Par Franck CANA
Une fois l'an, Loudmila Guira Abonckelet célèbre la Journée internationale de la femme du 8 mars, le cœur chargé de projets. Née en Ukraine, précisément à Kiev dans l'ex-Urss, cette mère d'enfants âgée de 40 ans n'est pas du genre à rester volontairement une femme au foyer. Cadre en assurances durant plusieurs années à Paris, elle est depuis 2008 présidente de « Prodman Événementiel » et vice-présidente du comité Miss Congo-France. Début 2014, elle a ajouté une nouvelle facette à son dynamisme en devenant présidente du Club des femmes cadres et entreprenantes du Congo.
Miss Congo-France est un cadre d'unité entre les deux Congo et la France
Parlant du bilan qu'elle peut faire, à ce jour, de son action dans l'événementiel et particulièrement au comité Miss Congo-France, elle confie : « le bilan est satisfaisant en termes d'engouement, de couverture publicitaire et d'impact. Chaque année, les demandes des candidates affluent et le public est de plus en plus nombreux. Les liens entre les deux rives sont consolidés car l'élue représente la beauté du Congo Kinshasa et celle du Congo Brazzaville en France. Ce n'est pas rien ». La lauréate cette année du prestigieux concours, Élise Bouala, originaire du Congo Brazzaville a succédé à Bénédicte N'giambila, originaire de Kinshasa, au salon Hoche des Champs-Élysées devant plusieurs centaines d'invités.
Préoccupée par la condition de l'enfant, elle s'implique également dans l'insertion professionnelle des femmes dans le domaine socio-économique. Bien que déterminée, elle sait que l'aboutissement effectif de ses projets d'entraide ne sera pas une sinécure. Quoi qu'il en soit, si elle a foi en la nouvelle dynamique féminine entrepreneuriale congolaise, elle n'oublie pas pour autant que, malgré les acquis de ces dernières années, la société congolaise reste imprégnée de valeurs traditionnelles et conservatrices.
Femme au travail et alphabétisation en zones rurales
« La femme ne doit pas avoir pour volonté de vivre aux dépens de l'homme », pense-t-elle. Les portraits emblématiques comme ceux de Funmilayo Kuti, Miriam Makeba, Wangari Muta Maathai, Ngozi Okondjo-Iwéala ou encore Mère Teresa l'ont inspirée et ont fini par être une source d'espérance pour elle. Comme chaque fois qu'elle a eu un drame dans sa vie, cette femme courageuse, à l'indépendance assumée, fait mine de crâner, les mains dans les poches avant de son jean couleur azur. A Paris ou en Afrique, lors des échanges avec différents publics, elle n'hésite pas à encourager les femmes à aller de l'avant, prenant parfois en exemple ses compatriotes Maître Rama Ntandou Ly, notaire à Brazzaville, Maître Rinala Aya, avocate au barreau de Paris ou encore Édith Itoua, conseiller à la Diaspora à la présidence de la République du Congo.
« Nous nous devons d'agir pour inciter les femmes à se prendre en charge. Les pouvoirs publics ne peuvent être au four et au moulin. Le souhait est de les voir plus présentes dans les milieux des affaires et les cercles décisionnels. Non pas pour faire de la figuration, mais pour changer la vie. C'est là que réside notre combat ». A l'automne prochain, en association avec son frère Duc-Teddy Abonckelet, cette catholique choquée par la pédophilie des prêtres sera à la manœuvre d'une télé-réalité au Congo Brazzaville. « Les fonds récoltés vont nous permettre d'apporter une aide dans le domaine de l'alphabétisation car l'instruction est un droit pour tous, même lorsqu'on est démuni», affirme-t-elle. Battante et convaincue que l'avenir du Congo ne se fera pas sans « celles qui donnent la vie », sa volonté de poursuivre, à sa modeste place, la lutte pour l'émancipation de la femme africaine est permanente.