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TCHAD

Tchad : À quand un véritable programme social ?


Alwihda Info | Par Abbas Kayangar - 24 Janvier 2014



Par Abbas Kayangar

Des personnes déplacées dans le sud-est du Tchad, une population affectée par les inondations survenues récemment dans le sud du pays. © HCR/H.Caux
Des personnes déplacées dans le sud-est du Tchad, une population affectée par les inondations survenues récemment dans le sud du pays. © HCR/H.Caux
Comme tous les Tchadiens soucieux de l’image de leur pays, j’ai été profondément touché dans ma fierté d’appartenance par rapport au dernier rapport sur la situation alimentaire de notre pays. Le constant est effarant et saute à l’œil nu. En dépit des beaux discours, l’argent de notre pétrole et nos recettes fiscales ne participent pas au bien-être de la population alors que le Tchad possède tous les atouts pour promouvoir une agriculture concurrentielle et un élevage pouvant contribuer à la lutte contre la malnutrition.
 
Pendant que chaque jour des milliers de barils de pétroles sont pompés de notre sous-sol, que des milliers de têtes de bétails traversent nos frontières et que des millions de francs CFA sont engrangés en recette, le commun des Tchadiens, le citoyen lambda se bat comme un forcené pour avoir un aliment bourratif sans aucune valeur nutritive.
 
Que dire de ces milliers de tonnes de céréales du Salamat qui ne trouvent pas de débouchés pour y être écoulés sur les marchés locaux alors que des milliards sont investis en projets trompe-œil pour la construction des aérogares et des infrastructures pour des zones faiblement peuplées et sans potentiel économique. On investi des milliards dans des régions qui ne peuvent même pas produire annuellement un « Koro » de mil, un signe fort des gâchis et des aspects néfastes de la gouvernance « folklorique » dans notre pays.
 
Ironie du sort, au moment où ce rapport était publié, un ministre du gouvernement tchadien et non des moindres, publie sur sa page facebook, une photo de sa famille (épouse et enfants) dans un somptueux salon, élégamment habillée et agglutinée autour d’une table remplie de des mets et de boissons qui feraient saliver à « mort » et cogiter le citoyen lambda que nous sommes. Est-ce de cette manière qu’on attend résoudre le problème de la pauvreté et de la faim dans notre pays? Pourquoi afficher ostentatoirement cette image insultante pour la majorité des Tchadiens par un ministre qui fait partie de ceux-là même qui siphonnent nos deniers publics?
 
Au Tchad, on vient au gouvernement ou dans un poste de responsabilité pour se remplir pleinement les bourses, et ce, d’une manière aussi arrogante qu’illégale. Jamais au grand jamais, les corrompus, les détourneurs des deniers publics, ceux que j’appelle les « Voleurs en costume-cravate et grand boubou) ne sont jamais inquiétés. À chaque détournement, ils reviennent encore plus forts pour narguer les pauvres et pomper l’air avec « leur » grosse cylindrée, fruit de nombreuses malversations. Personne ne pourra nier que notre système judicaire a la main lourde, je dirai même très lourde pour les petits voleurs, les pickpockets et autres voleurs de marmite. Pourquoi cette justice à deux vitesses? Pourquoi la magistrature est-elle amorphe face aux « gros éléphants » qui dévorent à belles dents les juteux fruits et les herbes les plus grasses de notre pâturage commun : nos deniers publics!
 
À cette allure et vu la voracité de ces éléphants qui dévorent et saccage tout sur leur passage, je me pose des questions sérieuses sur l’avenir des générations futures et la situation du Tchad d’après l’ère pétrolière. Un peuple qui a faim n’a pas des yeux pour admirer les ouvrages en béton qu’on construit au sortir des tractations peu orthodoxes. Quand le pétrole s’épuisera, nos enfants hériteront d’un pays avec des structures en béton que l’État aura trop de peine à entretenir, faute de moyens. On laisse des voleurs multirécidivistes prendre en otage le Tchad, plongeant tout un peuple dans la misère et précarité alors que chaque citoyen a droit au partage équitable des richesses nationales. Chaque fils du Tchad a droit au soin, à l’éducation, à l’alimentation, à un toit décent et à son intégrité physique. Le Tchad appartient à tous les Tchadiens, c’est notre patrimoine commun et non la terre de prédilection des corrompus, des corrupteurs, des détourneurs de deniers publics, des fraudeurs et autres voleurs de la république.
 
Pendant que nos familles ont de la difficulté pour se nourrir, se soigner et envoyer leur enfant dans les écoles et universités étrangères (faute d’octroie nébuleux de bourses d’études), les éléphants affichent leur mépris par rapport aux enfants démunis dans les écoles et nos rues. Pour tout dire, on n’entre dans le gouvernement fauché, parfois avec un compte bancaire au rouge, on sort avec un cheque en blanc d’une réussite fulgurante : le compte bancaire gonflé en bloc, à la place de la moto ou de la vieille voiture, un parc automobile impressionnant brille par son arrogance. La concession familiale miteuse se transformera alors en un veritable palace, fruit des multiples ponctions dans les caisses de l’État. Ainsi va le Tchad de la Renaissance, le pauvre mange des rats, des criquets et du son de mil pendant que les « notables » s’empiffrent sans vergogne des mets qu’aucune famille moyenne n’aura les moyens de voir sur sa table, pardon devant sa natte rafistolée. Il est grand temps de changer de fusil d’épaule pour ne pas faire inscrire le nom de notre pays dans le tableau des ignominies.
 
Vive la gestion « responsable » de nos deniers publics pour que meure de faim, de manque de soin adéquat et de médicaments Hassan, Laoukoura, Djorio, Haoua…
 
Vive la folie des constructions effrénées pour que les générations futures mangent demain à leur faim des blocs de béton!
 
Vive l’image gratifiante pour la « grandeur » du Tchad pour nos milliards investis inutilement dans des opérations militaires au dépend des nombreuses priorités sociales.
 
Abbas Kayangar



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