PARIS — Libertés étouffées, insécurité, crise sociale et économique: des membres de la société civile tchadienne ont dressé un bilan désastreux du Tchad, un an après l'offensive rebelle qui avait fait vaciller le régime d'Idriss Deby, et ont déploré le "silence assourdissant" de la France.
Les trois membres de la délégation tchadienne, en visite à Paris puis à Bruxelles, espèrent attirer l'attention des autorités françaises et européennes sur une situation qui selon eux n'a cessé de se dégrader depuis l'attaque rebelle sur N'Djamena, les 2 et 3 février 2008.
"La démocratie tchadienne est en faillite", a résumé Tenabaye Massalbaye, président de la Ligue tchadienne des droits de l'Homme (LTDH), lors d'une conférence de presse mardi à Paris.
"Il y a une présence massive de militaires dans les rues, aucune manifestation n'est acceptée, la presse est mise au pas, il y a des rumeurs persistantes de disparitions et d'assassinats, notamment dans l'est" du pays, a-t-il énuméré.
Le climat s'est encore alourdi avec la récente annonce de l'unification de tous les mouvements rebelles tchadiens et leur menace de renverser Deby.
Pour M. Massalbaye, aucune leçon n'a été tirée depuis un an, et le pouvoir n'a jamais donné aucune réponse aux questions soulevées par une commission d'enquête tchadienne mise en place après l'offensive rebelle des 2 et 3 février 2008.
Le pouvoir du président Deby avait alors vacillé avant de reprendre la main, avec le soutien de la France, et au terme de combats ayant fait des centaines de morts.
Aucune enquête n'a jamais été engagée sur la disparition de l'opposant Ibni Oumar Mohamat Saleh, enlevé par des militaires tchadiens lors de l'offensive et présumé mort depuis, a rappelé M. Massalbaye.
"Nous n'avons pas plus d'informations sur les lieux secrets de détention mis en place par le régime et le sort de quelque 400 prisonniers de guerre", évoqués dans le rapport de la commission d'enquête, a-t-il ajouté.
Enfin, le gouvernement n'a jamais aboli une ordonnance prise après l'attaque et imposant des restrictions drastiques à la presse dans le cadre de l'état d'urgence.
L'avocate Delphine Djiraibé, membre de la délégation, a regretté "le silence assourdissant" de la France, qui avait à l'époque fait pression pour la mise en place d'une commission d'enquête.
"Paris continue à collaborer avec Deby comme si de rien n'était", a-t-elle déploré.
De manière générale, "la politique de la France au Tchad est difficilement lisible", a estimé Mme Djiraibé, en indiquant "avoir le sentiment de prêcher dans le désert".
L'avocate a de nouveau appelé Paris à soutenir un dialogue politique large au Tchad, incluant l'opposition mais aussi les rebelles. "On est dans une impasse, il faut parler avec eux. Une victoire militaire au Tchad n'est jamais définitive et les rébellions renaissent toujours de leurs cendres", a-t-elle rappelé.
Président de l'Union des Syndicats du Tchad (UST), Michel Barka a pour sa part évoqué "le calvaire" des Tchadiens et leurs "espoirs déçus" face à la rente pétrolière, dans un pays qui produit 170.000 barils/jour et reçoit environ 750 millions d'euros de recettes de l'or noir par an.
"Le gouvernement ne s'en cache pas lui-même: il achète des armes avec l'argent du pétrole", a déclaré M. Barka. Dans le même temps, 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et le prix du sac de riz a quasiment doublé récemment.
Les trois membres de la délégation tchadienne, en visite à Paris puis à Bruxelles, espèrent attirer l'attention des autorités françaises et européennes sur une situation qui selon eux n'a cessé de se dégrader depuis l'attaque rebelle sur N'Djamena, les 2 et 3 février 2008.
"La démocratie tchadienne est en faillite", a résumé Tenabaye Massalbaye, président de la Ligue tchadienne des droits de l'Homme (LTDH), lors d'une conférence de presse mardi à Paris.
"Il y a une présence massive de militaires dans les rues, aucune manifestation n'est acceptée, la presse est mise au pas, il y a des rumeurs persistantes de disparitions et d'assassinats, notamment dans l'est" du pays, a-t-il énuméré.
Le climat s'est encore alourdi avec la récente annonce de l'unification de tous les mouvements rebelles tchadiens et leur menace de renverser Deby.
Pour M. Massalbaye, aucune leçon n'a été tirée depuis un an, et le pouvoir n'a jamais donné aucune réponse aux questions soulevées par une commission d'enquête tchadienne mise en place après l'offensive rebelle des 2 et 3 février 2008.
Le pouvoir du président Deby avait alors vacillé avant de reprendre la main, avec le soutien de la France, et au terme de combats ayant fait des centaines de morts.
Aucune enquête n'a jamais été engagée sur la disparition de l'opposant Ibni Oumar Mohamat Saleh, enlevé par des militaires tchadiens lors de l'offensive et présumé mort depuis, a rappelé M. Massalbaye.
"Nous n'avons pas plus d'informations sur les lieux secrets de détention mis en place par le régime et le sort de quelque 400 prisonniers de guerre", évoqués dans le rapport de la commission d'enquête, a-t-il ajouté.
Enfin, le gouvernement n'a jamais aboli une ordonnance prise après l'attaque et imposant des restrictions drastiques à la presse dans le cadre de l'état d'urgence.
L'avocate Delphine Djiraibé, membre de la délégation, a regretté "le silence assourdissant" de la France, qui avait à l'époque fait pression pour la mise en place d'une commission d'enquête.
"Paris continue à collaborer avec Deby comme si de rien n'était", a-t-elle déploré.
De manière générale, "la politique de la France au Tchad est difficilement lisible", a estimé Mme Djiraibé, en indiquant "avoir le sentiment de prêcher dans le désert".
L'avocate a de nouveau appelé Paris à soutenir un dialogue politique large au Tchad, incluant l'opposition mais aussi les rebelles. "On est dans une impasse, il faut parler avec eux. Une victoire militaire au Tchad n'est jamais définitive et les rébellions renaissent toujours de leurs cendres", a-t-elle rappelé.
Président de l'Union des Syndicats du Tchad (UST), Michel Barka a pour sa part évoqué "le calvaire" des Tchadiens et leurs "espoirs déçus" face à la rente pétrolière, dans un pays qui produit 170.000 barils/jour et reçoit environ 750 millions d'euros de recettes de l'or noir par an.
"Le gouvernement ne s'en cache pas lui-même: il achète des armes avec l'argent du pétrole", a déclaré M. Barka. Dans le même temps, 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et le prix du sac de riz a quasiment doublé récemment.