7 %, les importateurs jurent qu’ils ne baisseront jamais les prix du riz tant qu’ils continueront à s’acquitter de ces 12,7 %. À l’enquête, il ressort que seuls les frais de douane, c’est-à-dire les 10 % appartenant au Trésor public ou Etat du Sénégal et les 0,7 % du Cosec sont des facteurs exogènes à la baisse du prix du riz. Or, les autres facteurs endogènes à savoir l’achat, le transport, la manutention et l’assurance ainsi que les 2 % de l’Uemoa ne peuvent en aucun cas être des leviers pour pouvoir réduire les prix du riz. « Donc, si le président Macky Sall fait supprimer les 10 % de la douane et le 0,7 % du Cosec, dès le lendemain, les Sénégalais pourront acheter le sac de riz parfumé à 17.000 fcfa ou le riz non-parfumé et importé à 12.000 fcfa » selon l’avis de ce grand importateur de riz. Ça, c’était le premier levier. Et le second ?
Que l’Etat soit ferme et répressif vis-à-vis des commerçants et autres boutiquiers spéculateurs. En effet, estime notre interlocuteur, « tant que des boutiquiers ne sont pas arrêtés et condamnés pour avoir défié les tarifs de l’Etat, aucune baisse ne sera appliquée » a-t-il juré.
Donc la suppression des taxes et la répression pénale constituent, sans doute, les deux seuls leviers sur lesquels le président de la République peut s’appuyer pour désamorcer la bombe rizière sur laquelle il est politiquement assis. Toutes les autres mesures, c’est du pipeau !
Malheureusement, le président Wade a péché sur le plan social avec les hausses exagérées et tapageuses des prix des denrées alimentaires : riz, huile, sucre… Sous le magistère de Me Wade, les symptômes de la « faim » avaient brouillé la vision des Sénégalais au point qu’ils ne pouvaient plus voir les belles infrastructures de sa Majesté Wade-le-Bâtisseur et de son fils Karim emprisonné actuellement à Rebeuss.
Malheureusement, un an après la « révolte des ventres » qui a conduit au renversement de son prédécesseur, le président Macky Sall peine toujours à réussir là ou Me Wade avait échoué c’est-à-dire à baisser les denrées alimentaires. Et, surtout, surtout celui du riz considéré comme notre principal aliment de base. Pourtant, au lendemain de sa prestation de serment, le président Macky Sall avait annoncé en grande pompe cette réduction de certains prix sur le riz, le sucre et l’huile, avec « effet immédiat ». Hélas, non seulement l’effet n’était pas immédiat, mais encore la mesure était sans effets. La raison principale en était que importateurs et commerçants avaient refusé d’appliquer les nouveaux tarifs sanctionnant l’accord intervenu entre les nouvelles autorités et l’Unacois dans le sens de baisser le prix du riz. Des baisses certes insignifiantes par rapport aux prix pratiqués pendant les dernières années Wade mais, pour un peuple de « goorgorlous », c’était toujours ça de gagné.
Mieux, « Le Témoin » est en mesure de vous révéler que dès l’annonce de cette « baisse » des prix, quatre principaux importateurs de riz ont immédiatement arrêté leurs opérations d’importation. « Dès que j’ai entendu le président Macky Sall annoncer que le gouvernement a pris des mesures de réduction du prix du riz, j’ai aussitôt appelé mon fournisseur pour lui demander d’arrêter. Car, je ne peux quand même pas vendre à perte ! Seuls les importateurs ayant des engagements avec les banques ont continué d’importer » nous confie un opérateur économique ayant pignon sur rue à Dakar. Prié de préciser sa pensée, notre interlocuteur ajoute : « Parce qu’ils étaient obligés d’importer et de réaliser des opérations pour payer les banques. Mais des commerçants comme moi n’ayant aucun contrat d’importation avec les banques, ont arrêté leurs opérations de riz. D’autres ont diminué leur volume d’importation pour éviter d’éventuelles mesures de baisse des prix d’ordre politique et non à soubassement économique » dit-il. Selon ce grand importateur, en effet, de telles baisses décidées sans consentement avec les importateurs pourraient créer une grave pénurie de riz au Sénégal.
