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TCHAD

Tchad : une conférence-débat organisée par l'ENA sur l'expérience française de la décentralisation


Alwihda Info | Par Abakar Ngaye - 28 Juin 2024



La direction générale de l'Ecole Nationale d'Administration (ENA) a organisé dans ses locaux, le 27 Juin 2024, une conférence-débat sur le thème « l'expérience française de la décentralisation : approche comparée ». La conférence a été animée par Jean-Louis Rocheron, administrateur territorial, ancien magistrat financier et Stéphane Kesler, consultant international.

Le directeur général de l'ENA, Dr Mahamat Borgou Hassan, a dans son mot de bienvenue rappelé que cette conférence-débat, animée par des éminents experts en la matière, édifiera les publics plus sur les avantages et bien-fondés de la décentralisation comme mode de gouvernance actuelle non seulement en France, mais aussi en Afrique et particulièrement au Tchad.

Le conférencier Jean-Louis Rocheron, a axé son intervention sur la particularité de l'expérience française de décentralisation. Il a expliqué que le modèle français de la décentralisation se distingue des autres modèles de décentralisation. Elle est apparue assez récemment dans un pays avec une très longue histoire de centralisation de l'Etat, mais aussi de décentralisation.

L’Etat français est apparu avant la nation française, ce qui contraste par exemple avec l'histoire de la décentralisation de l'Allemagne ou d'Italie, contrairement à l'Espagne et au Royaume-Uni. Jusqu'à récemment, la décentralisation française était quasiment exempte de la pression de la part de population à forte identité cultuelle, luttant pour plus d'autonomie, même si un mouvement croissant existe en Corse, et dans les pays basques français ou en Alsace, qui expriment une volonté limitée de plus d'autonomie, voire d'indépendance.

Le second intervenant, Stéphane Kesler, consultant international, a précisé que l'Afrique connait un développement récent, mais profond de la décentralisation. Ceci s'inscrit souvent dans des volontés de renforcement de l'action publique dans les territoires ainsi que du développement du gouvernement ouvert.

Des documents d'organisations régionales encouragent ce mouvement : Charte africaine des valeurs et des principes de la décentralisation, de la gouvernance locale et du développement local (2012).

Pour Stéphane Kesler et Jean-Louis Rocheron, l’expérience française de décentralisation peut être intéressante pour le Tchad du fait des aspects suivants : l'évolution progressive de la décentralisation française, le rôle du préfet a conservé une possibilité de contrôle central des évolutions politiques locales mais qui devient de plus en plus un développeur, les chambres régionales des comptes et les différentes limites et réglementations budgétaires prévoient des limites aux risques financiers pour l'ensemble du pays.

En préservant le pouvoir et le contrôle de l’Etat central, contrairement aux systèmes de fédérations plus développés, le modèle français de décentralisation peut assurer la stabilité et une voie plus durable et plus sûre pour la démocratisation, et un développement au niveau local.

La décentralisation française est née de la volonté du pouvoir central de déléguer davantage de responsabilités dans une logique d'amélioration démocratique et de meilleur partage des richesses entre chaque partie du pays. Tout de même, les conférenciers ont souligné que l'expérience française de décentralisation n'est pas exempte de critiques : la structure multi-niveaux est souvent jugée trop coûteuse et pas assez efficace pour répondre aux défis économiques, environnementaux et sociaux.

Cependant, cela a entrainé une tendance à la fusion des structures, ce qui devrait améliorer la situation. La lente diminution des subventions et allocations financées par l'État exerce une forte pression sur les autorités décentralisées pour qu’elles améliorent les processus internes et leur gestion etc.

Après la présentation de leurs exposés, les spécialistes ont eu à échanger avec le public composé essentiellement des personnalités publiques, enseignants et élèves de l'Ecole Nationale d'Administration du Tchad.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)