Abusofian Abdelrazik est bloqué depuis un an dans l'ambassade du Canada au Soudan.
Le 28 avril est un anniversaire bien spécial pour le Montréalais Abusofian Abdelrazik. Cela fait maintenant un an qu'il vit, mange et dort dans l'entrée de l'ambassade du Canada à Khartoum, faute d'être autorisé à rentrer au pays.
Abusofian Abdelrazik n'est pas prisonnier des geôles de Guantanamo comme Omar Khadr, mais l'histoire qu'il vit en ce moment a au moins un point commun: le gouvernement conservateur n'est pas pressé de le voir embarquer dans le premier avion pour Montréal.
Le ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon a même refusé il y a peu de lui émettre un passeport d'urgence afin que ce citoyen canadien puisse quitter le Soudan le 3 avril.
Plus d'une centaine de Canadiens avaient pourtant mis la main au portefeuille afin de lui payer un billet de retour. Peine perdue. Le ministre s'était justifié en invoquant le fait que le nom d'Abdelrazik est placé depuis 2006 sur la liste noire du Conseil de sécurité des Nations unies (et de plusieurs autres organismes internationaux) en vertu de la résolution 1267. L'autoriser à rentrer violerait les obligations internationales du Canada, avait argué le ministre.
Ce dernier avait plutôt renvoyé la balle dans le camp du Montréalais en lui demandant de s'occuper lui-même de faire radier son nom de la liste onusienne. Mission quasiment impossible.
Cannon «s'entête»
«Le ministre a pris une décision politique, plus que légale et fondée en droit, déplore l'avocate de Abdelrazik, Audrey Brousseau. Il s'entête. C'est un gouvernement qui n'est pas sensible au concept de citoyenneté, de droit.»
Cette liste, dont la dernière révision remonte au 20 avril, comporte des dizaines de noms de «personnes et entités associées à Al-Qaida, à Oussama ben Laden ou aux talibans où qu'elles se trouvent» Figurer sur cette liste implique notamment un gel de ses avoirs et une interdiction de voyager.
Les Nations unies ont cependant prévu trois dérogations à l'interdiction de vol. L'une d'elles stipule que: « ...aucune disposition du présent paragraphe n'oblige un État à refuser à ses propres ressortissants d'entrer sur son territoire ou à exiger d'eux qu'ils quittent le territoire.»
Le Montréalais serait donc en droit d'entrer sur le sol canadien... à condition qu'il traverse le monde entier ou presque et se pointe à sa frontière. Une autre mission impossible.
Abusofian Abdelrazik est bloqué depuis un an dans l'ambassade du Canada au Soudan.
Les avocats et les supporters de Abdelrazik n'ont pas dit leur dernier mot. Les 7 et 8 mai prochain, ceux-ci vont demander à la Cour supérieure de l'Ontario de forcer le gouvernement «à rapatrier Abusofian par tous les moyens sécuritaires à sa disposition».
«C'est la même Cour qui a ordonné au gouvernement Harper de rapatrier Omar Khadr, se réjouit Audrey Brousseau. C'est une jurisprudence importante en la matière. Le remède que l'on recherche pour M. Abdelrazik est le même.»
Emprisonné à deux reprises
Abdelrazik a quitté Montréal en mars 2003 pour se rendre dans sa famille au Soudan. Avant son départ, celui-ci avait été placé sous surveillance par les autorités en raison de ses fréquentations jugées suspectes dans les milieux du terrorisme islamique montréalais.Il figure aussi parmi la liste des cinq individus que Adil Charkaoui n'a pas le droit de contacter ou de rencontrer.
Dans un sommaire concernant Adil Charkaoui déposé en Cour fédérale par le SCRS en 2008, il est mentionné que Abdelrazik «a reçu une formation au camp d'entraînement de Khalden, en Afghanistan, en 1996».
Tout ceci explique peut-être pourquoi à peine arrivé, Abdelrazik a été arrêté et emprisonné par les services de sécurité soudanais. Libéré une première fois en juillet 2004, il est arrêté à nouveau en novembre 2005 pour être libéré neuf mois plus tard, sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui.
C'est parce qu'il se sentait à nouveau en danger qu'il s'est précipité dans les locaux de l'ambassade le 28 avril 2008. Il n'en est plus sorti depuis, même pas pour prendre l'air. Ses distractions sont rares, voire inexistantes. L'appel téléphonique quotidien de ses avocats canadiens et les lettres envoyées par ses «supporters» lui permettent de suivre à distance les efforts déployés ici pour le sortir de cette situation rocambolesque.
