Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, force est de reconnaître que le nouveau régisseur du camp pénal de Liberté VI, M. Diadji Ndiaye, est entrain de mettre de l’ordre et de restaurer la discipline dans ce lieu de privation de liberté. Récemment nommé à la tête de cette prison, il a hérité d’une citadelle où l’anarchie, la pagaille, l’insécurité et l’indiscipline étaient érigées en règle. Pour des raisons de sécurité, il fallait mettre un terme à cette situation inadmissible. Or, la réinsertion sociale des détenus commence d’abord par la discipline en prison. Ce que le directeur de l'administration pénitentiaire, le magistrat Cheikh Tidiane Diallo, aurait certainement compris pour avoir laissé le régisseur Diadji Ndiaye prendre ses responsabilités afin de ramener de l’ordre dans cette galère. Une opération qui est en train de porter ses fruits, assurément. D’où tout le raffut et le ramdam faits depuis quelques semaines par certains prisonniers qui avaient fini de transformer ce camp pénal de Liberté VI en une zone de non-droit sur laquelle régnait une véritable mafia.
Preuve que l’opération « Augias » menée par le régisseur M. Diadji Ndiaye sur une durée d’une semaine a atteint ses objectifs : plus de 50 téléphones portables ont été saisis dans les chambres. Des appareils dont l’utilisation est strictement interdite aux détenus. Lesquels, pour passer leurs communications vers l’extérieur, disposent de cabines téléphoniques qui n’existent nulle part ailleurs en Afrique que dans les camps pénaux sénégalais. Les opérations de sécurisation menées dans les chambres par les agents de l’administration pénitentiaire ont également permis de démanteler plusieurs boutiques « clandestines ». En effet — et c’était un secret de Polichinelle — certains détenus privilégiés se livraient à un commerce florissant dans les chambres. Une activité pourtant formellement interdite par le règlement intérieur de la prison. En raison des énormes intérêts qu’elle touchait, cette vaste opération d’assaissinement ne pouvait se faire sans grand bruit. D’où le tapage médiatique et autres campagnes d’intoxication orchestrés par certains détenus. Des taulards qui, jusque dans les prisons, continuent d’accumuler des « infractions » criminelles. Appliquant à merveille la technique du « voleur qui crie au voleur » qu’ils connaissent bien — et pour cause ! —, ces malfrats ont pris les devants pour ameuter l’opinion en brandissant l’arme d’une « grève » de la faim. Des grèves de la faim au Camp pénal ? Eh bien, « Le Témoin » est en mesure de vous révéler qu’aucune menace de « grève de la faim » n’a jamais été mise en exécution à la prison de Liberté VI. Du moins ces dernières semaines. En effet, dans ce lieu de privation de libertés — de même que dans tous les établissements similaires au Sénégal —, on sait que même si les détenus mangent « mal », ils mangent quand même à leur faim. Et puis, il faut quand même avoir le courage de le dire : la population carcérale du Camp pénal est composée, en majorité, de caïds, de cambrioleurs ou de meurtriers. Bon nombre d’entre eux vivaient dans la rue lorsqu’ils étaient en liberté et il va sans dire que les trois repas quotidiens étaient un luxe qu’ils ne pouvaient se permettre. Une fois qu’ils ont maille à partir avec la justice, ils deviennent des pensionnaires du camp pénal de Liberté VI où ils purgent de lourdes peines qui sont relatives généralement à des crimes de sang. Sous d’autres cieux, ils devraient être conduits à l’abattoir par la société. Hélas, au Sénégal, où tout marche à l’envers, ce sont ces mêmes détenus qui tentent de conduire la société à la guillotine en réclamant pratiquement un traitement de princes. L’ambition est légitime ! Et surtout dans un Etat de droit comme le Sénégal. Mais enfin, il ne faut pas demander au bon Dieu sa barbe !
Les détenus pensent-ils aux conditions de vie des enfants dont ils ont canardé les parents ?
Il fallait avoir visité le camp pénal de Liberté VI ou la prison centrale de Rebeuss entre 1995 et 2000, pour se rendre compte que l’Etat a beaucoup amélioré les conditions de vie des détenus. Et sans exagérer, on peut dire qu’il y a plus de chambres de détention que de cellules disciplinaires au Camp pénal. Sans être draconniennes, ni luxueuses, les conditions de détention y sont en tout cas relativement correctes. En effet, non seulement les chambres sont équipées de téléviseurs et de ventilateurs, mais encore les toilettes sont carrelées et dotées de chaises anglaises. Les détenus recoivent régulièrement la visite de membres de leurs familles. De plus, ils ont droit à des coups de téléphone réglementaires à partir de la cabine pénitentiaire.
Mieux, dès son arrivée au camp pénal de Liberté VI, le nouveau régisseur, M. Diadji Ndiaye, s’est transformé en médiateur social pour régler certains différends entre des détenus et des membres de leur famille afin de faciliter la réinsertion sociale des personnes en délicatesse avec la loi. Capricieux et exigeants, les détenus réclament une bonne qualité des repas c’est-à-dire des pizzas, des croissants au beurre, du riz aux crevettes ou des poulets etc… On exagère à peine. Soyons sérieux ! Même chez le Sénégalais moyen, il existe des jours où, à la maison, l’on se contente de « thiébou kédiakh » ou de « sombi » à plus forte raison dans un monde carcéral où c’est l’Etat qui, malgré ses difficultés financières, nourrit, loge et blanchit les pensionnaires. Lesquels — surtout pour les condamnés pour des crimes de sang — n’ont pas sorti le moindre franc pour dédommager les ayants droit de leurs victimes. En dehors de la peine privative de liberté, combien de fois la cour d’assises n’a-t-elle pas condamné des accusés à payer des dommages et intérêts estimés à plusieurs millions fcfa aux parents de leurs victimes ? Dieu sait qu’aucun condamné au Sénégal n’a jusqu’ici réussi à payer le moindre franc de dommages et intérêts. Ce qui n’empêche pas l’Etat de leur garantir de bonnes conditions de détention. Et ils se permettent en plus de revendiquer des prestations dignes d’un hôtel 5 étoiles ! Pensez-vous qu’un détenu du Camp pénal puisse rassembler dans sa cellule des sommes allant de 5 millions fcfa à 20 millions fcfa pour dédommager qui que ce soit ? Même à leur sortie au bout de 5 ans ou 20 ans, s’ils ne sont pas condamnés à perpétuité, ils pensent à autre chose — comme se « rebâtir » une nouvelle vie — qu’à verser des dédommagments. Egoiste devant l’Eternel, l’assassin pensionnaire du Camp pénal ne pense même pas aux conditions de vie des enfants dont il a canardé le père commerçant lors d’un cambriolage avorté. Comme ce fut le cas lors du cambriolage de l’Unité 4 des Parcelles Assainies au cours duquel le vieux commerçant Djiby Sarr avait été froidement abattu par des bandits alors que, alerté par un bruit suspect, il jetait seulement un coup d’œil sur son magasin à partir de son balcon. Que sont devenus ses enfants et ses veuves ? Et leurs conditions de vie ? En tout cas, si le ministre de la Justice, Mme Aminata « Mimi » Touré et le directeur de l’Administration pénitentiaire, M. Cheikh Tidiane Diallo, prenaient le budget destiné à améliorer la qualité des repas servis au Camp pénal de Liberté VI pour le verser aux veuves et aux orphelins du vieux Djiby Sarr, ce ne serait que justice… N’en déplaise aux organisations de défense des droits de l’homme !
Pape NDIAYE
« Le Témoin » N° 1126 –Hebdomadaire Sénégalais (JUIN 2013)