La grève « de la faim » déclenchée par les détenus du Camp pénal de Liberté VI avait ému plus d’un dans l’opinion nationale. En effet, beaucoup d’âmes sensibles ne pouvaient pas comprendre que des gens privés de liberté soient en plus maltraités au point d’être poussés à observer une grève de la faim. Déjà qu’ils ne sont pas correctement alimentés ! Des détenus, donc, obligés d’observer un mouvement d’humeur pour se faire entendre afin que leurs conditions de vie soient améliorées et que leurs droits humains soient respectés. Connu pour sa disponibilité et son engagement pour le respect des droits humains, le nouveau ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Me Sidiki Kaba a, aussitôt qu’il a appris cette fronde, réagi en envoyant sur les lieux une équipe d’enquêteurs. Lesquels avaient pour mission d’entendre le régisseur Djadji Ndiaye et les détenus tout en visitant les lieux dans le but d’en dresser l’état. Le tout pour pouvoir déterminer les causes des remous enregistrés. La problématique des prisons constituant une priorité pour le tout-nouveau ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba, les choses sont allées très vite. En effet, au bout d’une semaine, les enquêteurs ont déjà déposé leur rapport sur la table du ministre de la Justice, Garde des Sceaux. » Un rapport qui a permis de cerner les tenants et aboutissants de cette grève « de la faim » qui a secoué le camp pénal de Liberté VI il y a une dizaine de jours.
D’abord, il faut savoir que le surpeuplement est le problème fondamental du Camp pénal. Il en est de même d’ailleurs dans toutes les autres prisons du Sénégal. Un surpeuplement qui ne favorise pas de bonnes conditions de vie carcérales. Ce qui fait que, d’une manière générale, les détenus vivent dans des conditions déplorables et lamentables. Naturellement, cette situation ne résulte ni de la volonté du directeur de l’Administration pénitentiaire, ni de celle du régisseur du Camp pénal puisqu’elle est provoquée par le désintérêt des pouvoirs publics vis-à-vis de nos prisons. À l’analyse, on pourrait dire que la situation de ces dernières reflète une volonté cynique de ces mêmes pouvoirs publics de corser davantage les peines des détenus, surtout ceux d’entre eux condamnés pour des actes de grand banditisme comme les meurtres, les assassinats, les viols et autres cambriolages à main armée. Des caïds qui, malgré les dures conditions de détention que déplorent certains d’entre eux emprisonnés au Camp pénal, ne se sont pas pour autant repentis en milieu carcéral. En effet, malgré les lourdes peines auxquelles ils ont été condamnés, certains détenus du pénitencier de Liberté 6 continuent de se comporter comme lorsqu’ils étaient en liberté. Certes, ce n’est pas la vie de château au Camp pénal comme dans tous les lieux de privation de libertés au Sénégal, mais ce n’est pas non plus le goulag. A ce titre, c’est sûr, tout n’est pas rose. Mais il ne convient pas pour autant de noircir plus que de raison le tableau ! De ce point de vue, tout n’a pas été dit sur les causes de cette grève.
