Photo: UNICEF WCARGO/G.Pirozzi
Les populations tchadiennes ont besoin d'être protégées contre les attaques des bandits, des rebelles et des milices. Le déploiement d'une mission de maintien de la paix UE-NU - Union européenne-Nations Unies - est prévue en février
NDJAMENA, 14 janvier 2008 (IRIN) - Face aux groupes rebelles tchadiens en mutation constante, à la fréquence des affrontements intercommunautaires et à l’intensification des tensions avec le Soudan voisin, certains responsables humanitaires tchadiens craignent que la présence prévue, et simultanée, des forces militaires et policières des Nations Unies et de l’Union européenne (UE) ne fasse qu’ajouter à la confusion qui règne dans le pays.
« Nous avons nos questions sur ce déploiement », a expliqué Guinlhelm Molinie, directeur de Médecins sans frontières Luxembourg, qui opère dans le nord-est du Tchad. « Nous ne savons pas si [cette force] a pour but de protéger les humanitaires, les réfugiés, les zones de rapatriement, l’est du Tchad. La position officielle varie ».
« Nous attendons de voir comment cette force va agir sur le terrain et si elle va avoir un impact positif. Nous avons quelques doutes là-dessus, c’est certain ».
Les préoccupations suscitées par la confusion actuelle sont bien compréhensibles, selon le lieutenant-colonel Jan Vall, adjoint au chef des agents de liaison militaires de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT). Le lieutenant-colonel Vall est chargé d’assurer la coordination entre la mission des Nations Unies et les autres forces déployées sur le terrain.
« Il sera très compliqué pour les populations [de la région], pour les humanitaires – pour tout le monde, en somme – d’y voir clair », a-t-il concédé.
« Je serai là, en uniforme, sans arme, arborant un logo des Nations Unies. L’Union européenne sera là armée, portant l’emblème de l’Union européenne. Les [soldats] Français [stationnés au Tchad depuis plus de 20 ans et qui soutiennent le président tchadien Idriss Déby] seront là aussi, vêtus des mêmes uniformes que les Français qui travaillent pour l’Union européenne, mais avec un logo français et des intérêts différents, etc., etc… », a expliqué M. Vall à IRIN.
Campagne d’information
Pour tenter d’éviter les ambiguïtés, la MINURCAT a lancé une campagne d’information pour présenter son mandat et expliquer en quoi elle se distingue de l’EUFOR, la force militaire de l’UE, bien que la force européenne n’ait été que partiellement financée, et que les responsables de l’EUFOR ne soient pas encore en mesure de s’exprimer publiquement au sujet de leur propre mandat.
« [Le mandat conjoint Nations Unies-UE] est une nouvelle bête », a déclaré à IRIN Ousseni Compaoré, directeur par intérim de la MINURCAT, le 8 janvier, au cours de son premier entretien public. « Dans l’imagination de chacun, dans la compréhension de chacun, il ne correspond pas aux schémas classiques. C’est pour cela qu’il est un peu ambigu. Mais en réalité, sur le terrain, tout est clair ».
Deux forces, un seul mandat
L’EUFOR et la MINURCAT sont deux forces distinctes, toutes deux mandatées aux termes de la même résolution du Conseil de sécurité ; il s’agit donc de la première fois au monde qu’une force militaire de l’Union européenne et une mission des Nations Unies se rejoignent dans le cadre d’un même mandat des Nations Unies, a résumé M. Compaoré.
La MINURCAT est chargée d’entraîner les forces de police et de renforcer les infrastructures judiciaires, telles que les prisons et les tribunaux, pour que les forces de police locales soient en mesure de gérer la « vie quotidienne ».
Elle sera déployée dans les camps de réfugiés originaires de la région du Darfour, au Soudan, et dans les camps de déplacés tchadiens de l’est du pays, et offrira des services d’escorte policière aux organisations humanitaires qui opèrent dans la région. Elle complètera l’intervention de la police et de l’armée tchadiennes, qui n’ont pas réussi, de manière générale, à prévenir la militarisation de certains camps par les rebelles soudanais, ni à assurer la protection des travailleurs humanitaires.
Les organisations humanitaires sous la menace
Les organisations humanitaires actives au Tchad ont souffert de l’insécurité : il arrive souvent que leurs employés nationaux et internationaux soient victimes de braquages de véhicules, de fusillades ou d’enlèvements. Rien qu’au mois de décembre 2007, six attaques ont été signalées contre des agences des Nations Unies et des organisations non-gouvernementales (ONG).
L’EUFOR doit assurer la sécurité générale des populations civiles, tandis que la MINURCAT assurera la sécurité dans la zone située à l’est des camps de réfugiés et de déplacés.
Photo: Nicholas Reader/IRIN. Villageois tchadiens fuyant des attaques de miliciens en juin 2006
L’EUFOR est autorisée à recourir à la force militaire. Elle a notamment pour mandat de prévenir les incursions dans la région, selon M. Compaoré. Selon la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies portant création du système de double mission, l’EUFOR et la mission des Nations Unies ont pour but général de stabiliser cette région instable afin que les plus de 175 000 Tchadiens qui ont fui au cours des trois dernières années puissent retourner chez eux.
Menaces rebelles
Certains groupes rebelles tchadiens ont menacé d’attaquer toute force qu’ils considèreraient comme non-neutre, et ont averti qu’ils prendraient pour cible les forces françaises, qui représenteront plus de la moitié de l’EUFOR.
