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Tchad : retour sur le parcours de Joseph Djimrangar Dadnadji


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 1 Janvier 2020



Joseph Djimrangar Dadnadji. © DR
Joseph Djimrangar Dadnadji. © DR
Joseph Djimrangar Dadnadji est décédé mardi 31 décembre 2019 à l'âge de 65 ans. Né en 1954, l'homme politique est originaire de la province du Mandoul. Il a notamment fait des études de droit et a obtenu un doctorat en droit public à l'Université de Poitiers, en France. Il a également servi en tant que fonctionnaire sous le régime de l'ancien président Hissein Habré.

Le 21 janvier 2013, le président Idriss Déby lui confie le poste de Premier ministre. Joseph Djimrangar Dadnadji est alors à la tête d'un gouvernement de 42 personnes (34 ministres et 8 secrétaires d’État), composé quatre jours plus tard, le 25 janvier 2013. Le 11 février, il est devant les députés à l'Assemblée nationale pour présenter les grandes lignes de l'action gouvernementale. ""Nous avons trop payé le prix du laxisme", déclare-t-il. 72 heures après, deux membres de son gouvernement sont remerciés.

L'homme n'est pas un inconnu de l'administration et du camp présidentiel. Alors membre du Bureau politique national du Mouvement patriotique du salut (MPS), il a également occupé en 2002 le poste de ministre du Plan, du Développement et de la Coopération internationale, puis sous Emmanuel Nadingar, le poste de ministre des Villes et de l'Aménagement du territoire. Il a aussi été conseiller juridique à la Présidence de la République, et secrétaire général de la Présidence de la République.

A deux reprises, il a mis à profit du chef de l'État sa rigueur en tant que directeur de cabinet civil à la Présidence de la République. C'est d'ailleurs le poste qu'il a occupé avant de prendre la tête du gouvernement pendant 10 mois. 16ème Premier ministre, Dadnadji a géré un gouvernement instable avec cinq remaniements.

Le 21 novembre 2013, le chef de l'État accepte sa démission. Dadnadji est poussé vers la sortie suite à des désaccords avec des cadres du MPS. A l'Assemblée, la majorité présidentielle fait planer une motion de censure, et lui reproche de ne pas parvenir à contenir la crise sociale (non-maitrise de la cherté de la vie notamment), l'arrestation arbitraire de députés et l'instabilité chronique. Le même jour, le président Déby a nommé Kalzeube Payimi Deubet, économiste, à la tête du nouveau gouvernement.

La rupture est brutale entre Idriss Déby et son ex-proche collaborateur. Dadnadji va démissionner quelques temps après du MPS et créer son parti, le Cadre d’Action Populaire pour la Solidarité et l’Unité de la République (CAP-SUR), en septembre 2015.

Le 13 février 2016, Joseph Djimrangar Dadnadji est investi par son parti pour participer à l'élection présidentielle. Il arrive en quatrième position avec 5,04% de voix.

Quelques mois plus tard, le 18 décembre 2016, Dadnadji est empêché de voyager à l'aéroport Hassan Djamous de N'Djamena par les services de sécurité, alors qu'il doit se rendre à Yaoundé au Cameroun, pour prendre part à un évènement scientifique. Il lui est reproché un défaut d'autorisation de sortie.

Joseph Djimrangar Dadnadji. © DR
Joseph Djimrangar Dadnadji. © DR
Face aux réformes institutionnelles qui ont abouties à la 4ème République, Dadnadji est sur la réserve. "Le MPS a mis la démocratie tchadienne en bière par son aréopage appelé Forum National Inclusif", a-t-il déclaré le 29 mai 2018 dans un entretien à Alwihda Info.

Selon lui, "la principale cause de l'inefficacité des politiques publiques au Tchad réside dans l'emploi de la puissance publique à des fins personnelles".

Malgré son optimisme pour la transformation du Tchad, il émet des doutes sur le fait "que les hommes de la quatrième République puissent changer en plein soleil. (...) Les problèmes du Tchad sont précis et si l’on croit les résoudre par la présidence intégrale, ça serait une première."

En août 2016, il est critiqué publiquement par la Première Dame Hinda Déby qui lui reproche de vouloir, à des fins politiques, que "les femmes soient des fossoyeurs". A l'origine de cette réaction, le 27 juillet 2016, Dadnadji a déclaré ne pas avoir peur du système et être prêt à mourir si on venait à lui tirer dessus. Il a invité ses camarades à "remettre son cadavre aux femmes" et à "continuer la lutte". Pour Hinda Déby, qui s'est insurgée contre de tels propos "prononcés au 21ème siècle", ce n'est pas à la femme de "ramasser son cadavre", ajoutant que celle-ci a "trop souffert".

Dadnadji sera privé de ses avantages financiers qu'il percevait en tant que Premier ministre suite à une mesure d'austérité prise par le chef de l'Etat. "Croire qu'en supprimant ces indemnités on va rendre certaines personnes nécessiteuses, c'est une grosse erreur", a-t-il estimé fin octobre 2016.

Fin mai 2018, trois opposants dont deux membres de son parti, détenus au secret depuis mars, sont libérés. Dadnadji a révélé qu'ils ont été enlevés par des agents de renseignement. Il a dénoncé une procédure "extrajudiciaire".

Le 26 décembre 2019, Joseph Djimrangar Dadnadji est victime de complications de santé, alors qu'il doit débattre avec le secrétaire général du MPS, Mahamat Zen Bada, au cours de l'émission "Vérités politiques" de la chaine Électron TV. Il est transporté à l'hôpital de la Renaissance de N'Djamena. Une évacuation sanitaire est envisagée mais Joseph Djimrangar Dadnadji décède le 31 janvier 2019, à la veille de l'année 2020, des suites d'un accident cardiovasculaire.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)




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