Lesquelles sont avant tout d’ordre disciplinaire. En effet, le régisseur, M. Djadji Ndiaye a hérité d'une citadelle où l'anarchie, la pagaille, l'insécurité et l'indiscipline étaient érigées en règle. Condamnés à de très lourdes peines de prison, et souvent même à la réclusion criminelle à perpétuité, certains prisonniers, n’ayant plus rien à perdre dans la vie, ont fini par transformer le Camp pénal en une sorte de Far-west. La situation était tellement pourrie dans cette prison qu’il a fallu au nouveau régisseur plusieurs mois de travail acharné pour débarrasser toutes les chambres des objets cachés et des commerces illicites qui y prospéraient. Pour mettre fin à l’insécurité qui y régnait, le régisseur avait entamé plusieurs opérations de sécurisation des lieux. Seulement voilà, l’opération de la semaine dernière était celle de trop aux yeux de certains détenus. Selon un observateur officiellement déployé sur les lieux, plus de 150 téléphones portables ont été saisis dans les chambres. Parmi ces téléphones, des appareils high-tech comme les « Black Berry » et les « Iphone » avec lesquels les détenus se connectaient à l’Internet. Cette gigantesque fouille a également permis à la direction de la prison de démanteler certaines « boutiques » où l’on vendait du café Touba, des cigarettes, du thé etc. A la suite de quoi, pour éviter que les réseaux maffieux ne se reconstituent, des mesures disciplinaires avaient été prises par le régisseur. À cet effet, des chefs de chambre et des prisonniers récidivistes ont été mutés vers d’autres pièces. Ce sont justement ces mutations qui ont secoué la prison puisque les détenus concernés s’y sont opposés. Et sonné la résistance ! « Un détenu aurait même déclaré à qui veut l’entendre qu’il préfère aller en cellule disciplinaire plutôt que d’être muté… » nous confie un observateur officiellement déployé sur les lieux. En analysant les raisons de cette révolte silencieuse, les gardes pénitentiaires se sont rendus compte que des détenus vivaient en « couple » depuis plusieurs années. Cette longue cohabitation a favorisé des « nids » de coucous où ces taulards entretenaient des actes contre-nature. D’où le refus acharné de certains de quitter leur « partenaire » pour migrer vers une autre chambre. Faisant d’une pierre deux coups, le régisseur Djadji Ndiaye a profité de l’occasion pour faire raser à nu tous les prisonniers « rastamen » conformément aux lois et règlements disciplinaires des prisons.
Au Camp pénal de Liberté VI, comme dans chaque établissement pénitentiaire, une commission de discipline se réunit régulièrement pour statuer sur les comportements physiques, vestimentaires ou moraux des prisonniers. Le règlement dispose notamment que les personnes détenues qui n’ont pas respecté les règles de vie en détention peuvent être sanctionnées. C’est ce qui semble avoir été le cas au Camp pénal. En effet, si la prison, censée punir ou corriger le criminel, devient un haut lieu de délinquance, mieux vaut démolir toutes les maisons pénales et libérer les détenus. Quant aux conditions de détention et d’alimentation, c’est vrai qu’elles doivent être améliorées. Ce qui ne saurait se faire du jour au lendemain même si le Camp pénal ou la prison de Rebeuss avait comme régisseur un prince du Qatar. Le problème de nos prisons est d’ordre structurel et budgétaire. Comme quoi, tant que le surpeuplement y persistera, les conditions de détention resteront préoccupantes. Et si en plus de cela une indiscipline des pensionnaires doit s’y ajouter...
Pape NDIAYE
Témoin » N° 1137 –Hebdomadaire Sénégalais (Septembre 2013)
D’abord, il faut savoir que le surpeuplement est le problème fondamental du Camp pénal. Il en est de même d’ailleurs dans toutes les autres prisons du Sénégal. Un surpeuplement qui ne favorise pas de bonnes conditions de vie carcérales. Ce qui fait que, d’une manière générale, les détenus vivent dans des conditions déplorables et lamentables. Naturellement, cette situation ne résulte ni de la volonté du directeur de l’Administration pénitentiaire, ni de celle du régisseur du Camp pénal puisqu’elle est provoquée par le désintérêt des pouvoirs publics vis-à-vis de nos prisons. À l’analyse, on pourrait dire que la situation de ces dernières reflète une volonté cynique de ces mêmes pouvoirs publics de corser davantage les peines des détenus, surtout ceux d’entre eux condamnés pour des actes de grand banditisme comme les meurtres, les assassinats, les viols et autres cambriolages à main armée. Des caïds qui, malgré les dures conditions de détention que déplorent certains d’entre eux emprisonnés au Camp pénal, ne se sont pas pour autant repentis en milieu carcéral. En effet, malgré les lourdes peines auxquelles ils ont été condamnés, certains détenus du pénitencier de Liberté 6 continuent de se comporter comme lorsqu’ils étaient en liberté. Certes, ce n’est pas la vie de château au Camp pénal comme dans tous les lieux de privation de libertés au Sénégal, mais ce n’est pas non plus le goulag. A ce titre, c’est sûr, tout n’est pas rose. Mais il ne convient pas pour autant de noircir plus que de raison le tableau ! De ce point de vue, tout n’a pas été dit sur les causes de cette grève.