M. Compaoré de la MINURCAT a rejeté les préoccupations, exprimées en privé, de certains travailleurs humanitaires, qui craignent d’être exposés à davantage de risques en étant placés sous la protection de l’EUFOR, car ils risqueraient alors d’être associés à l’armée française.
« Pensez-vous vraiment que nous déploierions une force susceptible de mettre les humanitaires plus en danger [qu’ils ne le sont déjà] ? », a-t-il demandé. « Le but de la résolution est d’assurer une protection supplémentaire ».
Selon M. Compaoré, toute ONG qui ne souhaite pas bénéficier des services d’escorte de police offerts ne sera pas contrainte à y avoir recours.
Plus d’une centaine d’employés de la MINURCAT sont déjà sur le terrain et l’entraînement des forces de police a déjà commencé à N'djamena, capitale du Tchad. Toutefois, le déploiement de la MINURCAT dans l’est troublé du pays dépend de celui de l’EUFOR, qui doit réunir les conditions de sécurité nécessaires aux opérations de la MINURCAT.
« Pensez-vous vraiment que nous déploierions une force susceptible de mettre les humanitaires plus en danger [qu’ils ne le sont déjà] ? Le but de la résolution est d’assurer une protection supplémentaire »
Reports
Le déploiement de l’EUFOR a été reporté à plusieurs reprises depuis la première date prévue de déploiement, en novembre 2007, en raison d’un manque d’équipement et de fonds. A la mi-décembre, l’équipe de reconnaissance déployée au Tchad par l’EUFOR et composée de 23 membres était encore basée dans un hôtel et dépendait des forces françaises en matière de logistique.
Le 10 janvier, la France, plus fervent militant du déploiement de l’EUFOR et de la MINURCAT, a augmenté sa contribution à la mission de l’EUFOR. Le pays a proposé de fournir 2 000 soldats sur les 3 500 requis, une dizaine d’hélicoptères et 500 hommes supplémentaires pour le soutien logistique, selon l’agence de presse Reuters.
De nouvelles contributions sont également attendues de la part de l’Irlande, de l’Autriche, de la Belgique, de la Grèce, de l’Italie, des Pays-Bas, de la Pologne, de la Roumanie, de l’Espagne et de la Suède, selon les rapports de presse. Des débats doivent se tenir à Bruxelles le 11 janvier pour finaliser les contributions d’autres Etats de l’Union européenne, et pour que les responsables des forces militaires et des gouvernements européens donnent leur consentement final à la mission.
Au Tchad, les responsables humanitaires et militaires disent espérer qu’une décision sera prise d’ici à la fin du mois de janvier.
IRIN
Menaces rebelles
Certains groupes rebelles tchadiens ont menacé d’attaquer toute force qu’ils considèreraient comme non-neutre, et ont averti qu’ils prendraient pour cible les forces françaises, qui représenteront plus de la moitié de l’EUFOR.
M. Compaoré de la MINURCAT a rejeté les préoccupations, exprimées en privé, de certains travailleurs humanitaires, qui craignent d’être exposés à davantage de risques en étant placés sous la protection de l’EUFOR, car ils risqueraient alors d’être associés à l’armée française.
« Pensez-vous vraiment que nous déploierions une force susceptible de mettre les humanitaires plus en danger [qu’ils ne le sont déjà] ? », a-t-il demandé. « Le but de la résolution est d’assurer une protection supplémentaire ».
Selon M. Compaoré, toute ONG qui ne souhaite pas bénéficier des services d’escorte de police offerts ne sera pas contrainte à y avoir recours.
Plus d’une centaine d’employés de la MINURCAT sont déjà sur le terrain et l’entraînement des forces de police a déjà commencé à N'djamena, capitale du Tchad. Toutefois, le déploiement de la MINURCAT dans l’est troublé du pays dépend de celui de l’EUFOR, qui doit réunir les conditions de sécurité nécessaires aux opérations de la MINURCAT.
« Pensez-vous vraiment que nous déploierions une force susceptible de mettre les humanitaires plus en danger [qu’ils ne le sont déjà] ? Le but de la résolution est d’assurer une protection supplémentaire »
Reports
Le déploiement de l’EUFOR a été reporté à plusieurs reprises depuis la première date prévue de déploiement, en novembre 2007, en raison d’un manque d’équipement et de fonds. A la mi-décembre, l’équipe de reconnaissance déployée au Tchad par l’EUFOR et composée de 23 membres était encore basée dans un hôtel et dépendait des forces françaises en matière de logistique.
Le 10 janvier, la France, plus fervent militant du déploiement de l’EUFOR et de la MINURCAT, a augmenté sa contribution à la mission de l’EUFOR. Le pays a proposé de fournir 2 000 soldats sur les 3 500 requis, une dizaine d’hélicoptères et 500 hommes supplémentaires pour le soutien logistique, selon l’agence de presse Reuters.
De nouvelles contributions sont également attendues de la part de l’Irlande, de l’Autriche, de la Belgique, de la Grèce, de l’Italie, des Pays-Bas, de la Pologne, de la Roumanie, de l’Espagne et de la Suède, selon les rapports de presse. Des débats doivent se tenir à Bruxelles le 11 janvier pour finaliser les contributions d’autres Etats de l’Union européenne, et pour que les responsables des forces militaires et des gouvernements européens donnent leur consentement final à la mission.
Au Tchad, les responsables humanitaires et militaires disent espérer qu’une décision sera prise d’ici à la fin du mois de janvier.
IRIN