«Ce ne sont pas des conditions de vie souhaitables, explique Me Audrey Brousseau. Il se déplace d'une pièce à l'autre selon les moments de la journée. Et le personnel n'est pas des plus agréables (avec lui).»
ruefrontenac.com
Abusofian Abdelrazik n'est pas prisonnier des geôles de Guantanamo comme Omar Khadr, mais l'histoire qu'il vit en ce moment a au moins un point commun: le gouvernement conservateur n'est pas pressé de le voir embarquer dans le premier avion pour Montréal.
Le ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon a même refusé il y a peu de lui émettre un passeport d'urgence afin que ce citoyen canadien puisse quitter le Soudan le 3 avril.
Plus d'une centaine de Canadiens avaient pourtant mis la main au portefeuille afin de lui payer un billet de retour. Peine perdue. Le ministre s'était justifié en invoquant le fait que le nom d'Abdelrazik est placé depuis 2006 sur la liste noire du Conseil de sécurité des Nations unies (et de plusieurs autres organismes internationaux) en vertu de la résolution 1267. L'autoriser à rentrer violerait les obligations internationales du Canada, avait argué le ministre.
Ce dernier avait plutôt renvoyé la balle dans le camp du Montréalais en lui demandant de s'occuper lui-même de faire radier son nom de la liste onusienne. Mission quasiment impossible.
Cannon «s'entête»
«Le ministre a pris une décision politique, plus que légale et fondée en droit, déplore l'avocate de Abdelrazik, Audrey Brousseau. Il s'entête. C'est un gouvernement qui n'est pas sensible au concept de citoyenneté, de droit.»
Cette liste, dont la dernière révision remonte au 20 avril, comporte des dizaines de noms de «personnes et entités associées à Al-Qaida, à Oussama ben Laden ou aux talibans où qu'elles se trouvent» Figurer sur cette liste implique notamment un gel de ses avoirs et une interdiction de voyager.
Les Nations unies ont cependant prévu trois dérogations à l'interdiction de vol. L'une d'elles stipule que: « ...aucune disposition du présent paragraphe n'oblige un État à refuser à ses propres ressortissants d'entrer sur son territoire ou à exiger d'eux qu'ils quittent le territoire.»
Le Montréalais serait donc en droit d'entrer sur le sol canadien... à condition qu'il traverse le monde entier ou presque et se pointe à sa frontière. Une autre mission impossible.
Abusofian Abdelrazik est bloqué depuis un an dans l'ambassade du Canada au Soudan.
Les avocats et les supporters de Abdelrazik n'ont pas dit leur dernier mot. Les 7 et 8 mai prochain, ceux-ci vont demander à la Cour supérieure de l'Ontario de forcer le gouvernement «à rapatrier Abusofian par tous les moyens sécuritaires à sa disposition».
«C'est la même Cour qui a ordonné au gouvernement Harper de rapatrier Omar Khadr, se réjouit Audrey Brousseau. C'est une jurisprudence importante en la matière. Le remède que l'on recherche pour M. Abdelrazik est le même.»
Emprisonné à deux reprises
Abdelrazik a quitté Montréal en mars 2003 pour se rendre dans sa famille au Soudan. Avant son départ, celui-ci avait été placé sous surveillance par les autorités en raison de ses fréquentations jugées suspectes dans les milieux du terrorisme islamique montréalais.Il figure aussi parmi la liste des cinq individus que Adil Charkaoui n'a pas le droit de contacter ou de rencontrer.
Dans un sommaire concernant Adil Charkaoui déposé en Cour fédérale par le SCRS en 2008, il est mentionné que Abdelrazik «a reçu une formation au camp d'entraînement de Khalden, en Afghanistan, en 1996».
Tout ceci explique peut-être pourquoi à peine arrivé, Abdelrazik a été arrêté et emprisonné par les services de sécurité soudanais. Libéré une première fois en juillet 2004, il est arrêté à nouveau en novembre 2005 pour être libéré neuf mois plus tard, sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui.
C'est parce qu'il se sentait à nouveau en danger qu'il s'est précipité dans les locaux de l'ambassade le 28 avril 2008. Il n'en est plus sorti depuis, même pas pour prendre l'air. Ses distractions sont rares, voire inexistantes. L'appel téléphonique quotidien de ses avocats canadiens et les lettres envoyées par ses «supporters» lui permettent de suivre à distance les efforts déployés ici pour le sortir de cette situation rocambolesque.
«Ce ne sont pas des conditions de vie souhaitables, explique Me Audrey Brousseau. Il se déplace d'une pièce à l'autre selon les moments de la journée. Et le personnel n'est pas des plus agréables (avec lui).»
ruefrontenac.com