Fernand WIBAUX, Ambassadeur Haut Représentant de la République Française au Tchad, à S.E. Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères. Direction des Affaires Africaines et Malgaches. PARIS
a/s. Organisation intérieure et extérieure de la rébellion
Lors des opérations menées dans la première quinzaine de février contre la zone-refuge des hors-la-loi situés dans le département du Salamat, les forces de l’ordre ont saisi dans les bagages du chef rebelle Ibrahim ABATCHA, tué le 11 février, une grande quantité de documents. Le Secrétaire général du « FROLINA », homme d’ordre, tenait soigneusement des états d’affectifs, enregistrait au départ son courrier, dont il gardait copie, et conservait les lettres qu’il recevait.
Le dépouillement de ces volumineuses archives, manuscrites en français et en arabe, vient à peine d’être achevé.
Les états d’effectifs, qui comportaient pour chaque recrue des précisions d’état-civil, et la date d’enrôlement, font apparaître la faiblesse des troupes régulières dont disposait la rébellion. A la fin du mois de février dernier 432 combattants réguliers, au total, étaient inscrits. Si l’on retranche les pertes subies en décembre au Kanem (affaire d’IRONGA) et en février, au cours des opérations du Salamat, c’est à 250 hommes environ qu’on peut estimer les forces rebelles après la mort d’ABATCHA.
Un « communiqué de guerre n°4 », du 8 novembre 1967, fait le bilan des résultats obtenus par les bandes du FROLINA, il affirme que du 22 juin 1966 au 21 septembre 1967, 1983 ennemis » ont été tués, 15 faits prisonniers et 125 armes saisies. Le communiqué indique d’autre part qu’il a libéré la population de l’Est tchadien du paiement de la taxe civique, « infligeant ainsi un déficit d’un milliard et demi de FCFA dans le budget tchadien ».
Sur le plan de la subversion politique intérieure, l’exploitation des archives d’ABATHA a permis aux autorités tchadiennes de démasquer divers exécutants et notamment de mettre hors d’état de nuire un réseau du FROLINA installé à FORT-ARCHAMBAULT depuis 1967. A un niveau plus élevé, la complicité de diverses personnalités musulmanes, dont trois députés, un sous-préfet du Ouaddaï, M. Abakar KADADE, le sous-préfet de GOZ-BEIDA, le Docteur OUTEL BONO, médecin tchadien, qui exerce à l’hôpital de FORT-LAMY et qui fut naguère emprisonné, sont également cités. Des lettres leur ont été adressées. Toutefois, il ne ressort pas de documents, du moins de ceux dont j’ai eu connaissance, qu’ils aient répondue aux sollicitations d’ABATCHA.
Mais la plus grande part des papiers saisis concerne les activités extérieures du FROLINA. Un rapport adressé à Ibrahim ABATCHA, le 15 septembre 1967, par Abakar DJALLABOU, « Président de la délégation extérieure » fait le point des démarches de ce dernier auprès de divers gouvernements étrangers, en vue de les intéresser à la cause de la rébellion.
A ALGER, où se trouve son quartier général, Abakar DJALLABOU a vu le « responsable des mouvements de libération chargé des relations extérieures auprès du Secrétaire exécutif du F.L.N. ». Il semble qu’il ait auss pris contact, dans la capitale algérienne, avec des agents cubains.
A DAMAS, où il s’est rendu à plusieurs reprises, il a pu se faire entendre du « Président chargé des relations extérieures par le parti Baas ».
A BAGDAD, en novembre 1966, Abakar DJALLABOU a été reçu par le Directeur des Affaires Politiques au Ministère des Affaires Etrangères.
A KOWEIT, en novembre également, il a eu un entretien avec le Directeur du Cabinet du Ministère des Affaires Etrangères.
