Le cofondateur de Wikileaks Julian Assange est "passible d'arrestation" pour avoir enfreint les dispositions de sa liberté conditionnelle, a indiqué Scotland Yard, mercredi 20 juin. L'une des règles de la liberté conditionnelle, accordée à la fin de 2010 à Julian Assange, stipulait qu'il devait "rester à une adresse prédéterminée entre 22 heures et 8 heures", a expliqué une porte-parole de la police. "Vers 22 heures mardi, la police a été informée qu'Assange avait violé l'une des conditions de sa liberté. Il est désormais passible d'être arrêté", a-t-elle ajouté.
C'est en effet à ce moment-là que Julian Assange s'est réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres, et a demandé l'asile politique à ce pays sud-américain. Une requête actuellement examinée par les responsables du pays, a déclaré le ministre des affaires étrangères équatorien, Ricardo Patino, tandis que les journalistes affluaient dans la soirée devant les locaux diplomatiques, dans un quartier chic de Londres."La décision d'examiner la demande de M. Assange pour un asile ne doit en aucune manière être interprétée comme une ingérence du gouvernement équatorien dans les affaires judiciaires du Royaume-Uni ni de la Suède, a précisé l'ambassade. Pendant que ce service examine la demande de M. Assange, M. Assange restera à l'ambassade, sous la protection du gouvernement équatorien."
UNE DEMANDE "TRÈS, TRÈS PARTICULIÈRE"
L'avocat des plaignantes a déclaré mercredi que la demande d'asile à l'Equateur du fondateur de Wikileaks sera vraisemblablement rejetée et Julian Assange sera extradé en Suède où il est accusé de crimes sexuels. "Je ne peux pas imaginer que l'Equateur va lui donner l'asile", a estimé l'avocat Claes Borgstroem cité par l'agence TT. "C'est une nouvelle tentative pour stopper ou retarder l'examen légal auquel il doit se soumettre en Suède pour que la justice soit rendue", a déclaré l'avocat des deux Suédoises qui accusent Assange de viol et d'agression sexuelle.
Si l'Equateur accordait l'asile au fondateur de Wikileaks, "ce pays irait à l'encontre du mandat d'arrêt européen et ce serait aussi une sévère critique contre les Etats-Unis ", a également prévenu l'avocat des Suédoises. "L'Equateur est un Etat de droit et j'attends qu'il suive les règles internationales en la matière", a souligné M. Borgstroem. L'avocat a estimé que la demande d'Assange était "très, très particulière" car "généralement les gens demandent l'asile parce qu'ils ne peuvent pas obtenir dans leur propre pays la protection dont ils ont besoin".
UN "DERNIER EFFORT DÉSESPÉRÉ"
Cette demande d'asile auprès de l'ambassade d'Equateur est "un dernier effort désespéré", a estimé, mercredi 20 juin, sa mère, qui souhaite que ce pays "ou un autre du tiers-monde" lui accorde refuge. La première ministre australienne, Julia Gillard a en outre annoncé, mardi 19 juin, que son pays allait offrir son assistance consulaire à Julien Assange. "L'Australie continuera à soutenir M. Assange de la même façon qu'elle soutient tout Australien à l'étranger qui est confronté à des difficultés ou des dilemmes juridiques", a-t-elle déclaré.
Julian Assange s'est régulièrement plaint d'avoir été délaissé par son propre pays, prévenant que s'il finissait par être extradé aux Etats-Unis, il pourrait y encourir la peine de mort pour espionnage après la publication de documents diplomatiques confidentiels américains sur Wikileaks.
RECHERCHÉ POUR VIOLENCES SEXUELLES
Cette annonce intervient alors que plus rien ne fait obstacle à l'extradition de l'Australien vers la Suède, où il est recherché pour violences sexuelles, après le rejet de son dernier appel par la Cour suprême britannique, la semaine dernière.
Julian Assange a été arrêté en décembre 2010 en Grande-Bretagne, puis assigné à résidence. Il nie les allégations de ses deux accusatrices. Wikileaks a diffusé à la fin de 2010 des dizaines de milliers de notes diplomatiques du département d'Etat américain. Les avocats de Julian Assange redoutent que leur client, une fois extradé en Suède, ne soit transféré ensuite vers les Etats-Unis, où il serait passible de la peine de mort pour divulgation de secrets d'Etat.
Source - Lemonde.fr
Abdstrike