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Tchad : Les Transformateurs interdits de meeting ?


Alwihda Info | Par Djibrine Haïdar - 3 Mars 2020



Les Transformateurs ont à nouveau été empêchés de tenir leur meeting samedi dernier à la Cité de Gassi, un lieu privé du parti à N'Djamena. La police s'est déployée sur les lieux, contraignant les militants à regagner le siège des Transformateurs.

"Ce qui s'est passé, par rapport à un meeting que nous devions organiser, il faut que les tchadiens le sachent. Il s'agissait de quoi ? Il s'agissait d'une rencontre que nous voulions placer sous le signe de la décennie de la transformation de notre pays. Une rencontre dans un local qui nous appartient. Voyez vous, c'est comme si vous quittez votre propre maison, vous sortez et vous revenez pour entrer dans la maison et l'on vous interdit l'accès. Non seulement on vous interdit l'accès mais on rentre dans cette maison, on prend les choses qui vous appartiennent. C'est exactement de cela qu'il est question", a réagi Succès Masra, président des Transformateurs, à Alwihda Info.

Selon lui, "dans ce pays, nous sommes donc arrivés à une situation où finalement on ne peut plus organiser des meetings dans des endroits publics. On ne peut plus organiser des meetings dans des endroits qui nous appartiennent. Où est donc la démocratie ? Tout cela est révélateur de ce sur quoi nous avons déjà averti. Nous avons un peu une sorte de cirage de démocratie sur la même vieille chaussure de la dictature. C'est ça le drame de notre pays, ceux qui ont promis la liberté, la démocratie, ils n'y croient pas de toutes les façons. Ils n'ont pour mentor que des dictateurs, lorsque vous avez été formé par un dictateur, vous ne connaissez rien d'autre que la dictature. C'est cela le drame de notre pays."

"La limite de l'acceptable"

Succès Masra estime que "si nous continuons comme ça, avec l'injustice, avec la terreur, avec l'instrumentalisation des forces de sécurité au service d'un homme, nous allons aller tout droit vers le chaos."

"Par responsabilité, nous, nous sommes repliés dans notre siège. Mais, ces milliers de militants, ces millions de tchadiens qui croient maintenant dans la vision que nous portons de notre pays, ils se posent bien la question : Jusqu'à quand allons nous continuer à reculer, à attendre, à abandonner ? Je crois que bientôt, nous allons aborder une phase où nous aurons, d'une certaine manière, atteint la limite de l'acceptable. Nous en appelons à la retenue collective. Ce pays peut donc permettre à certains de se pavaner à travers le pays, utilisant l'argent du contribuable pour faire campagne d'une certaine manière, et à d'autres il est totalement interdit", déplore le président des Transformateurs.

"Est-ce que dans ce pays, on voudrait que chacun se crée un comité d'auto-défense ? Chacun se crée un endroit, une zone à défendre pour se faire entendre ? Nous croyons en la démocratie, nous avons opté pour la démocratie, mais pour proposer des solutions qui vont changer la vie des tchadiens, l'ensemble des tchadiens. C'est de ça qu'il est question", justifie-t-il.

"On veut nous pousser à nos retranchements"

"On veut nous pousser à nos retranchements. Je crois que c'est un mauvais choix. La sagesse collective commande qu'on laisse chacun pour présenter aux tchadiens le projet politique, le projet de société. Les tchadiens, c'est à eux qu'il appartient de décider de qui est légitime, et qui a le droit d'exister sur le plan politique, qui a le droit d'avoir quelle voie sur le plan politique", relève Succès Masra.

D'après lui, "lorsqu'on instrumentalise les forces de sécurité qui nous appartiennent tous au service des intérêts privés, en se basant sur l'arbitraire, ça va nous conduire au chaos."

Il appelle ses compatriotes à "ne plus jamais reculer face à l'arbitraire et l'injustice."

"Nous n'avons pas l'intention de reculer et d'une certaine façon, nous sommes dans une sorte de "bras de fer" entre l'ancien et le nouveau monde, entre une vielle vision de la société tchadienne et une vision qui est la transformation pour l'ensemble des tchadiens", conclut le président des Transformateurs.

La police se défend

Fin janvier, un meeting des Transformateurs prévu au même lieu a également été interdit par la police. Une source policière a déclaré à Alwihda Info qu'il s'agissait d'une mesure de prévention et non d'une interdiction ; "Un report pour demander aux organisateurs de se conformer".

"Il ne se passe pas un seul jour où la police décide de mettre la main sur un présumé élément de Boko Haram. Un meeting non sécurisé comporterait trop de risques pour les organisateurs. Si quelque chose leur arrive, la Police nationale sera tenue responsable pour manquement grave à la sécurité. C'est pourquoi elle a demandé un report pour que les organisateurs demandent à la Police nationale de venir assurer leur sécurité", a expliqué cette source policière.

Cette nouvelle rencontre des Transformateurs qui était prévue samedi dernier a été déclarée à la police. Ce qui n'a toutefois pas suffit à permettre la tenue du meeting.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)




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