Lesquelles sont avant tout d’ordre disciplinaire. En effet, le régisseur, M. Djadji Ndiaye a hérité d'une citadelle où l'anarchie, la pagaille, l'insécurité et l'indiscipline étaient érigées en règle. Condamnés à de très lourdes peines de prison, et souvent même à la réclusion criminelle à perpétuité, certains prisonniers, n’ayant plus rien à perdre dans la vie, ont fini par transformer le Camp pénal en une sorte de Far-west. La situation était tellement pourrie dans cette prison qu’il a fallu au nouveau régisseur plusieurs mois de travail acharné pour débarrasser toutes les chambres des objets cachés et des commerces illicites qui y prospéraient. Pour mettre fin à l’insécurité qui y régnait, le régisseur avait entamé plusieurs opérations de sécurisation des lieux. Seulement voilà, l’opération de la semaine dernière était celle de trop aux yeux de certains détenus. Selon un observateur officiellement déployé sur les lieux, plus de 150 téléphones portables ont été saisis dans les chambres. Parmi ces téléphones, des appareils high-tech comme les « Black Berry » et les « Iphone » avec lesquels les détenus se connectaient à l’Internet. Cette gigantesque fouille a également permis à la direction de la prison de démanteler certaines « boutiques » où l’on vendait du café Touba, des cigarettes, du thé etc. A la suite de quoi, pour éviter que les réseaux maffieux ne se reconstituent, des mesures disciplinaires avaient été prises par le régisseur. À cet effet, des chefs de chambre et des prisonniers récidivistes ont été mutés vers d’autres pièces. Ce sont justement ces mutations qui ont secoué la prison puisque les détenus concernés s’y sont opposés. Et sonné la résistance ! « Un détenu aurait même déclaré à qui veut l’entendre qu’il préfère aller en cellule disciplinaire plutôt que d’être muté… » nous confie un observateur officiellement déployé sur les lieux. En analysant les raisons de cette révolte silencieuse, les gardes pénitentiaires se sont rendus compte que des détenus vivaient en « couple » depuis plusieurs années. Cette longue cohabitation a favorisé des « nids » de coucous où ces taulards entretenaient des actes contre-nature. D’où le refus acharné de certains de quitter leur « partenaire » pour migrer vers une autre chambre. Faisant d’une pierre deux coups, le régisseur Djadji Ndiaye a profité de l’occasion pour faire raser à nu tous les prisonniers « rastamen » conformément aux lois et règlements disciplinaires des prisons.
Au Camp pénal de Liberté VI, comme dans chaque établissement pénitentiaire, une commission de discipline se réunit régulièrement pour statuer sur les comportements physiques, vestimentaires ou moraux des prisonniers. Le règlement dispose notamment que les personnes détenues qui n’ont pas respecté les règles de vie en détention peuvent être sanctionnées. C’est ce qui semble avoir été le cas au Camp pénal. En effet, si la prison, censée punir ou corriger le criminel, devient un haut lieu de délinquance, mieux vaut démolir toutes les maisons pénales et libérer les détenus. Quant aux conditions de détention et d’alimentation, c’est vrai qu’elles doivent être améliorées. Ce qui ne saurait se faire du jour au lendemain même si le Camp pénal ou la prison de Rebeuss avait comme régisseur un prince du Qatar. Le problème de nos prisons est d’ordre structurel et budgétaire. Comme quoi, tant que le surpeuplement y persistera, les conditions de détention resteront préoccupantes. Et si en plus de cela une indiscipline des pensionnaires doit s’y ajouter...
Pape NDIAYE
Témoin » N° 1137 –Hebdomadaire Sénégalais (Septembre 2013)