Par Antonin TISSERON, chercheur associé à l'Institut Thomas More
Le 11 juillet dernier, le marché de N’Djamena était frappé par un kamikaze déguisé en femme. Un mois avant, le 15 juin, deux explosions visaient l’école de police et le commissariat central. Attribué à Boko Haram par les autorités, ce double attentat était craint depuis plusieurs mois. Début février d’ailleurs, deux femmes en possession de grenades et de mines antipersonnel dissimulées dans des bidons coupés et recousus avec du fil de fer étaient arrêtées à Toubia, localité proche de N’Djamena, après avoir traversé le Cameroun et venant du Nigeria.
Depuis quelques années, le Tchad a en effet multiplié les interventions militaires contre les groupes armés islamistes. Durant les premiers mois de l’année 2013, au nom de la paix et de la stabilité dans son voisinage et à ses frontières, près de 2 000 soldats tchadiens contribuent à la reconquête des territoires du Nord Mali. Placé sous le commandement du général Oumar Bikomo, secondé par un des fils du président, Mahamat Déby, ce contingent formé de troupes d’élite participe directement aux combats, dans l’Adrar des Ifoghas, avant de prendre en charge la sécurisation de l’extrême-nord du pays. Deux ans plus tard, plus de 2 000 soldats tchadiens entrent au Cameroun afin d’assister les forces camerounaises contre Boko Haram, suivis par l’envoi d’un autre contingent dans le sud-est du Niger et des opérations militaires sur le territoire nigérian.
Les ambitions régionales de N’Djamena ne sont pas nouvelles. Dans les années 1980 déjà, les dirigeants tchadiens jouent un rôle déterminant dans l’ascension et l’éviction des différents chefs d’États qui se sont succédés en Centrafrique. Plus récemment, la Séléka est parvenue au pouvoir grâce à la passivité des forces tchadiennes de la Mission de consolidation de la paix en Centrafrique (MICOPAX), qui l’ont laissée progresser vers Bangui sans s’interposer alors que trois mois avant, en décembre 2012, N’Djamena annonçait que les rebelles ne pourraient aller au-delà de la ville de Damara, à environ 70 km de la capitale. Mais l’implication du Tchad dans la crise du Mali, pays en dehors de son environnement traditionnel, constitue un changement majeur vers une politique régionale plus active et la volonté de s’imposer comme un État incontournable sur la scène régionale et même continentale.
Derrière les discours et l’importance jouée aujourd’hui par le Tchad dans la lutte contre les groupes terroristes dans la bande sahélo-saharienne, les ambitions de ses dirigeants tout comme les conséquences de l’engagement actuel invitent cependant à interroger les attentes et les limites du leadership tchadien, mais également les répercussions des engagements militaires actuels. Pour cause, s’ils peuvent apparaître comme une ressource pour le pouvoir, ils sont également coûteux et porteurs de risques.
Depuis quelques années, le Tchad a en effet multiplié les interventions militaires contre les groupes armés islamistes. Durant les premiers mois de l’année 2013, au nom de la paix et de la stabilité dans son voisinage et à ses frontières, près de 2 000 soldats tchadiens contribuent à la reconquête des territoires du Nord Mali. Placé sous le commandement du général Oumar Bikomo, secondé par un des fils du président, Mahamat Déby, ce contingent formé de troupes d’élite participe directement aux combats, dans l’Adrar des Ifoghas, avant de prendre en charge la sécurisation de l’extrême-nord du pays. Deux ans plus tard, plus de 2 000 soldats tchadiens entrent au Cameroun afin d’assister les forces camerounaises contre Boko Haram, suivis par l’envoi d’un autre contingent dans le sud-est du Niger et des opérations militaires sur le territoire nigérian.
Les ambitions régionales de N’Djamena ne sont pas nouvelles. Dans les années 1980 déjà, les dirigeants tchadiens jouent un rôle déterminant dans l’ascension et l’éviction des différents chefs d’États qui se sont succédés en Centrafrique. Plus récemment, la Séléka est parvenue au pouvoir grâce à la passivité des forces tchadiennes de la Mission de consolidation de la paix en Centrafrique (MICOPAX), qui l’ont laissée progresser vers Bangui sans s’interposer alors que trois mois avant, en décembre 2012, N’Djamena annonçait que les rebelles ne pourraient aller au-delà de la ville de Damara, à environ 70 km de la capitale. Mais l’implication du Tchad dans la crise du Mali, pays en dehors de son environnement traditionnel, constitue un changement majeur vers une politique régionale plus active et la volonté de s’imposer comme un État incontournable sur la scène régionale et même continentale.
Derrière les discours et l’importance jouée aujourd’hui par le Tchad dans la lutte contre les groupes terroristes dans la bande sahélo-saharienne, les ambitions de ses dirigeants tout comme les conséquences de l’engagement actuel invitent cependant à interroger les attentes et les limites du leadership tchadien, mais également les répercussions des engagements militaires actuels. Pour cause, s’ils peuvent apparaître comme une ressource pour le pouvoir, ils sont également coûteux et porteurs de risques.