Omar el-Béchir accueilli, hier au Darfour, par des milliers de partisans.
Enseignant-chercheur au département de science politique de la Sorbonne (Paris 1), spécialiste du droit humanitaire et des ONG (organisations non gouvernementales), Philippe Ryfman siège également au conseil d'administration d'Action contre la faim, une des ONG jugées indésirables au Darfour par le régime soudanais.
« Sud Ouest ».
Les nouvelles menaces proférées par Omar el-Béchir doivent-elles être prises au sérieux ?
Philippe Ryfman. Oui, la situation est très préoccupante. Les informations restent entourées d'un certain flou, mais ce sont bel et bien 10 à 15 ONG qui sont en voie d'expulsion. Leurs bureaux ont été fermés, leurs comptes bancaires saisis et les opérations interrompues. Dans le bras de fer qu'il a entamé avec la communauté internationale, le gouvernement el-Béchir peut maintenant être tenté de s'en prendre au CICR (Comité international de la Croix-Rouge) et aux agences onusiennes.
Dans les milieux internationaux, on pronostiquait d'ailleurs une autre stratégie de la part du Soudan : d'abord l'éviction de l'ONU, ensuite les ONG.
Comment les ONG déclarées indésirables ont-elles été « sélectionnées » ?
Au plan technique, ces ONG distribuaient 70 à 80 % de l'aide humanitaire au Darfour. Plus de 2 millions de personnes en bénéficient, des personnes déplacées par le conflit et qui séjournent dans d'immenses camps.
Elles sont totalement dépendantes de l'aide pour leurs besoins alimentaires, l'accès à l'eau et à la santé.
Dans un premier temps, la survie de tous ces gens pourra être assurée sur les stocks, mais ça ne va pas durer longtemps.
Il faut bien comprendre que les agences onusiennes ne peuvent pas prendre le relais des ONG sur ces questions.
Le gouvernement el-Béchir prend la population du Darfour en otage pour faire pression sur la communauté internationale et faire réagir le Conseil de sécurité de l'ONU. On peut émettre des doutes sur l'efficacité de cette méthode, puisque la situation des civils est un des points qui justifient le mandat d'arrêt délivré par la Cour pénale internationale.
L'inculpation d'el-Béchir par la Cour pénale internationale (CPI) valait-elle de tels risques pour la population du Darfour ?
Il est difficile d'imputer à la CPI des développements qui sont totalement étrangers à l'action des ONG sur le terrain. Les ONG visées ne militent pas pour les droits de l'homme, elles ne collaborent pas avec la CPI. Elles se cantonnaient au registre de l'aide humanitaire en travaillant au Darfour avec l'agrément du gouvernement soudanais.
Quand le gouvernement el-Béchir indique que les ONG doivent respecter les lois soudanaises, on ne peut que répondre que c'est le cas. On est dans l'instrumentalisation pure et simple.
« Sud Ouest ».
Les nouvelles menaces proférées par Omar el-Béchir doivent-elles être prises au sérieux ?
Philippe Ryfman. Oui, la situation est très préoccupante. Les informations restent entourées d'un certain flou, mais ce sont bel et bien 10 à 15 ONG qui sont en voie d'expulsion. Leurs bureaux ont été fermés, leurs comptes bancaires saisis et les opérations interrompues. Dans le bras de fer qu'il a entamé avec la communauté internationale, le gouvernement el-Béchir peut maintenant être tenté de s'en prendre au CICR (Comité international de la Croix-Rouge) et aux agences onusiennes.
Dans les milieux internationaux, on pronostiquait d'ailleurs une autre stratégie de la part du Soudan : d'abord l'éviction de l'ONU, ensuite les ONG.
Comment les ONG déclarées indésirables ont-elles été « sélectionnées » ?
Au plan technique, ces ONG distribuaient 70 à 80 % de l'aide humanitaire au Darfour. Plus de 2 millions de personnes en bénéficient, des personnes déplacées par le conflit et qui séjournent dans d'immenses camps.
Elles sont totalement dépendantes de l'aide pour leurs besoins alimentaires, l'accès à l'eau et à la santé.
Dans un premier temps, la survie de tous ces gens pourra être assurée sur les stocks, mais ça ne va pas durer longtemps.
Il faut bien comprendre que les agences onusiennes ne peuvent pas prendre le relais des ONG sur ces questions.
Le gouvernement el-Béchir prend la population du Darfour en otage pour faire pression sur la communauté internationale et faire réagir le Conseil de sécurité de l'ONU. On peut émettre des doutes sur l'efficacité de cette méthode, puisque la situation des civils est un des points qui justifient le mandat d'arrêt délivré par la Cour pénale internationale.
L'inculpation d'el-Béchir par la Cour pénale internationale (CPI) valait-elle de tels risques pour la population du Darfour ?
Il est difficile d'imputer à la CPI des développements qui sont totalement étrangers à l'action des ONG sur le terrain. Les ONG visées ne militent pas pour les droits de l'homme, elles ne collaborent pas avec la CPI. Elles se cantonnaient au registre de l'aide humanitaire en travaillant au Darfour avec l'agrément du gouvernement soudanais.
Quand le gouvernement el-Béchir indique que les ONG doivent respecter les lois soudanaises, on ne peut que répondre que c'est le cas. On est dans l'instrumentalisation pure et simple.