En LIBYE enfin, en août 1967, il a remis un mémorandum au Directeur du Cabinet royal, il s’est d’autre part efforcé de réchauffer le patriotisme de la colonie tchadienne qu’il estime à 40 000 personnes. (…)
Publié dans Alwihda actualités N° 82 du lundi 25 juin 2012
la suite au prochain numéro d'Alwihda actualités
a/s. Organisation intérieure et extérieure de la rébellion
Lors des opérations menées dans la première quinzaine de février contre la zone-refuge des hors-la-loi situés dans le département du Salamat, les forces de l’ordre ont saisi dans les bagages du chef rebelle Ibrahim ABATCHA, tué le 11 février, une grande quantité de documents. Le Secrétaire général du « FROLINA », homme d’ordre, tenait soigneusement des états d’affectifs, enregistrait au départ son courrier, dont il gardait copie, et conservait les lettres qu’il recevait.
Le dépouillement de ces volumineuses archives, manuscrites en français et en arabe, vient à peine d’être achevé.
Les états d’effectifs, qui comportaient pour chaque recrue des précisions d’état-civil, et la date d’enrôlement, font apparaître la faiblesse des troupes régulières dont disposait la rébellion. A la fin du mois de février dernier 432 combattants réguliers, au total, étaient inscrits. Si l’on retranche les pertes subies en décembre au Kanem (affaire d’IRONGA) et en février, au cours des opérations du Salamat, c’est à 250 hommes environ qu’on peut estimer les forces rebelles après la mort d’ABATCHA.
Un « communiqué de guerre n°4 », du 8 novembre 1967, fait le bilan des résultats obtenus par les bandes du FROLINA, il affirme que du 22 juin 1966 au 21 septembre 1967, 1983 ennemis » ont été tués, 15 faits prisonniers et 125 armes saisies. Le communiqué indique d’autre part qu’il a libéré la population de l’Est tchadien du paiement de la taxe civique, « infligeant ainsi un déficit d’un milliard et demi de FCFA dans le budget tchadien ».
Sur le plan de la subversion politique intérieure, l’exploitation des archives d’ABATHA a permis aux autorités tchadiennes de démasquer divers exécutants et notamment de mettre hors d’état de nuire un réseau du FROLINA installé à FORT-ARCHAMBAULT depuis 1967. A un niveau plus élevé, la complicité de diverses personnalités musulmanes, dont trois députés, un sous-préfet du Ouaddaï, M. Abakar KADADE, le sous-préfet de GOZ-BEIDA, le Docteur OUTEL BONO, médecin tchadien, qui exerce à l’hôpital de FORT-LAMY et qui fut naguère emprisonné, sont également cités. Des lettres leur ont été adressées. Toutefois, il ne ressort pas de documents, du moins de ceux dont j’ai eu connaissance, qu’ils aient répondue aux sollicitations d’ABATCHA.
Mais la plus grande part des papiers saisis concerne les activités extérieures du FROLINA. Un rapport adressé à Ibrahim ABATCHA, le 15 septembre 1967, par Abakar DJALLABOU, « Président de la délégation extérieure » fait le point des démarches de ce dernier auprès de divers gouvernements étrangers, en vue de les intéresser à la cause de la rébellion.
A ALGER, où se trouve son quartier général, Abakar DJALLABOU a vu le « responsable des mouvements de libération chargé des relations extérieures auprès du Secrétaire exécutif du F.L.N. ». Il semble qu’il ait auss pris contact, dans la capitale algérienne, avec des agents cubains.
A DAMAS, où il s’est rendu à plusieurs reprises, il a pu se faire entendre du « Président chargé des relations extérieures par le parti Baas ».
A BAGDAD, en novembre 1966, Abakar DJALLABOU a été reçu par le Directeur des Affaires Politiques au Ministère des Affaires Etrangères.
A KOWEIT, en novembre également, il a eu un entretien avec le Directeur du Cabinet du Ministère des Affaires Etrangères.
En LIBYE enfin, en août 1967, il a remis un mémorandum au Directeur du Cabinet royal, il s’est d’autre part efforcé de réchauffer le patriotisme de la colonie tchadienne qu’il estime à 40 000 personnes. (…)
Publié dans Alwihda actualités N° 82 du lundi 25 juin 2012
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