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Tchad : à l'Est, les citoyens appellent à l'aide face aux difficultés d'accès à l'eau


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 12 Mai 2020



Des pousse-pousse d'eau à Abéché. © D.H./Alwihda Info
Des pousse-pousse d'eau à Abéché. © D.H./Alwihda Info
À Abéché, chef-lieu de la province du Ouaddaï, la population exprime sa détresse face aux difficultés d'accès à l'eau. Si la mesure de gratuité d'eau est effective, la population estime ne pas pouvoir en profiter pleinement car aux bornes fontaines, c'est tout autre chose.

"Ici à Abéché franchement, l'eau n'est pas bien gérée parce que le discours du chef de l'État a été clair mais quand on vient à la réalité, c'est autre chose. C'est un désordre total qui s'installe. Presque dans toutes les bornes fontaines, les pousse-pousse n'appliquent pas, ils vendent très cher et la population paie toujours les pots cassés", explique Adoum.

"C'est quelque chose qui est déjà subventionné par l'État pour une durée déterminée de six mois, c'est pour alléger un peu la souffrance de la population en ce mois saint du Ramadan. L'essentiel c'est de respecter ce que les hautes autorités du pays disent et de l'appliquer pour aider vraiment la population à joindre les deux bouts", ajoute-t-il.

Pourtant, des agents ont été déployés sur le terrain par la Société tchadienne des eaux (STE) afin de s'assurer de l'effectivité de l'application des mesures. "Effectivement, la STE a parlé de déployer ses agents sur le terrain. Personnellement j'ai eu à constater le premier jour et par la suite, ce matin, j'ai une borne fontaine qui fait face à ma maison, je n'ai pas vu un agent de la STE là. C'est plutôt le gestionnaire qui continue de gérer cela", précise Abdallah.

Quel sort pour les gestionnaires des bornes fontaines publiques ?

Abakar, gestionnaire d'une borne, évoque un aspect important concernant les bornes fontaines publiques : "ces bornes sont gérées par des individus qui vivent de cette activité. Si les bornent fontaines doivent être gratuites pour les revendeurs, quel sera maintenant le sort des gestionnaires des bornes fontaines publiques ?"
 
L'un de ses clients croit avoir une solution et estime que si la STE accepte de payer aux gestionnaires leur gain journalier, la situation pourrait s'arranger car ces derniers vont gérer gratuitement les bornes fontaines. Ce client propose également que la location des porte-eau (pousse-pousse) soit subventionnée : "Les colporteurs, étant donné que quelqu'un va prendre le porte-eau, même si c'est gratuit au niveau de la borne fontaine, ils vont pousser, faire une grande distance, ils doivent payer la location du porte-eau. S'il faut vendre à 250 Fcfa, ils doivent effectuer combien de voyage par jour qu'ils puissent vivre ? Il faut que la SNE mette à leur disposition tous les porte-eau, tous les équipements nécessaires. Et là on peut parler maintenant de la vente d'eau à 250 Fcfa. Sinon si ce n’est pas le cas, ce n'est pas la peine de parler de la gratuité de l'eau."

Senoussi qui l'interrompt pour prendre la parole ajoute ceci : "Rien n'est mis à la disposition de cette couche qui est d'abord vulnérable de cet effet coronavirus, et maintenant on vient encore aggraver leur situation en leur demandant de vendre de l'eau à 250 Fcfa. C'est inacceptable, c'est trop de sacrifices. Qu’on les laisse vendre comme ils le peuvent et si l'État veut que l'eau soit gratuite, il faut que l'eau soit disponible dans tous les ménages et que l'eau coule 24h/24.  À ce moment, nous pouvons parler de la gratuité."

Les citoyens appellent à la solidarité pour éviter la surenchère

De l'avis d'un usager rencontré au marché, "il faut que la population soit unanime parce qu’il y a un numéro vert. Si le propriétaire de la borne fontaine ne respecte pas, cela permet de signaler à la direction ce qui se passe. Sur le terrain, c'est autre chose. Les agents doivent se déplacer sur le terrain pour intervenir et décanter la situation. Ils doivent jouer un rôle de collaborateur et d'intermédiaire entre les gens qui sont aux bornes fontaines et la population, afin de sensibiliser."

Il prône donc le dialogue et en même temps la fermeté pour faire appliquer la mesure de gratuité : "Ceux qui ont les bornes fontaines n'appliquent pas mais la STE et la police sont là, et elles doivent se déplacer", estime ce jeune homme.

"Il faut d'abord parler de la disponibilité avant de parler de la gratuité"

"On ne voit pas les agents de contrôle sur le terrain. Ils sont déployés, ils payent, c'est pour aller vérifier si les gens ont appliqué cette décision. Ils doivent appliquer ça, comme à N'Djamena. Mais ici à Abéché, je ne comprends pas, c'est une autre réalité. La mairie doit jouer son rôle, clairement son rôle. Parce que la mairie, c'est elle qui gère tout. Peut-être, elle doit être en collaboration avec la STE afin que des agents descendent sur le terrain", suggère Fatimé.

À côté d'elle, sa sœur renchérit : "le problème de l'eau, il faut d'abord parler de la disponibilité avant de parler de la gratuité. Il faut que l'eau soit d'abord disponible pour qu'on puisse parler de la gratuité. Les gens n'ont pas de l'eau. Partout dans les foyers, les gens ont des bornes fontaines, ces bornes ne coulent pas. Dans ce sens, comment est-ce qu'on peut parler de la gratuité ? C'est là le gros problème." 

D'autres citoyens interrogés ne cachent pas leur grande inquiétude sur les difficultés d'accès à l'eau que rencontrent les populations dans les villages, surtout en cette période de canicule et de jeune.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)




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