Dans ces conditions, quelle peut être la meilleure solution pour faire baisser le prix du riz et pousser les importateurs à appliquer les mesures arrêtées ? D’aucuns, parmi lesquels certains experts, proposeront la solution facile — et coûteuse pour les finances publiques ! — des subventions. Subventions ? Une politique dont, de toutes façons, les importateurs ne veulent plus entendre parler puisqu’elle a déjà atteint ses limites. D’abord, ils ne font plus confiance à l’Etat du fait de la complexité et des lenteurs des procédures de paiement relatives aux subventions. Sans compter que, bien souvent, seuls certains commerçants retors profitent réellement de ces subventions, les consommateurs ne ressentant nullement les effets de la baisse que ces subventions sont sensées entraîner. Il s’y ajoute que l’Etat non plus ne se sent plus rassuré par le mécanisme de subvention avec ses nombreuses failles. Et pour cause, selon notre importateur, « certains de nos collègues importateurs véreux écoulaient le riz subventionné par l’Etat du Sénégal dans les pays de la sous-région » ajoute ce célèbre importateur.
En poussant nos investigations, nous avons trouvé deux leviers et deux seuls sur lesquels peut s’appuyer le président de la République, M. Macky Sall, pour baisser considérablement le prix du riz. Ces deux solutions, c’est la suppression des droits et taxes de douanes sur l’importation, ainsi que la répression pénale contre les importateurs et boutiquiers récalcitrants.
En plus des droits de dédouanement à l’importation (10,7 %) prélevés au port de Dakar, les taxes dites 2 % exigées par l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine), ces droits et taxes plus le prélèvement Uemoa, donc, ont fait passer les prix du riz du simple au double alors que le pouvoir d’achat n’a pas beaucoup bougé au Sénégal ces dernières années. Si ce n’est dans le sens de la diminution ! Jusqu’à nos jours, on voit des Sénégalais, pères de famille, qui touchent un salaire de 25.000 fcfa / mois, presque le prix d’un sac de riz ! En dehors de ces taxes et droits de douane de 10 % et 2 % du coût Caf, s’ajoutent les 0,7 % de taxes supplémentaires que réclame le Cosec (Conseil sénégalais des chargeurs) sur chaque conteneur ou cargaison importée. Face à un cumul de droits et taxes s’élevant à 12,7 %, les importateurs jurent qu’ils ne baisseront jamais les prix du riz tant qu’ils continueront à s’acquitter de ces 12,7 %. À l’enquête, il ressort que seuls les frais de douane, c’est-à-dire les 10 % appartenant au Trésor public ou Etat du Sénégal et les 0,7 % du Cosec sont des facteurs exogènes à la baisse du prix du riz. Or, les autres facteurs endogènes à savoir l’achat, le transport, la manutention et l’assurance ainsi que les 2 % de l’Uemoa ne peuvent en aucun cas être des leviers pour pouvoir réduire les prix du riz. « Donc, si le président Macky Sall fait supprimer les 10 % de la douane et le 0,7 % du Cosec, dès le lendemain, les Sénégalais pourront acheter le sac de riz parfumé à 17.000 fcfa ou le riz non-parfumé et importé à 12.000 fcfa » selon l’avis de ce grand importateur de riz. Ça, c’était le premier levier. Et le second ?
Que l’Etat soit ferme et répressif vis-à-vis des commerçants et autres boutiquiers spéculateurs. En effet, estime notre interlocuteur, « tant que des boutiquiers ne sont pas arrêtés et condamnés pour avoir défié les tarifs de l’Etat, aucune baisse ne sera appliquée » a-t-il juré.
Donc la suppression des taxes et la répression pénale constituent, sans doute, les deux seuls leviers sur lesquels le président de la République peut s’appuyer pour désamorcer la bombe rizière sur laquelle il est politiquement assis. Toutes les autres mesures, c’est du pipeau !
Pape NDIAYE
« Le Témoin » N° 1125 –Hebdomadaire Sénégalais ( MAI 2013)
« Le Témoin » N° 1125 –Hebdomadaire Sénégalais ( MAI 2013)