La route où a été tué le diplomate américain à Khartoum, le 1er janvier 2008
KHARTOUM — Des militants islamistes soudanais jugés pour le meurtre d'un diplomate américain et de son chauffeur ont plaidé leur innocence mercredi, tout en affirmant que tuer des Américains était "une bonne chose". John Granville, 33 ans, qui travaillait pour l'Agence américaine pour le développement international (USAID), et son chauffeur soudanais Abdel Rahman Abbas, 40 ans, avaient été tués par balle dans leur voiture aux premières heures du Jour de l'an 2008. Quatre hommes sont accusés d'avoir perpétré le crime, et un cinquième d'avoir planifié l'attaque sans participer au double meurtre. Les accusés avaient avoué le meurtre dans un interrogatoire filmé par la police, diffusé à l'audience en septembre. "Tuer des Américains est une bonne chose, mais nous n'avons pas commis ce crime", a déclaré l'un des accusés, Mohammed Makawi, 23 ans, devant la cour de Khartoum nord, selon un journaliste de l'AFP. Mohammed Makawi, Abdelbasset al-Hajj al-Hassan et Mohammed Osmane Youssef ont affirmé avoir fait de faux aveux sous la torture, accusant le régime du président Omar el-Béchir d'encourager le jihad - guerre sainte - mais de punir ceux qui en sont accusés. "Ils incitent les gens au jihad contre les +koffar+ (impies) mais lorsque des croyants sont accusés de passer à l'acte, ils les battent", a déclaré M. Makawi. "Les leaders du régime devraient être jugés parce qu'ils ont poussé des gens au jihad", a renchéri Mohammed Osmane Youssef. L'un des cinq accusés est le fils du chef d'un groupe musulman pacifique soudanais, Ansar al-Sunna, sans activité politique mais lié au wahhabisme, une forme stricte de l'islam dominante en Arabie saoudite. Les autres sont un étudiant, un commerçant, un ancien agent de sécurité et un chauffeur. "Les leaders du régime devraient être jugés parce qu'ils ont poussé des gens au jihad", a renchéri Mohammed Osmane Youssef. Les Etats-Unis entretiennent des relations tendues avec le Soudan, notamment en raison du conflit du Darfour (ouest) où Washington a accusé Khartoum de commettre un génocide. Les agents du FBI ont néanmoins collaboré étroitement avec les enquêteurs soudanais dans ce dossier. Une autre audience est prévue la semaine prochaine. Les accusés risquent la pendaison.